OPTION FACULTATIVE BAC 2007  et 2008
"HEY JOE", "PURPLE HAZE", "IF 6 WAS 9", "ALL ALONG THE WATCHTOWER",
"VOODOO CHILD (Slight return)" de JIMI HENDRIX

 

 

JIMI HENDRIX (1942-1970)

 

 

   

 

J.Hendrix au festival de Woodstock (1969)                              

 

 

1 - Hey Joe

2 - Purple Haze

3 - If 6 was 9

4 - All along the watchtower

5 - Voodoo child (slight return)

 

 

I - Jimi Hendrix (1942-1970)

 

     A - Eléments biographiques

 

* Jimi Hendrix naît le 27 novembre 1942 à Seattle aux Etats-Unis d’une famille pauvre et d’origine métisse (noire - cherokee). Sa mère meurt alors qu’il a 10 ans, âge auquel il découvre le guitare qu’il apprend en autodidacte.

 

* Chanteur et guitariste virtuose, il joue au début des années 1960 avec des grands musiciens de l’époque comme Little Richards, Otis Reading, BB King par exemple

 

* Il s’installe ensuit en Angleterre où dès 1967, il devient une superstar avec les titres comme Hey Joe ou  Purple Haze. Jimi Hendrix, accompagné de son groupe The Jimi Hendrix Experience, et se distingue immédiatement par son jeu de guitare virtuose et ses mélodies vocales.

 

* Discographie: Décembre 1966: sortie du 1er 45 tours  Hey Joe,  Mai 1967 : sortie du premier album Are you experienced, Novembre 1967: sortie de l’album Axis: Bold as love, Novembre1968: sortie du troisième album Electric Ladyland, Janvier 1970: album live Band of Gipsys (janvier 1970).

 

* Sa musique s’inspire à la fois du blues et du rock. On le place aux côtés des guitar heroes comme Eric Clapton (Cream) ou Jimy Page (Led Zeppelin)

 

* Il s'éteint le 18 septembre 1970 à Londres des suites de prises de drogues et somnifères trop régulières. Après sa mort, il laisse des titres en chantier et des enregistrements live réédités plus tard.

 
 

           Anecdotes - Citations

 

«On voit Hendrix se rouler par terre, frotter sa guitare entre ses jambes, trafiquer ses amplificateurs, passer son instrument derrière son dos, puis sa tête, tout cela en plein solo, s’arc-boutant, s’agenouillant, tirant la langue et faisant les yeux doux aux spectatrices des premiers rangs, éberluées…Et puis, bien sûr, Jimi amène sa Stratocaster (guitare) à sa bouche, comme pour l’embrasser ou la caresser, et d’un coup, joue avec ses dents…»  Benoit Feller, auteur d’une biographie de J.Hendrix

 

Au terme d’un show survolté au Saville Theatre de Londres le 4 juin 1967, Jimi fracasse sa Stratocaster Fender de 1965, guitare qu’il a peinte en rouge et décorée d’arabesques, lors du final Are You Experienced. Au dos de l’instrument sacrifié, il a écrit une épitaphe, disant que, frustré de ne pas pouvoir faire physiquement l’amour à sa guitare adorée, reine universelle des Bohémiennes, il lui demande de reposer en paix.

 

 

B) Contexte socio-culturel de l’époque

 

a) Le psychédélisme:

  

«Psychédélisme est le terme utilisé pour décrire un mouvement de la contre-culture apparu au milieu des années 1960. Dans ce terme sont regroupées toutes les tentatives pour recréer de façon consciente les perceptions sensorielles distordues créées par l'ingestion de drogue hallucinogène tels que le LSD ou la mescaline. Il s'applique donc principalement au domaine visuel et sonore. (…) Le mouvement commence à apparaître à partir de 1966 quand l'usage du LSD (…) se répand dans une population jeune plus importante et plus ouverte à la découverte que la génération précédente élevée dans une société moins permissive. (…) L'art psychédélique a gagné en popularité en tant que composant visuel de la musique psychédélique (Jimi Hendrix, Grateful Dead et Pink Floyd) en particulier à travers les affiches de concerts ou les couvertures d'albums de designers comme Wes Wilson, Victor Moscoso, Rick Griffin (1944-1991), Nigel Waymouth et Martin Sharp. Les enchevêtrements et les courbes sinueuses se multiplient à l'infini, l'Art nouveau est une influence majeure et Alphonse Mucha (1860-1939) se trouve ici des héritiers inattendus. Les lettrages suivent la même tendance jusqu'à être presque illisibles. L'usage de couleurs saturées et multiples est de rigueur»  Eric Michon

 

       

 

à gauche: Alfons Mucha (1860-1939): Affiche pour papier à cigarette Job

à droite:  Affiche psychédélique années 1960

 

 

b) Le mouvement hippie, le «Flower Power»

 

« Dans les années 1960 on voit apparaître aux USA et en Europe des idées nouvelles: l'autogestion, l'écologie, le rejet des religions traditionnelles. Dans les arts, la musique psychédélique et le pop-art marquent les esprits. Le slogan Flower Power (l'énergie de la fleur) était le symbole de la non-violence. Rupture avec la société de masse, évasion hors de l'Amérique consommatrice et bien-pensante, goût de la prose spontanée (Kerouac), attirance pour la pensée orientale, pacifisme (protestation contre la guerre du Viêt Nam), et la pratique de la méditation caractérisent ce mouvement. Les hippies naissent du baby-boom (en 1965, 50% de la population américaine est âgée de moins de 25 ans), et de la découverte en 1948 d'une substance hallucinogène qui va rester légale jusqu'en 1967: le LSD. Un discours contestataire émerge dont les conséquences ont des répercussions encore aujourd'hui : pacifisme, écologie, internationalisme… » 

D’après l’article d’Eric Michon.

 

C - Le style de J.Hendrix

 

1) Influences musicales:

 

Les influences musicales de Jimi Hendrix ont été acquises par l’écoute des musiques de son époque diffusées sur les radios:

 

·  Le rock ’and roll: sa musique hérite des influences du rock classique (Bill Haley et son célèbre Rock around the clock de 1956, Little Richard (avec qui il joue) et son non moins célèbre Tutti Frutti de 1956), Chuck Berry et ses solos de guitare légendaires (Roll over Beethoven, 1956)

 

·  Le Blues: une influence majeure pour Hendrix qui constitue sa véritable passion, autour de musiciens comme B.B. King

 

·  Le Rythm and blues: «se caractérise au plan musical par l’aspect répétitif d’une cellule mélodico-rythmique de base (le riff), sur un mode quasi incantatoire afin de produire in fine l’excitation, sorte d’exhortation à sortir de soi, à danser, à expurger une énergie physique trop comprimée par la vie sociale – esthétique de la transe» E.Michon

 

 

                   2) Les modes principaux de jeu de la guitare hendrixienne

 

* Son jeu de guitare souvent virtuose est indissociable des effets électriques qu’il y apporte: en tout premier lieu la distorsion qui crée un son «sale» typique du musicien, et l’amplification à l’extrême grâce aux murs d’amplificateurs surpuissants contribuant à la violence du style.

 

* Bends: Cela consiste à modifier la hauteur d’une note en tordant la corde vers le haut ou vers le bas par le doigt de la main du manche qui la pince. Plus la corde est tordue plus la hauteur de note change. L’utilisation des bends est quasi permanente

    

* Vibrato: Un petit levier équipe certaines guitares qui permet de tendre plus ou moins les cordes à la vitesse voulue créant un effet de vibrato ou trémolo (voir clip)

    

* Slides: (to slide: glisser) Effet de jeu visant à modifier la hauteur de la note obtenue en glissant le doigt le long de la corde. Hendrix obtient de longs slides originaux en frottant son manche de guitare le long du pied de micro (If 6 was 9), ou avec un briquet (All along the watchtower), voir exemples.

 

* Cordes étouffées:  Hendrix joue parfois en posant sa main droite sur les cordes pour les empêcher de vibrer, tout en les pinçant de la main gauche (il est gaucher). Au début de Hey Joe, la 2e guitare marque les 2e et 4e temps de cette manière, mais l’exemple le plus probant s’entend dans l’introduction de Voodoo child (slight return)  (voir audio et video)

 

 

    * Pédale wah-wah: permet d’offrir un spectre harmonique varié et très caractéristique. Exemples dans All along the watchtower ou au début de Voodoo child (slight return)

 

    * Pédale octaviante: permet de donner un son et son octave supérieure en même temps. Exemple
dans Purple Haze

 

 

Riff: Il sera souvent question de Riffs au cours de l’analyse. Voici la définition qu’en propose Paul Gontcharoff (dans L’Education Musicale):

 

«Un riff est une figure rythmico-mélodique qui intervient comme ponctuation et/ou figure d’accompagnement d’un morceau de rock (ou de jazz, de blues…). Exemples de riffs célèbres: Satisfaction des Rolling Stones ou Smoke on the water de Deep purple».

 

 «Cette figure peut se révéler être un véritable identifiant du morceau, avant même la mélodie » Frédéric Bertrand (Article de la revue Musurgia, V, 2, 1998)

 

3) Musiciens contemporains, influences après lui

 

* Ses contemporains les plus illustres dans le même style blues-rock sont les Rolling Stones, ou le groupe Cream. Dans un autre style, on retiendra comme contemporains les inévitables Beatles au son plus «propre» et à l’inspiration moins bluesienne, ou encore le héros de la ballade folk Bob Dylan

 

* Il participe à la naissance du hard rock qui verra ses heures de gloire après lui dans les années 1970: Deep purple, Led Zeppelin, Black Sabbath, Acdc, etc… justement caractérisés par la distorsion, l’amplification à l’extrême et la virtuosité instrumentale

 

 

 

 

II - Analyse des 5 chansons

 

        Ces cinq chansons ont toutes une particularité qui les distingue les unes des autres. Elles proposent un tour d’horizon du style de J.Hendrix.

 

 

CHRONOLOGIE DES CINQ CHANSONS

 

:

TITRE

SORTIE SINGLE

ALBUM

SORTIE DE L’ALBUM

Hey Joe

16 décembre 1966

Are you experienced ?

Mai 1967

Purple Haze

17 mars 1967

Are you experienced ?

Mai 1967

If 6 was 9

 

Axis : bold as love

Décembre 1967

All along the watchtower

4 septembre 1968

Electric Ladyland

Octobre 1968

Voodoo child

(slight return)

 

Electric Ladyland

Octobre 1968

 

      

 

3 albums d’Hendrix:           Are you experienced, Axis: bold of love, Electric ladyland

 

 

1 - Hey Joe

 

 

PAROLES

TRADUCTION

Intro guitare libre

 

 

 

 

 

 

Hey Joe, where you goin' with that gun in your hand

Hey Joe, I said where you goin' with that gun in your hand

 

 

Hé Joe, où vas-tu avec ce flingue à la main ?

Hé Joe, j’ai dit où vas-tu avec ce flingue à la main ?

 

 

 

 

 

 

 

I'm going down to shoot my old lady

You know, I've caught her messin' around with another man

 

I'm going down to shoot my old lady

You know, I've caught her messin' around with another man

And that ain't too cool

 

Je vais aller buter ma gonzesse

Tu sais, je l’ai vue avec un autre homme

 

 

Je vais aller buter ma gonzesse

Tu sais, je l’ai vue avec un autre homme

Et c’est pas vraiment cool

 

 

 

Hey Joe, I've heard you shot your woman down,  shot her down, now

 

Hey Joe, I heard you shot your old lady down,

You shot her down to the ground

 

Hé Joe, j’ai entendu dire que tu avais tué ta gonzesse

 

Hé Joe, j’ai entendu dire que tu avais tué ta gonzesse, Tu l’as descendue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yes I did, I shot her

You know, I caught her messin' round, messin' round town

Yes I did, I shot her

You know, I caught my old lady messin' around town

And I gave her the gun, I shot her !

 

 

Oui, je l’ai fait, je l’ai descendue

Tu sais je l’ai vue en train de déconner en ville

Oui je l’ai descendue

Tu sais je l’ai vue en train de déconner en ville

 

Et je lui ai donné le flingue, j’ai tiré sur elle !

 

[solo guitare]

 

 

Hey Joe, alright

Shoot her one more time, baby

 

 

D’accord, flingue-là encore une fois, mec !

 

 

 

 

 

Hey Joe, said now

Where you gonna run to now ?

Where you gonna run to ?

Hey Joe, I said where you gonna run to now ?

Where you, where you gonna go?

 

Hé Joe,

Où vas-tu t’enfuir maintenant ?

Vers où vas-tu courir ?

He Joe, j’ai dit où vas-tu t’enfuir maintenant ?

Où vas-tu aller ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Well, dig it

I'm goin' way down south,

Way down to Mexico way

Alright !

I'm goin' way down south,

Way down where I can be free

Ain't no one gonna find me

 

Ouais, écoute, mec !

Je m’tire vers le sud

Je pars au sud vers le Mexique

Ok !

Je m’tire vers le sud

Où je pourrai être libre

Et personne ne me trouvera

 

 

 

 

 

Ain't no hangman gonna,

He ain't gonna put a rope around me

You better believe it right now

I gotta go now

 

Aucun bourreau ne me passera,

Ne me passera la corde autour du cou

Tu ferais mieux de me croire tout de suite

Je me tire maintenant

 

 

 

 

 

Hey Joe, you better run on down

Good by everybody

 

He Joe, tire-toi vite

Salut à tout le monde

 

Naissance de la chanson:  Hey Joe est en fait une reprise de B.Roberts. Chas Chandler, bassiste des Animals, entend Hendrix jouer un arrangement de celle-ci dans un club new yorkais et fasciné, le convainc de venir l’enregistrer à Londres avec les deux autres musiciens qui constitueront le groupe The Jimi Hendrix Experience (Mitch Mitchell à la batterie et Noel Redding à la guitare)

 

 

 

Le texte: Le texte n’est pas de Hendrix (ni la musique originale), se présente sous la forme d’un dialogue et raconte l’histoire d’un personnage au machisme insolent en fuite après avoir tué sa femme coupable d’avoir eu des fréquentations extra conjugales. Cette chanson n’est certainement pas une chanson à message, Hendrix n’ayant rien à voir avec l’attitude du personnage, mais on peut analyser la fuite du « héros » comme illustrant une thématique connue de Hendrix, celle de la fuite vers un ailleurs, un autre monde.

 

 

 

Thèmes/mélodies/riffs: Pas de riff caractéristique ici, toute l’unité musicale de la chanson est construite autour de la base harmonique permanente.

 

 

 

Harmonie: Toute la chanson est basée sur une unique suite d’accords parfaits (doM, solM, réM, laM, miM)

 

 

 

Structure: La base harmonique étant la même pendant toute la chanson, il est difficile d’en dégager une structure. Il n’y a pas de couplets/refrains même si certaines phrases se répètent. Le texte suggère un mouvement: en première partie le personnage secondaire demande à Joe s’il a bien tué sa femme et celui-ci confirme. Après un solo de guitare sans grande virtuosité, il lui est demandé ce qu’il va maintenant faire et répond qu’il va fuir way down south pour échapper au bourreau.

 

 

 

2 - PURPLE HAZE

 

 

Introduction

 

Accords puis

 Riff à la guitare

 

 

 

 

 

 

Couplet 1

 Purple Haze are in my brain

 Lately things don't seem the same

Actin' funny, but I don't know why

'Scuse me while I kiss the sky

De la brume pourpre dans ma tête

Les choses récentes ne semblent plus les mêmes

Je me comporte étrangement mais ne sais pourquoi

Excuse moi pendant que j’embrasse le ciel

 

Couplet 2

Purple Haze all around

Don't know if I'm coming up or down

Am I happy or in misery?

Whatever it is, that girl put a spell on me !

De la brume pourpre tout autour

Je ne sais si je monte ou descends

Suis-je heureux ou non ?

Quoi qu’il en soit, cette fille m’a envoûté !

 

Solo de guitare 1

Help me, help me...

Aide moi, aide moi !

Riff  guitare

 

 

 

 

Couplet 3

Yeah, Purple Haze are in my eyes

Don't know if it's day or night

You've got me blowing, blowin' my mind

Is it tomorrow or just the end of time?...

De la brume pourpre dans mes yeux

Je ne sais pas si c’est le jour ou la nuit

Tu m’as eu en faisant s’envoler mon esprit

Est-ce demain ou il s’agit simplement de la fin des temps ?

Solo de guitare 2

 

 

 

 

 

Naissance de la chanson: Enregistrée en 1967 à Londres en partie grâce aux bénéfices de Hey Joe. Une semaine après sa sortie, il est numéro trois dans les charts britanniques.

 

Le texte: Purple Haze (qu’on peut traduire par «brume pourpre» ou « nuée violette » ) fut qualifiée à l’époque,  comme un hymne à la drogue et aux produits hallucinogènes. Il ne faut pas chercher  dans ce texte aux accents psychédéliques notoires un sens logique, car il est une évocation colorée d’un rêve hallucinatoire: «L'idée venait d'un rêve que j'avais fait, dans lequel je marchais sous la mer. C'était en rapport avec une histoire que j'avais lue dans un magazine de science fiction» (où  il y est question d'une planète où le ciel devient parfois violet la nuit et mauve le jour).

 

 

Thèmes/mélodies/riffs: Un riff principal, issu de la gamme pentatonique elle-même issue du mode de ré sur mi

 

 

 

  

 

 

 

 

 

Harmonie: Mode de ré

 

 

Structure: Introduction: Guitare seule sur les accords seuls de 4te augmentée (mi-la#), La guitare joue le riff caractéristique accompagnée de la basse et la batterie - Couplet 1 - Couplet 2 - Solo de guitare 1- Riff de l’introduction -  Couplet 3 - Solo de guitare 2

 

 

Autres:  Omniprésence de la partie de guitare, avec une grande variété des modes de jeu:

               - Slide: glissando vers le haut du manche

               - Distorsion

               - Vibrato (à main)

               - Pédale octaviante: octavie la note jouée

               - Pédale wah wah

 

 

3 - If 6 was 9

 

 

 

 

 

 

 

IF 6 WAS 9

 

 

SI 6 ETAIT EGAL A 9

 

 

 

 

 

Couplet 1

 

(yeah, sing a song bro...)

 

If the sun refused to shine

I don’t mind, I don’t mind

If the mountains, fell in the sea

Let it be, it ain’t me.

 

Got my own world to live through

And I ain’t gonna copy you.

 

 

(ouais, chante une chanson, mon frère...)

 

Si le soleil refuse de briller

Ça m’est égal, ça m’est égal

Si les montagnes, tombent dans la mer

C’est comme ça, c’est pas moi.

 

Je vis dans mon propre monde

Et je ne vais pas te copier

 

 

 

 

 

 

 

Couplet 2

 

Yeah (sing the song brother...)

 

Now if six turned out to be nine

Oh I don’t mind, I don’ mind

 

If all the hippies cut off all their hair

Oh I don’t care, oh I don’t care

Dig

 

‘cause I’ve got my own world to live through

And I ain’t gonna copy you

 

 

(ouais, chante une chanson, mon frère...)

 

Maintenant si  6 devenait 9

Oh ça m’est égal, ça m’est égal

 

Si tous les hippies coupaient leurs cheveux

Oh ça m’est égal, ça m’est égal

Tu piges

 

Parce que je vis dans mon propre monde

Et je ne vais pas te copier

 

 

 

 

 

 

Parlé/chanté

 

White collar conservative flashing down the street

Pointing their plastic finger at me

They’re hoping soon my kind will drop and die but

I’m gonna wave my freak flag high, high !

 

 

 

Les conservateurs cols blancs apparaissent dans la rue

Ils me montrent de leur doigt de plastique

Ils espèrent que bientôt mon espèce va disparaître et mourir mais

Je vais brandir mon drapeau de déjanté* bien haut, bien haut !

 

 

Solo de basse

 

Wave on, wave on...

 

 

Le brandir, le brandir...

 

 

 

 

Fall mountains, just don’t fall on me

Go ahead on mister business man,

You can’t dress like me

 

Don’t nobody know what I’m talkin’ about

I’ve got my own life to live

I’m the one that’s gonna die when it’s time for me to die

So let me live my life the way I want to

Yeah, sing on brother, play on drummer

 

Tombez montagnes, mais ne tombez pas sur moi

Allez-y monsieur homme d’affaires

Tu ne peux pas t’habiller comme moi

 

Est-ce que quelqu’un sait de quoi je parle

Je dois vivre ma propre vie

Je suis celui qui mourra quand ce sera mon heure de mourir

Alors laissez-moi vivre ma vie comme je le veux

Ouais, chante mon frère, continue à jouer, batteur

 

 

 

 

Naissance de la chanson: Issue d’une jam session (séance d’improvisation collective) faite en mai 1967 juste avant la sortie du premier album, cet enregistrement est agrémenté de bruits de pas et de flûte. Cette première mouture disparaît lorsque Hendrix oublie la bande dans un taxi. C’est une ancienne version qui sera retenue pour la parution dans l’album Axis: bold of love.

 

Le texte:  Il fait apparaître un Hendrix, sûr de lui qui revendique son droit à la différence, son droit à mener la vie qu’il entend, indépendamment de ce qui peut se passer autour de lui. Il en profite pour stigmatiser les business men qu’il toise de haut avec son drapeau de freak. «Freak est un mot désuet aujourd’hui, on pourrait aussi le traduire par « quelqu’un de complètement à l’ouest », ou bien par « excentrique» (auteur ?)

 

 

 

Thèmes/mélodies/riffs: un riff minimaliste et entêtant donne à la chanson sa marque. De deux notes au départ dans l’introduction:

 

Il s’enrichit de deux notes supplémentaires au 2e couplet:

 

Pour finalement apparaître après la partie centrale dans une version où la première note n’est plus sur le temps:

 

 

Structure: Cette chanson au caractère expérimental et improvisatoire peut observer une forme ABA du fait qu’on retrouve le riff du début à la fin après une partie centrale très contrastée, mais la couleur globale reste celle d’un mélange de rock et d’atmosphère planante non éloignée d’un acid-trip. Si les deux premiers couplets offrent une certaine symétrie musicale (mêmes thèmes, mêmes mélodies), la partie centrale qui apparaît après un silence assez long et surprenant n’a plus rien à voir, le chant devient parlé, et la virtuosité de la basse devient manifeste. La troisième partie qui voit le retour du riff offre à la batterie l’occasion de montrer sa virtuosité. La coda voit s’enflammer la guitare dans un délire de sonorités criardes et virtuoses sur une pédale de basse alternant les octaves de mib..

 

  

 

4 - All along the watchtower

 

 

ALL ALONG THE WATCHTOWER

TOUT AU LONG DE LA TOUR DE GUET

 

 

There must be some kind of way out of here

Said the joker to the thief

There’s too much confusion

I can’t get no relief

Businessman they drink my wine

Plow men dig my earth

None will level on the line

Nobody of it is worth

 

 

Il doit bien y avoir un moyen de s’en sortir

 

Dit le farceur au voleur

Il y a trop de confusion

Rien ne peut me soulager

Les hommes d’affaires boivent mon vin

Les paysans creusent la terre

Personne n’y arrive

Personne n’en vaut la peine

 

 

 

[solo guitare 1]

 

 

 

No reason to get excited

The thief he kindly spoke

There are many here among us

Who feel that life is but a joke

 

But you and I we’ve been through that

And this is not our fate

So let us not talk falsely now

 

The hours getting late, Hey !

 

Pas de raison de s’exciter

Dit gentiment le voleur

Il y en a beaucoup ici parmi nous

Qui pensent que la vie n’est rien d’autre qu’une farce

Mais toi et moi, nous sommes passés par tout ça

Et ce n’est pas notre destin

Alors ne nous parlons pas hypocritement maintenant

Il se fait tard, hey !

 

 

[solo guitare 2]  slides

 

Hey !

 

[solo guitare 3]

 

 

 

 

All along the watchtower

Princes kept the view

While all the women came and went

 

Bare-foot servants too

Outside in the cold distance

A wild cat did growl

Two riders were approachin’

And the wind began to howl, Hey

 

 

Tout au long de la tour de guet

Les princes surveillent

Pendant que toutes les femmes allaient et venaient

Les serviteurs pieds nus aussi

Dehors, loin dans le froid

Un chat sauvage a feulé

Deux cavaliers approchaient

E le vent s’est mis à mugir, hey

 

[solo guitare 4]

 

 

 

 

 

All along the watchtower

They say come in

Have you ever ?

Don’t be way out here

 

 

Tout au long de la tour de guet

Ils ont dit d’entrer

N’avez-vous jamais ?

Ne reste pas loin d’ici

Naissance de la chanson: Cette chanson a été écrite à l’origine par Bob Dylan. Né en 1941, ce dernier est poète, compositeur, joueur d’harmonica et marqua fortement la musique populaire occidentale à partir des années 1960 (folk, rock et country). Il porte l’emblème de la protest song et symbolise toute une génération. Hendrix voit en lui un maître à penser: «Chacun devrait lire ses textes (…) C’est de la poésie pleine des joies et tragédies de la vie. Ni lui ni moi ne chantons de façon habituelle. Nous sommes juste nous-mêmes (…) C’est comme si j’avais écrit Watchtower sans pouvoir l’achever (…). Dylan m’aide à écrire car j’ai une centaine de chansons inachevées et maintenant j’ai un peu plus confiance en moi pour en finir une».

 

All along the watchtower version Dylan sort en décembre 1967 et Hendrix l’entend quelques semaines plus tard et décide rapidement d’en faire une reprise. Perfectionniste à l’extrême, il se lance dans une interminable série de prises. Souvenirs d’un de ses collègues: «Jimi passait la tête et disait «c’est bon, t’es sûr ?», je répondais «Ouais, Jimi, superbe», et il disait «Bon alors je vais en refaire une autre». Et nous avons continué, et chaque prise était meilleure que la précédente, et il ne trouvait jamais que c’était assez bon et tu te retrouves avec six ou sept prises de guitare et cinq ou six pistes vocales qui sont autant de chefs d’œuvre».  La version Hendrix sort sur son 3e album Electric Ladyland en octobre 1968.

 

Après que la version d’Hendrix soit sortie, Dylan commente: «J’aime tellement la façon dont Hendrix a enregistré Watchtower que depuis qu’il est mort je le joue de la même façon (…)  Ce qui est étrange c’est qu’à chaque fois que je chante ce morceau j’ai l’impression de lui rendre hommage »

 

 

 

Le texte: Hendrix reprend exactement le même texte et la même structure que Dylan, il rajoute juste un «cold» à «Outside in the cold distance» et quelques lignes à la fin. Ce texte n’est pas facilement accessible, il reste plus chargé de symboles que de sens.  Certains ont vu Dylan se peindre dans le personnage du joker (farceur) et représenter ses producteurs comme le thief (le voleur). Mais le texte reste sujet à de multiples interprétations.

 

Thèmes/mélodies/riffs: Si riff il y a, il se confond avec la base harmonique qui est la même tout le temps, comme dans Hey Joe.

 

Harmonie: On peut parler d’ostinato harmonique. Dans la tonalité générale de do mineur (do# mineur chez Dylan), il y a alternance permanente entre les degrés I (accord de do mineur) et VI (accord de la bémol majeur). On retrouve le même ostinato harmonique à la fin de Stairway to heaven de Led Zeppelin (en la mineur).

 

Structure: Hendrix respecte la même structure que Dylan. Intro - Couplet - solo - Couplet 2 - 2 grands solos - Couplet 3 - solo

 

Apports d’Hendrix: Il remplace les solos d’harmonica par des solos de guitare, ralentit le tempo, ajoute une batterie plus complexe (vraiment très sage chez Dylan), un tambourin et des castagnettes. Ce sont surtout les solos de guitare qui donnent tout l’intérêt de cette relecture avec les curieux slides du solo central faits avec un briquet ou la sensualité endiablée du solo suivant, les effets de pédale wah-wah. A noter aussi une voix plus débridée, plus passionnée que chez Dylan. En résumé, Dylan privilégie le texte sur les effets instrumentaux qui sont bien modestes, et Hendrix propose une version instrumentalement plus riche.

 

 

Bob Dylan

 

 

5 - Voodoo child (slight return)

 

 

 

 

 

 

VOODOO CHILD (SLIGHT RETURN)

 

 

ENFANT VAUDOU (PETIT RETOUR)

Sons étouffés

Guitare + thème

 

 

 

 

 

Riff sons saturés avec batterie, basse et solo

 

 

 

 

 

 

Well, I stand up next to a mountain

And I chop it down with the edge of my hand

 

Well, I stand up next to a mountain

And I chop it down with the edge of my hand

 

Well, I pick up all the pieces and make an island

Might even raise a little sand

 

 

Bon, je me tiens debout près d’une montagne

Et je la fends du tranchant de ma main

 

Bon, je me tiens debout près d’une montagne

Et je la fends du tranchant de ma main

 

Bon, je ramasse tous les morceaux et j’en fais une île

Je vais même peut-être y faire une petite plage

 

 

Refrain

 

‘cause I’m a voodoo child

Lord knows I’m a voodoo child baby

 

 

Parce que je suis un enfant vaudou

Dieu sait que je suis un enfant vaudou, chérie

 

Solo guitare puis

Riff

 

 

 

 

 

 

I want to say one more last thing

I didn’t mean to take up all your sweet time

I’ll give it right back to ya one of these days

 

I said I didn’t mean to take up all your sweet time

I’ll give it right back one of these days

 

If I don’t meet you no more in this world then

I’ll meet ya on the next one

And don’t be late, don’t be late

 

Je veux dire encore une dernière chose

Je ne voulais pas te prendre tout ton précieux temps

Je vais te le rendre un de ces jours

 

J’ai dit : je ne voulais pas te prendre tout ton précieux temps

Je vais te le rendre un de ces jours

 

Si je ne te revois pas en ce bas-monde alors, oh

Je te retrouverai dans l’autre

Et ne sois pas en retard, ne sois pas en retard

Refrain

 

‘cause I’m a voodoo child voodoo child

Lord knows I’m a voodoo child

Hey hey hey

 

Parce que je suis un enfant vaudou, enfant vaudou

Dieu sait que je suis un enfant vaudou

Hey hey hey

 

Solo guitare

 

I’m a voodoo child baby

I don’t take no for an answer

Question no

 

 

Je suis un enfant vaudou, mon enfant chérie

Je n’accepte pas «non» comme réponse

Question non

 

 

 

 

Naissance de la chanson:  Il existe deux chansons ayant presque le même titre, nées d’une improvisation collective. La première s’appelle Voodoo Chile, et fait entendre une longue improvisation de blues de 15 minutes  et la 2e, enregistrée le lendemain jouée avec le trio habituel (Mitch Mitchell et Noel Redding) qui est plus courte et observe davantage le format ordinaire de la chanson couplet/refrain. Les deux versions se trouvent sur Electric Ladyland, la 2e se situant après la première sur le disque, justifiant certainement l’additif «slight return» (léger retour) dans le titre.

 

 

Le texte: Hendrix qualifiait cette chanson en concert d’ «hymne national de Harlem» (quartier noir et pauvre du nord de l’île de Manhattan à New York) et la dédiait à «nos amis en Afrique de l’ouest» en référence aux pays d’origine de nombreux esclaves venus aux Etats-Unis. Le vaudou est une religion mêlant des rites chrétiens à des croyances locales et pratiquée dans les Antilles et dans le sud des USA, notamment en Louisiane par les esclaves à qui Hendrix rend hommage à travers ce titre en se nommant lui-même Voodoo child (enfant vaudou).

 

 

Thèmes/mélodies/riffs: Un riff principal entendu au début seulement constitue avec la mélodie du refrain «God knows I’m a voodoo child» les deux principales lignes reconnaissables.

 

 

A partir du couplet 2 jusqu’à la fin, la guitare semble improviser autour d’un motif aux allures de riff secondaire (rappelant celui de Leny Kravitz dans Are you gonna go my way) à la 5te diminuée caractéristique de la gamme de blues (mib-sibb) :

 

Harmonie: Toute la chanson est jouée sur un seul accord de mi bémol, sauf petite exception pendant le refrain. Si cette stabilité harmonique tend à la monotonie, elle autorise par contre une grande liberté d’improvisation, dans laquelle toute cette chanson prend son sens.

 

Structure: Tout en gardant l’esprit d’improvisation de Voodoo chile et certaines mélodies vocales, notamment celle du refrain, Voodoo child (slight return) offre un format plus clair et structuré:   Introduction (une série de sons étouffés avec pédale wah-wah, puis riff (ci-dessus), apparition progressive de la batterie, pédale d’accord sur mib avec sons saturés) - Couplet 1 - Refrain - Solo guitare 1 – Couplet 2 – Refrain – Solo guitare.  

 

 

Sources:

 

Article de Paul Gontcharoff dans l’Education Musicale, Sept-Octobre 2005, Bac 2006

Article de Paul Gontcharoff dans l’Education Musicale, Mai_Juin 2006, Bac 2007

Article de Jean-Baptiste Kreisler dans l’Analyse musicale n°53, Bac 2007

Article d’Eric Michon, IPR de l’académie d’Orléans-Tours

Travaux des élèves de Christelle Ormeggi, Lycée Robespierre, Arras