SEPT CHANSONS
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I - Léo Ferré: un auteur compositeur interprète: Avec le temps - Green - Requiem
II - Le bourdon: une technique entre tradition et modernité:
- La
pluie tombe sur nous, chanté par Evelyne Girardon (traditionnel)
- Quand
je marche de Camille
III -
Le timbre: un procédé au service de la transmission orale. Sur le timbre de
"Dans cette maison à quinze ans":
- La liberté des nègres du citoyen
Piis, chanté par Marc Ogeret
- Les cinq étages de Pierre-Jean Berranger
chanté par Germaine Montéro
Longtemps,
longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues
Charles
Trenet
I - Léo Ferré: un auteur compositeur interprète: Avec le
temps - Green - Requiem
Eléments
biographiques
* Léo Ferré (1916-1993) marqua son époque en tant que
poète, compositeur et interprète avec pour grands idéaux l’amour et l’anarchie.
«L’anarchie c’est l’amour» aimait-il
rappeler. (L’anarchie est une conception politique qui tend à supprimer l’Etat,
à éliminer de la société tout pouvoir disposant d’un droit de contrainte sur
l’individu).
*
Chanteur, poète, pianiste, mais aussi orchestrateur, harmonisateur et chef
d’orchestre
* Dans ses chansons, il écrit ses propres textes mais
mettra aussi en musique ceux de grands poètes comme Apollinaire, Aragon,
Baudelaire, Rimbaud et Verlaine.
* D’origine monégasque, il passe sa jeunesse entre des
études en Italie et divers petits boulots à Monaco, jusqu’à ce qu’ Edith Piaf
le convainque de tenter sa chance à Paris où il s’installe à partir de 1946.
* La période Saint-Germain: au début des années 1950,
c’est dans le quartier parisien de St Germain des près qu’il se fait connaître.
Les cafés et cabarets lui offrent une tribune qui le feront connaître. Les
lieux dédiés à la chanson à texte, d’expression poétique et contestataire,
prolifèrent. Un nouveau type d’artistes voit ainsi le jour, et va bientôt
dominer la scène française.
* Il fait partie de la génération de chanteurs poètes
d’après guerre avec Edith Piaf
(1915-1963) Georges Brassens (1921-1981), Jacques Brel (1929-1978), Barbara
(1930-1997), Charles Aznavour (né en 1924), Georges Moustaki (né en 1934)…
Edith Piaf (1915-1963) Georges
Brassens (1921-1981)
Jacques Brel
(1929-1978)
Barbara (1930-1997)
Georges
Moustaki (né en 1934)
Charles Aznavour (né en 1924)
B - Les trois chansons au programme
Elles
représentent la diversité de l’œuvre du poète: une chanson à succès portant
nettement l’empreinte du compositeur (Avec
le temps), un poème emprunté mis en musique (Green), et une chanson narrative,
au texte déclamé sur un accompagnement orchestral élaboré (Requiem)
AVEC LE TEMPS Paroles et musique de Léo Ferré 1969
Avec
le temps
Avec
le temps, va, tout s'en va
On
oublie le visage et l'on oublie la voix
Le
cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher
plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
Avec
le temps
Avec
le temps, va, tout s'en va
L'autre
qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre
qu'on devinait au détour d'un regard
Entre
les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un
serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec
le temps tout s'évanouit
Avec
le temps
Avec
le temps, va, tout s'en va
Même
les plus chouettes souv'nirs ça t'as une de ces gueules
A
la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort
Le
samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule
Avec
le temps...
Avec
le temps, va, tout s'en va
L'autre
à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
L'autre
à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour
qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant
quoi l'on s'traînait comme traînent les chiens
Avec
le temps, va, tout va bien
Avec
le temps...
Avec
le temps, va, tout s'en va
On
oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui
vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne
rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
Avec
le temps...
Avec
le temps, va, tout s'en va
Et
l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et
l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et
l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et
l'on se sent floué par les années perdues
Alors
vraiment... avec le temps... on n'aime plus
* «Avec le
temps, musique et paroles, je l’ai faite en deux heures, une victoire. Avec le
temps, c’est l’histoire de ma vie pendant plusieurs années. Une chanson vécue»
disait Ferré en 1991. Elle évoque à l’évidence toute la vie de l’artiste et
plus précisément sa rupture sentimentale de sa seconde compagne Madeleine en
1968.
* Ecrite en octobre 1969, elle parait pour la première
fois sur un 45t en 1970 avant de faire partie d’un 33t en 19 72 sur les
chansons d’amour de Ferré. C’est un des tubes de Ferré.
* Ce
poème sombre et mélancolique
évoque la tristesse de constater qu’on ne peut pas revenir sur son passé, à
l’aide
d’images brèves associées à des souvenirs, avant de constater tragiquement qu’
«Avec le temps on n’aime plus»
* Le poème s’organise en 6 strophes alternativement de
5 et 7 vers d’alexandrins (sauf le refrain intégré Avec le temps… Avec le temps va tout s’en va)
* D’un tempo lent, sur un rythme régulier et
hypnotisant du piano et un tapis de cordes douces se place la mélodie du chant,
mélodie au rythme de la parole. La mélodie est répétée à chaque couplet,
rallongée de quelques notes dans les couplets à 7 vers.
* Les instruments et la voix suivent une courbe
globalement descendante à chaque couplet, descente à mettre certainement en
relation avec la mélancolie et le fatalisme porté par le texte.
GREEN Poème de Verlaine, musique et chanté par Léo
Ferré 1874
Voici des fruits, des
fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon cœur
qui ne bat que pour vous
Ne le déchirez pas avec
vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si
beaux l'humble présent soit doux [l'humble présent soit doux]
J'arrive tout couvert
encore de rosée
Que le vent du matin
vient glacer à mon front
Souffrez que ma fatigue
à vos pieds reposée
Rêve des chers instants
qui la délasseront [qui la délasseront]
Sur votre jeune sein
laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de
vos derniers baisers
Laissez-la s'apaiser de
la bonne tempête
Et que je dorme un peu
puisque vous reposez [puisque vous reposez]
* Léo Ferré chante ce poème dans le disque Verlaine et Rimbaud chantés par Léo Ferré publié en
juin 1964. Claude Debussy (en 1888) et Gabriel Fauré (en 1891) sont deux
compositeurs français qui avaient déjà mis en musique ce poème.
* Ce poème écrit par Verlaine (1844-1896) est publié
en 1874 et fait partie du recueil Romances sans paroles. Verlaine fait partie de la génération de poètes
tels que Lamartine, Nerval, Hugo, Baudelaire, Mallarmé, Lautréamont
"La poésie de Verlaine, forme
et pensée, est toute spontanée.[…] Que l'inspiration soit religieuse ou
libertine, c'est la même fluidité pure, que le ruisseau roule sur des herbes ou
sur du gravier, et sa voix dit toujours la même chanson amoureuse, que son
amour rie aux femmes ou aux anges, et c'est presque la même sensualité. […] Sa
phrase monte et descend de ton, tout à coup bifurque, s'oublie comme dans une
suspension de la pensée distraite, repart, arrive enfin au but que son caprice
ne perd pas de vue. Jamais le vers de Verlaine ne sent l'effort, la rature, le
recommencement. Le petit poème, souvent un sonnet, se déroule avec une parfaite
certitude, selon une franche unité de rythme, selon une musique qui chante
intérieurement en lui" Remy de Gourmont
(poète, romancier, dramaturge et essayiste français contemporain de Verlaine)
* Dans ce poème d’amour, Verlaine fait appel à la tradition de l’amour courtois: le poète soumis à la femme idéale. Le terme de Green peut être ici considéré dans son sens de jeune, naïf, innocent. La nature (fruits, feuilles, branches), couleurs douces (mains blanches, rosée)
* L’écoulement du temps se trouve en filigrane:
l’amoureux offre des fleurs (printemps), des fruits (été), des feuilles
(automne) et des branches (hiver)
* Le poème est constitué
de trois quatrains d'alexandrins aux rimes croisées.
* L’orchestration fait
entendre des cordes, des pizzicatos de contrebasse, une harpe, des flûtes, un
piano
* D’un caractère doux et dans un tempo plutôt lent,
une même mélodie est chantée pour chaque strophe. Une pause est marquée à la
fin de chaque 3e vers (Ne le déchirez pas, Souffrez que ma fatigue,
Laissez la s’apaiser) marquant le point culminant de chaque strophe et à
partir duquel s’entend un ralentissement jusqu’à la fin. A noter que la
dernière note de chaque strophe évite à chaque fois la tonique, laissant
l’auditeur dans une situation de suspension rêveuse, de flottement.
REQUIEM Paroles et musique de Léo Ferré
Pour ce rythme inférieur
dont t'informe
Pour ce chagrin du temps
en six cent vingt-cinq lignes
Pour le bateau
tranquille et qui se meurt de Port
Pour ce mouchoir à qui
tes larmes font des signes
[Parlé:]
Pour ce rythme
inférieur dont t'informe
Pour ce chagrin du
temps en six cent vingt-cinq lignes
Pour le bateau
tranquille et qui se meurt de Port
Pour ce mouchoir à
qui tes larmes font des signes
Pour le cheval enfant
qui n'ira pas bien loin
Pour le mouton gracieux
le couteau dans le rouge
Pour l'oiseau descendu
qui te tient par la main
Pour l'homme désarmé
devant l'arme qui bouge
[Parlé:]
Pour le cheval enfant
qui n'ira pas bien loin
Pour le mouton
gracieux le couteau dans le rouge
Pour l'oiseau
descendu qui te tient par la main
Pour l'homme désarmé
devant l'arme qui bouge
Pour tes jeunes années à
mourir chaque jour
Pour tes vieilles années
à compter chaque année
Pour les feux de la nuit
qui enflamment l'amour
Pour l'orgue de ta voix
dans ta voix en allée
Pour la perforation qui
fait l'ordinateur
Et pour l'ordinateur qui
ordonne ton âme
Pour le percussionniste
attentif à ton cœur
Pour son inattention au
bout du cardiogramme
Pour l'enfant que tu
portes au fond de l'autobus
Pour la nuit adultère où
tu mets à la voile
Pour cet amant passeur
qui ne passera plus
Pour la passion des
araignées au fond des toiles
Pour l'aigle que tu
couds sur le dos de ton jeans
Pour le loup qui se
croit sur les yeux de quelqu'un
Pour le présent passé à
l'imparfait du spleen
Pour le lièvre qui passe
à la formule Un
Pour le chic d'une
courbe où tu crois t'évader
Pour le chiffre évadé de
la calculatrice
Pour le regard du chien
qui veut te pardonner
Pour
Pour le salaire obscène
qu'on ne peut pas montrer
Pour la haine grimpant
du fond de l'habitude
Pour ce siècle imprudent
aux trois quarts éventé
Pour ces milliards de
cons qui font la solitude
Pour tout ça le silence.
* Requiem figure pour la première fois dans l'album Je te donne paru en septembre 1976. Ferré avait chanté ce titre pour la 1ère fois lors de émission de télévision Le Grand échiquier du 26 juin 1975.
* Le terme Requiem est le premier mot de la
phrase Requiem æternam dona eis
Dominum (Seigneur, donne-leur le repos éternel) utilisée dans la
messe des morts du culte catholique. Ce texte a souvent été mis en musique par
le passé, on connaît les Requiems de Mozart, Verdi ou Gabriel Fauré par
exemple. On connaît aussi d’autres Requiems dans la chanson à cette époque: Requiem pour n'importe qui
(Moustaki), Requiem pour un amour
(Catherine Lara), Requiem pour un
c... (Serge Gainsbourg)…
* Ferré explique la genèse de sa chanson: «La façon dont j’ai écrit Requiem sort de ma
démarche ordinaire. Requiem a d’abord été une espèce d’exercice de style;
j’avais enregistré la musique au piano que j’utilise pour travailler […] avant
de penser aux paroles, qui étaient écrites par ailleurs. Et, contrairement à
mon habitude, j’hésitais entre trois musiques»
* Constitué de quatrains d'alexandrins aux rimes
croisées, ce poème est bâti sur un procédé d’accumulation (Pour…) proche de la litanie. C’est un poème d'offrande adressé à
tout un chacun: aux innocents (Pour
le cheval enfant qui n'ira pas bien loin, Pour le mouton gracieux le couteau
dans le rouge), à ceux qui sont seuls (Pour tes vieilles années à compter chaque année), aux femmes
délaissées (Pour cet amant passeur qui ne
passera plus), à ceux qui sont tristes (Pour
ce mouchoir à qui tes larmes font des signes), à ceux qui gagnent très peu
d’argent (Pour ce salaire obscène qu’on
ne peut pas montrer), mais aussi au monde entier (Pour ce siècle imprudent aux trois quarts
éventé)...
Litanie: Prière
liturgique où toutes les invocations sont suivies d’une formule brève récitée
ou chantée par les assistants. Longue énumération, répétition ennuyeuse et
monotone.
* La longueur (7 minutes), l’orchestration très
variée, les différents tableaux, l’utilisation de la voix parlée, l’absence de
refrain habituel, l’aspect symphonique font que cette pièce s’apparente plus à
de la musique savante (telle une symphonie classique) qu’au genre de la
chanson, montrant un des aspects les plus originaux de l’œuvre de Leo Ferré
* La pièce est divisée en 10 sections et une coda.
Chaque section illustre un couplet, les deux premiers étant réitérés en voix
parlée. L’instrumentation change à chaque nouvelle partie, excepté en ce qui
concerne les 3 dernières, un tutti sur rythme pointé formant un crescendo jusqu’à la coda.
* L’ensemble est conçu
comme un long crescendo, se terminant sur un effet théâtral parfaitement
préparé.
* Organisation
générale :
1 |
Strophe 1 |
Chantée |
Harpe / Flûte / Cordes |
2 |
Strophe 1 |
Parlée |
Harpe / Violoncelle solo |
3 |
Strophe 2 |
Chantée |
Chœur discret / Cordes / Hautbois solo |
4 |
Strophe 2 |
Parlée |
Chœur / Cordes / cuivres discrets / Piano |
5 |
Strophe 3 |
3 vers chantés + 1 parlé |
Cuivres / Cordes |
6 |
Strophe 4 |
3 vers chantés + 1 parlé |
Percussion / Orgue électrique / Soprano solo
(vocalise) |
7 |
Strophe 5 |
3 vers chantés + 4 mots parlés |
Harpe / Cordes / Clarinette solo |
8 |
Strophe 6 |
Chantée |
Tutti (doubles croches battues) |
9 |
Strophe 7 |
Chantée |
Tutti + Chœur |
10 |
Strophe 8 |
Chantée |
Tutti + Chœur (plus présent) |
Coda |
1 vers |
Parlé |
Tenue Chœur PP + voix a capella |
Célèbre
interview radiophonique de Jacques Brel, Leo Ferré et Georges Brassens en 1969
II - Le bourdon: une technique entre
tradition et modernité:
- La
pluie tombe sur nous, chanté par Evelyne Girardon (traditionnel)
- Quand
je marche de Camille
A - Le bourdon, généralités
* Le bourdon désigne un son continu à hauteur
constante, en général grave. C'est une caractéristique propre à certains
instruments comme la vielle à roue
et la cornemuse :
une des cordes pour la vielle, ou un des tuyaux pour la cornemuse produisent un
son fixe qui est précisément le bourdon pendant qu’une mélodie se dessine au
dessus.
* «Les musiques
de notre tradition orale rurale, comme bien d’autres de par le monde, se sont
élaborées avec le principe de bourdon. Oublier cette dimension précieuse serait
passer à côté d’une des caractéristiques majeures de ce champ musical. Le
bourdon est présent dans nombre d’instruments populaires, de
* La musique « savante » ne s’est pas
intéressée au bourdon, procédé sans doute trop frustre dans son résultat harmonique, alors qu’on le rencontre
souvent dans les musiques populaires et traditionnelles.
* «Le bourdon est une pratique universelle et
très ancienne. On la trouve dans un très grand nombre de traditions orales. La
présence d’un bourdon modifie la perception du chant, d’abord par la sensation
d’une continuité dans l’écoulement du temps ; mais également par une modification du sentiment harmonique
grâce au jeu de tension/détente issu de rencontres de notes du bourdon et de la
mélodie. La musique instrumentale d’essence populaire utilise abondamment cette
technique simple d’accompagnement»
E.Girardon
Evelyne Girardon
B - «La pluie tombe sur nous», chanson traditionnelle française
recueillie en Ardèche interprétée par
Evelyne Girardon
La pluie tombe sur nous, pour vous quel avantage
?
Vos
vaches auront du lait, vous ferez des fromages
Vous
en tirerez de l’argent, pour marier tous vos enfants.
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
La
pluie tombe sur nous, pour vous quel avantage ?
Ce
joli mois de mai s’endort sur la rosée
Vous
engraisserez vos moutons, à
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
Vous
filles qui dormez, à la plus haute chambre
Écoutez
les amants, à la porte, qui chantent
Préparez-leur
la collation, pour tous ces beaux gentils garçons
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
En chantant de rantanplan ce joli mois
de mai qui toujours nous réveille
[Briolage:]
Et montez donc voir là mes grands bœufs
Mon Cadet, mon Joli, mon Varné, mon
Taupin, mon Paillau, mon Charbounio
Hardis, hardis les gars , Ah… Hardis les
gars !
R’montez là donc les deux derriés, Ah !
les deux vieux ! Allons Allons !
Ah ! bottez là donc là, Ah r’montez là
donc là ! Ah… Hardis les gars !
Mon Cadet, mon Joli, mon Varné, mon
Taupin, mon Paillau, mon Charbounio
Tirouli tant ! Allez, ah ! Et la la la…
* La redécouverte du répertoire traditionnel français
est l'œuvre d'un mouvement de musiciens et chanteurs, apparu dans les années
1970-1980. Ces derniers ont effectué un gigantesque travail de collectage,
consistant à recueillir auprès des anciennes générations les textes et musiques
de notre patrimoine. A noter le groupe Malicorne
très connu à ce titre.
* Évelyne
Girardon, chanteuse, musicienne et comédienne a fondé en 1999
* Le chant est interprété a capella. Évelyne Girardon chante la mélodie, et deux
chanteuses assurent le bourdon. "La
place du bourdon dans cet arrangement était inévitable, évidente, comme témoin
de la densité sonore et de l’émotion ressentie" (Evelyne Girardon)
Chant
collecté en Ardèche en février 1976.
*
La chanson s’organise en 3 couplets et 3 refrains plus un dernier rajouté à la
fin.
* Par rapport à la version d’origine, celle
d’E.Girardon propose divers ajouts et arrangements donnant de la profondeur et
de l’originalité:
a) La note bourdon: présente
tout au long de la chanson, elle donne une stabilité harmonique autour de la note de si bémol.
C’est la tonique du morceau (en sib mineur)
b) Contour mélodique modifié:
la quarte est augmentée («la pluie tombe
sur nous»). Le la est changé en la# dans les couplets
c) Les deux premiers vers sont chantés non pulsés
alors que le reste l’est
d) Le refrain est doublé à la
quarte inférieure, à la manière d’un organum (première forme de
polyphonie occidentale, apparue au XIe siècle dans le lequel une mélodie est
doublée de manière parallèle à un intervalle de 4te ou de 5te
e) Présence d’une 2e voix en écho lors du
refrain
f) A la fin de la chanson
s’entend un briolage: il
s’agit de chants de paysan à pleine voix, pour conduire et encourager ses bœufs
ou ses chevaux. Souvent sans paroles, ils sont alors une suite d'onomatopées et
de cris d'encouragement, dans lesquels interviennent les noms des bêtes
concernées. Le nom peut varier: briolage
(Berry), grande (Auvergne), tiaulage ou tiaulement (Nivernais), huchage
(Poitou). A noter la manière de chanter qui est différente, elle devient à pleine voix
C - «Quand je marche» paroles et
musique de Camille
QUAND JE MARCHE
Quand
je marche, je marche
Quand
je dors, je dors
Quand
je chante, je chante, je m'abandonne
Quand
je marche, je marche droit
Quand
je chante, je chante nue
Et
quand j'aime, je n'aime que toi
Quand
j'y pense, je ne dors plus
Je suis ici, je suis dedans, je suis
debout
Je ne me moquerai plus de tout
Entends
tu, m'as-tu dis,
Le
chant du monde, alors depuis
Quand
l'aube se lève, je la suis
Et
quand la nuit tombe, je tombe aussi
Je suis ici, je suis dedans, je suis
debout
Je ne me moquerai plus de tout
Te,
te, ta…
Quand
j'ai faim, tout me nourrit
Le
cri des chiens, et puis la pluie
Quand
tu pars, je reste ici
Je
m'abandonne et je t'oublie
* Camille Dalmais est une chanteuse française à la
personnalité forte et à la créativité peu commune. Née en 1978, Camille Dalmais
s'est fait un nom parmi les valeurs sûres de la chanson française.
* Issue de son 2e album Le fil (2005), cette chanson figure en
dernière position et fait entendre comme pour tous les titres de l’album une
note pédale (ou bourdon) en fond, un si
*
La structure: Intro - couplet - couplet allongé - refrain - couplet allongé -
refrain - chant sans paroles -
refrain
* Le texte porte à la fois des images surréalistes (Quand je marche, je marche…) et
sentimentales (et quand j'aime, je n'aime
que toi)
* L’accompagnement rythmique de human beatbox assure à la fois les percussions et la ligne de
basse. Il participe au style particulier des chansons de Camille dans
lesquelles les effets vocaux sont largement utilisés (voir la chanson Ta douleur, du même album). Un grand nom
du human beatbox est Bobby McFerrin.
* La ligne musicale, sur un rythme parlé, découpe le
texte en une succession de formules courtes, renforçant la part mystérieuse de
la chanson. A noter le changement de registre sur «je suis dedans»
Camille
III -
Le timbre: un procédé au service de la transmission orale. Sur le
timbre de "Dans cette maison à
quinze ans":
- La liberté des nègres du citoyen
Piis, chanté par Marc Ogeret
- Les cinq étages de Pierre-Jean Berranger
chanté par Germaine Montéro
A - Le timbre, généralités
* Le timbre en musique désigne à la fois la qualité
propre d’un son (qui différencie deux instruments) mais aussi "un air préexistant aux paroles qui lui sont
adaptées pour constituer un nouvelle chanson (…). Les timbres ont été utilisés
de tout temps dans la chanson populaire, mais aussi dans la musique antique, le
répertoire grégorien, les chansons des troubadours, des trouvères…" Marc
Honegger De très nombreux exemples de ce
procédé existent (la chanson Armstrong de Claude Nougaro sur
l’air de Go down Moses, gospel traditionnel)
B - Le timbre de «Dans cette maison à
quinze ans»
* L’idée est d’étudier deux
chansons très différentes quant à leur texte mais qui partagent la même
mélodie, ou le même timbre: celle de la chanson «Dans cette maison à quinze
ans». Deux chansonniers du XIXe
siècle, Pierre-Antoine-Augustin de Piis et Pierre-Jean de Béranger, ont utilisé
le même timbre - donc le même air, la même mélodie - pour deux textes forts
différents: Les cinq étages et La liberté des nègres
* On trouve la plupart des timbres utilisés au début
du xixe siècle dans le recueil de chansons : La clé du
Caveau, recueil publié par une société de chansonniers parisiens (Le
Caveau). Cette académie avait pour but de cultiver la chanson. Pierre-Augustin de
Piis en faisait partie.
* On retrouve le thème de cette chanson dans les «Musiques
de chansons de Béranger», recueil
édité à Paris en 1851:
.
C - La liberté des
nègres du citoyen Piis,
Paroles:
Antoine Pierre Augustin de Piis, chanté par Marc Ogeret, sur le timbre de "Dans cette maison à quinze ans":
LA LIBERTE DES NEGRES
Le saviez-vous, Républicains, quel sort était celui du
nègre ?
Qu'à son rang parmi les humains, un sage décret
réintègre
Il était esclave en naissant, puni de mort pour un
seul geste
On vendait jusqu'à son enfant, le sucre était teint de
son sang
Daignez m'épargner tout le reste, daignez m'épargner
tout le reste
De vrais bourreaux altérés d'or promettant d'alléger
ses chaînes
Faisaient pour les serrer encor des tentatives
inhumaines
Mais contre leurs complots pervers, c’est la nature
qui proteste
Et deux peuples brisant leurs fers, ont malgré la
distance des mers
Fini par s'entendre de reste, fini par s'entendre de
reste
Tendez vos arcs nègres marrons nous portons la flamme
à nos mèches
Comme elle part de nos canons, que la mort vole avec
vos flèches
Si des royalistes impurs chez nous chez vous portent
la peste
Vous dans vos bois, nous dans nos murs, cernons ces
ennemis obscurs
Et nous en détruirons le reste, et nous en détruirons
le reste
Quand dans votre sol échauffé, il leur a semblé bon de
naître
La canne à sucre et le café n’ont choisi ni gérant ni
maître
Cette mine est dans votre champ, nul aujourd’hui ne le
conteste
Plus vous peinez en l’exploitant plus il est juste
assurément
Que le produit net vous en reste, que le produit net
vous en reste
Américains, l'égalité vous proclame aujourd'hui nos
frères
Vous aviez à la liberté les mêmes droits héréditaires
Vous êtes noirs mais le bon sens repousse un préjugé
funeste
Seriez-vous moins intéressants, aux yeux des
républicains blancs ?
La couleur tombe et l'homme reste, la couleur tombe et
l'homme reste
* Antoine-Pierre-Augustin de
Piis (1753-1832) commença une carrière de fonctionnaire, et remplit un certain
nombre de fonctions administratives. On le trouve secrétaire général de la
préfecture de police de 1800 à 1815.
Antoine-Pierre-Augustin de Piis
* Parallèlement, Piis s'est
fait connaître comme auteur dramatique à succès dès 1776 et on lui doit la
fondation du théâtre du Vaudeville en 1792. Outre ses pièces de théâtre, il est
l'auteur de poésies et chansons qui furent éditées en 4 volumes en 1810. Un
certain Antony Meray, dans une bibliographie de la chanson publiée en 1850,
porte un jugement très mesuré sur l'auteur : "Les chansons de Piis sont
remarquables par leur correction, quoique facilement faites. Beaucoup
d'entre-elles ont été populaires dans un temps où l'on chantait. L'abondance de
leur auteur dégénère souvent en prolixité: beaucoup de chansons comptent 15 à
20 couplets, et c'est trop"
* Antoine Piis est un fervent
soutien de la Révolution - puis de l'Empereur. Il était aussi le fils naturel
d'un officier de Saint-Domingue, territoire faisant partie de ce que l'on
nommait alors les "Iles d'Amérique" qui englobaient également
* A
propos de l’esclavage justement, rappelons que l'esclavage a sévi dans les iles dès le XVIIe
siècle et fut codifié par Colbert, ministre de Louis XIV en 1685. La richesse
que constituait la canne à sucre se développa essentiellement avec
l'exploitation des esclaves venus d'Afrique et suscita de nombreuses fortunes.
C'est dans le sillage de
* Origine de la chanson:
Antoine Piis fut ainsi l'un des auteurs à exercer sa plume pour glorifier la
première abolition de l'esclavage et dès le 8 février 1794 fut représenté un de
ses "vaudevilles républicains" au théâtre des Variétés Amusantes
(aujourd'hui théâtre du Palais Royal), «La liberté de nos colonies». C'est dans cette pièce que l'on
retrouve les couplets de la chanson La liberté des nègres.
* Les paroles du chant
* Les paroles de Piis contiennent initialement 9 couplets et
Marc Ogeret n’en chante que 5 (1, 2, 6, 7, 9). Les rimes sont croisées: aabcb.
Chaque couplet est chanté sur la même mélodie, il n’y a pas de refrain.
* Marc Ogeret est un chanteur né en 1932 à Paris. Il
commence à chanter des chansons de Félix Leclerc et Léo Ferré aux terrasses des
cafés vers 1954. Pierre Prévert (frère de Jacques) le remarque et lui donne sa
chance. Il commence à faire les cabarets. Il reçoit le prix de l'Académie
Charles-Cros en 1962. En 1965 il passe en première partie de Georges Brassens.
En 1967, il est vedette d'un spectacle consacré à Aragon. Il enregistre le
disque Ogeret chante Aragon, son disque le plus vendu. En 1968, prémisse aux
événements de mai 1968, il enregistre deux disques de chants révolutionnaires
Autour de
* Dans la version de Marc
Ogeret, une introduction au violon solo donne le caractère pathétique du
morceau dès le début. En mode mineur (dans la mélodie d’origine), cette pièce
offre une orchestration variée selon les couplets: C1: piano timbales, C2:
piano violon et timbales au même endroit, C3: piano cordes discrètes timbales,
C4: piano cordes bien présentes timbales, C5: piano cordes bien présentes
timbales et cor. Aucun instrument ne double la voix, ils participent néanmoins
tous à un caractère pathétique lié au sens des paroles. Ils suivent l’influx
rythmique de la voix, suivant ses accélérations, ralentissements, tensions,
détentes, etc…
D - Les cinq étages
Paroles : Pierre-Jean de Béranger, chanté par Germaine Montero, sur le timbre de "Dans cette maison à quinze ans"
LES CINQ ETAGES
Dans la soupente du portier, je naquis au
rez-de-chaussée
Par tous les laquais du quartier, à quinze ans je fus
pourchassée
Mais bientôt un jeune seigneur m'enlève à leurs doux
caquetages
Ma vertu me vaut cet honneur, ma vertu me vaut cet
honneur
Et je monte au premier étage
Là dans un riche appartement mes mains deviennent des
plus blanches
Grâce à l'or de mon jeune amant, là tous mes jours
sont des dimanches
Mais par trop d'amour emporté il meurt, ah pour moi
quel veuvage
Mes pleurs respectent ma beauté, mes pleurs respectent
ma beauté
Et je monte au deuxième étage
Là, je trompe un vieux duc et pair, dont le neveu
touche mon âme
Ils ont d'un feu payé bien cher, l'un la cendre et
l'autre la flamme
Vient un danseur nouveaux amours, la noblesse alors
déménage
Mon miroir me sourit toujours, mon miroir me sourit
toujours
Et je monte au troisième étage
Là je plume un bon gros Anglais, qui me croit et veuve
et baronne
Puis deux financiers vieux et laids, même un prélat,
Dieu me pardonne
Mais un escroc que je chéris, me vole en parlant
mariage
Je perds tout j'ai des cheveux gris, je perds tout
j'ai des cheveux gris
Et je monte encore un étage
Au quatrième autre métier, des nièces me sont nécessaires
Nous scandalisons le quartier, nous nous moquons des
commissaires
Mangeant mon pain à la vapeur, des plaisirs je fais le
ménage
Trop vieille enfin je leur fais peur, trop vieille
enfin je leur fais peur
Et je monte au cinquième étage
Dans la mansarde me voilà, me voilà pauvre balayeuse
Seule et sans feu je finis là, ma vie au printemps si
joyeuse
Je conte à mes voisins surpris ma fortune à différents
âges
Et j'en trouve encore des débris, et j'en trouve
encore des débris
En balayant les cinq étages
* Né en 1780 et mort en 1857, Pierre-Jean de Béranger
demeure le plus célèbre des chansonniers du XIXe siècle. Fils d'un monarchiste,
Béranger connaîtra de son vivant une gloire nationale au service des idées
progressistes. Après avoir été un bonapartiste convaincu, il soutiendra la
monarchie de Juillet. Auteur prolifique on lui doit des centaines de chansons
politiques, anticléricales, sociales et polissonnes. Admiré de Chateaubriand, Sainte-Beuve, Hugo,
Stendhal et plus tard Mallarmé, l'un des ses poèmes a été mis en musique par
Richard Wagner (Les Adieux de Marie Stuart).
Pierre-Jean de Béranger
* Autres œuvres de Béranger: Les Gueux, Le roi
d’Yvetot,
* "S’il n’est pas – loin s’en faut - le
premier à chansonner son époque, ses mœurs complaisantes et ses fausses
gloires, il devient le premier chansonnier dont le nom s’impose aux trompettes
de la renommée. C’est qu’il a une patte : qu’il s’agisse des mots ou des
mélodies, il sait donner une expression simple, appropriée, facile à retenir et
sincère à une idée, à un sentiment, à une situation, à une cause. Dans une
France où la presse est soumise à une censure obtuse, la chanson, libre et
volatile, tient le rôle qui sera au XXe siècle celui des "blagues
politiques" dans les pays totalitaires" (Philippe Meyer).
* Cette chanson date de 1830 et se trouve dans
l’édition des œuvres complètes de Béranger, éditées en 1836. La mention
"Air: Dans cette maison à quinze ans ou J'étais bon chasseur
autrefois" figure sous le titre. La chanson relate l'ascension puis
la déchéance sociale d'une jeune fille, du rez-de-chaussée à la mansarde,
sachant que dans un immeuble bourgeois du XIXe siècle les catégories aisées
habitaient les premiers étages et les plus modestes dans les derniers étages.
Cette «descente» sociale s’accompagne aussi de l’avancée vers le grand âge.
* Le texte se présente sous forme de 6 couplets de 10
vers aux rimes alternées (aabcb). Comme pour La liberté des nègres,
avoir une mélodie répétée à plusieurs reprises fait qu’on finit par attendre
plus du texte que de la mélodie, que l’on connaît bien à force d’être répétée.
* Germaine Montéro (1909-2000) est une des rares
interprètes dont on a pu garder la trace discographique de cette chanson. Elle
poursuivit une carrière de comédienne sous la direction de Federico Garcia
Lorca à Madrid puis de Jean Vilar en France dans des textes de Paul Claudel et
Bertold Brecht notamment. Interprète de la chanson française et espagnole, elle
se mit au service des poètes : Pierre-Jean de Béranger (1780-1857), Aristide
Bruant (1851-1925), Pierre Mac Orlan (1882-1970), Jacques Prévert (1900-1977)
et Léo Ferré (1916-1993).
* L’accompagnement (un piano seul) en accords plaqués qui ne double pas la mélodie chantée, très sobre, participe un peu plus à la réalité du texte en réalisant des transitions entre les couplets sous forme de gammes ascendantes (mode mineur ascendant), figurant à la fois la montée à l’étage supérieur et suggérant la diminution d’énergie de la dame qui grimpe aussi…en âge (tempo ralenti). La gamme devient descendante (mineur descendant) pour la chute de la chanson, illustrant la déchéance sociale de la jeune fille qui ne l’est plus…
Germaine Montéro
Sources:
L’Education musicale, Septembre/Octobre 2008,
supplément au numéro 555/556, Baccalauréat 2009
- La chanson
entre l’oral et l’écrit, les types d’oralité et le chant de tradition, article
de Gérard Le Vot
- Le bourdon, une expérience
acoustique et esthétique, article d’Olivier Richaume
- Léo Ferré: un compositeur, auteur,
interprète article de Céline
Chabot-Canet
L’Analyse musicale, Baccalauréat 2009, Septembre 2008
- Paul
Verlaine: Green, ou les fausses promesse de l’aube, article de Florence Fix
- Sept œuvres pour un genre pluriel:
la chanson, article Cécile Prévost-Thomas
- La chanson rive gauche, article de
Jean-Baptiste Kreisler
-
Commentaire d’écoutes comparées: Green de Léo Ferré et de Gabriel Fauré,
article d’Eric Regnier
- Sept chansons: aperçus analytiques
et thématiques, article de Jean-Baptiste Kreisler
- Fiche de synthèse et bibliographie:
la chanson française
Sept chansons, dossier réalisé par le Centre National
de Documentation Pédagogique (CNDP) sous la réalisation de Vincent Maestracci,
février 2009. Articles de Gérard Authelain, Jacques Cheyronnaud, Olivier
Hussenet, Michel de Lannoy, Cyrille Lehn
Le bourdon: l'universel, article d’Evelyne Girardon,
Compagnie Beline www.ciebeline.com
9 émissions de la radio belge Première sur Léo Ferré réalisées par Gregor
Beck www.lapremiere.be
Textes d’accompagnement pour le bac 2009 sur http://mediatheque.cite-musique.fr
Eléments de cours de Paul-Marcel Nardi
Eléments de cours de Sylvain lncil20bouli@aol.com