Gabriel
Fauré (1845-1924)
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« L’Horizon
chimérique » (1921)
4
mélodies pour chant et piano
sur des
poèmes de Jean de
Portés par
cette musique déchirante, les vers de notre ami atteindront des cœurs qui sans
elle ne les auraient pas connus (François Mauriac)
La mer est infinie - Je me suis embarqué
Diane, Séléné - Vaisseaux, nous vous
aurons aimés
I - Le lied germanique et la mélodie française aux XIXe siècle et
début XXe
II - Gabriel Fauré, éléments biographiques et style
III - L’Horizon chimérique, analyse
INTRODUCTION
* Si on peut admettre une distinction
entre la poésie parlée et la poésie chantée («Je ne veux pas une note de musique sur mes vers» disait Hugo), il
n’empêche qu’elle ne peut se réduire à des idées ou des sentiments: ceux-ci
sont aussi importants que la musicalité des mots qui les véhiculent («De la musique avant toute chose» disait
Verlaine). Autant l’habillage que son contenu sont importants et c’est
l’interaction des deux qui est passionnante.
* L’association de la poésie à la
musique remonte à la nuit des temps, ce n’est évidemment pas un genre nouveau
au XIXe siècle. En ce qui concerne la musique occidentale, on remonte aux
troubadours du XIIe siècle et au plus célèbre d’entre eux, Bernard de Ventadour, pour trouver les premières traces écrites de
poésie mise en musique. S’il était courant à cette époque d’être à la fois
compositeur de musique et poète, il n’en était pas de même aux XIXe et XXe
siècle où il était courant qu’un compositeur mette en musique un poème déjà
existant.
I – Le lied germanique et la mélodie
française aux XIXe siècle et début XXe
A - Le lied germanique
Le XIXe siècle musical est celui du
romantisme, dominé par les compositeurs germaniques. Le genre de la poésie mise
en musique est le lied, qui veut
dire mélodie en allemand. Nombreux
compositeurs en écrivent: Schubert - Mendelssohn - Schumann - Liszt - Mahler -
Hugo Wolf - Schönberg…
* On retiendra les 600 lieder de Franz
Schubert (1797-1828) dont une bonne partie sont composés sur des textes de
poètes allemands: Goethe (1749-1832) dont le magnifique Gretchen am Spinnrade
(Marguerite au rouet, composé à 17 ans) et Schiller (1759-1805).
* Egalement à noter les lieder de Robert
Schumann (1810-1856), dont le cycle Dichterliebe sur des poèmes de Heinrich Heine (Poète
allemand 1797-1856) ou le magnifique cycle Frauenliebe
und Leben (Les amours et la vie d’une femme),
d’après des poèmes de Aldebert von
Chamisso (1781-1838)
* Sans oublier Gustav Mahler, auteur de nombreux Lieder avec orchestre (Kindertotenlieder, Das Lied
von der Erde, Wunderhorn lieder, etc…)
B - La mélodie française
* La mélodie française, genre savant dès
le départ (contrairement au lied allemand) est apparue plus tard dans le XIXe
siècle. Elle est marquée du lied par la retenue, la précision, l’élégance, la
clarté, des harmonies subtiles…
* A la fin du
XIXe, un compositeur français, Gabriel Fauré (1845-(1924) tente de tourner le
dos au romantisme allemand en proposant un style intime et subtil. Il compose
de nombreux cycles de mélodies (
* Les compositeurs marquants de mélodies
françaises sont: Hector Berlioz (1803-1869) – César Franck (1822-1890) – Charles Gounod (1818-1893) –
Emmanuel Chabrier (1841-1894) – Gabriel Fauré (1845-1924) – Henri Duparc (1848-1933) – Ernest Chausson (1855-1899) –
Claude Debussy (1862-1918) – Maurice
Ravel (1875-1937) – Charles Koechlin (1867-1950) – Arthur Honneger
(1892-1955) - Francis Poulenc (1899-1963)
*
Quelques poèmes emblématiques mis en musique par des compositeurs français:
L’invitation au voyage (C.Baudelaire) Les fleurs du mal 1857
Portant l’espérance du
rêve, de l’exotisme et de l’amour, ce voyage idéal inspira Emmanuel Chabrier et
Henri Duparc pour leur mise en musique.
C.Baudelaire (1821-1867)
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
Henri Duparc (1848-1933)
La fin de la pièce est soutenue au piano
par des giboulées d’arpèges donnant un aspect plus agité et tourmenté, avant
que l’ensemble ne s’achève sur la reposante tonalité de do majeur. Tout comme
Chabrier, La 2e strophe n’est pas mise en musique.
Clair de lune (Paul
Verlaine) Fêtes galantes (1869)
Premier poème du recueil Fêtes galantes, cet hymne à la lune et à sa lumière met en scène
des personnages fantasques de
Paul Verlaine
(1844-1896)
Votre âme est
un paysage choisi
Que vont
charmant masques et bergamasques
Jouant du
luth et dansant et quasi
Tristes sous
leurs déguisements fantasques.
Tout en
chantant sur le mode mineur
L'amour
vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas
l'air de croire à leur bonheur
Et leur
chanson se mêle au clair de lune,
Au calme
clair de lune triste et beau,
Qui fait
rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter
d'extase les jets d'eau,
Les grands
jets d'eau sveltes parmi les marbres
Ecrite en 1887,
cette mélodie est encadrée par un prélude et un postlude du piano mélodiquement
indépendant de la mélodie chantée. La mesure à trois temps rappelle celle du
menuet, terme cité par Fauré lui-même dans le titre et évoquant l’atmosphère de
fête qui prédomine au début du poème. La troisième strophe dédiée à la lune voit
son accompagnement transformé en doux arpèges réguliers et voluptueux.
Claude
Debussy
Si le Clair de lune extrait de
«Un coin de
table» (Henri Fantin-Latour), 1872.
On aperçoit Verlaine et Rimbaud assis à gauche.
Voici des
fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici
mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le
déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos
yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout
couvert encore de rosée
Que le vent
du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que
ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des
chers instants qui la délasseront.
Sur votre
jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore
encor de vos derniers baisers;
Laissez-la
s'apaiser de la bonne tempête.
Et que je
dorme un peu puisque vous reposez.
Extraite des Mélodies de Venise Op.58
composées en 1891, cette version fait entendre un accompagnement en noires
régulières laissant passer tout un flot d’harmonies très changeantes et
contrastées
En dehors des hardiesses harmoniques
plus vives chez Debussy que chez Fauré, cette version épouse le rythme haletant
des époux fatigués au début, et suit leur repos progressif à mesure que l’on
arrive à la fin.
Leo Ferré
A l’origine accompagné pour piano,
accordéon, saxophone, contrebasse et guitare dans une première version en 1961,
Leo Ferré enregistre la version définitive en 1964 accompagné d’un orchestre
symphonique. Il observe un tempo lent, une mélodie récurrente à chaque strophe.
L’orchestre n’a aucun rôle mélodique: nappes de cordes et arpèges de harpe et
de piano, ponctuées de pizz de violoncelles et
contrebasses, quelques vents), il suit également les retenues de la voix à
chaque fin de strophe.
I - Gabriel Fauré, éléments
biographiques et style
ELEMENTS
BIOGRAPHIQUES
* Né à Pamiers
(Ariège) en 1845 et mort à Paris en 1924. Il fait ses études musicales à Paris
à l’école
Niedermeyer où il fait la rencontre du compositeur Camille
Saint-Saëns
* Rencontre Lizst et Wagner au cours de nombreux voyages
Se fait
connaître comme pédagogue et comme compositeur, il est organiste à l’église de
* Professeur
de composition au Conservatoire de Paris et directeur de celui-ci (alors qu’il
n’en a jamais été
élève)
* Atteint de
surdité dès 1903
ŒUVRES
MAJEURES
* Cantique de Jean Racine (1865) premier chef d’œuvre de musique chorale
religieuse, composé à 19 ans, qui lui valut son prix de composition de l’école Niedermeyer
* Le Requiem (1888) superbe
* De la musique pour piano seul (nocturnes,
barcarolles, ballades)
* De la musique de chambre
* Une centaine de mélodies pour voix et
piano à travers trois recueils et des cycles marquants (La bonne
chanson, La chanson d’Eve, Le jardin
clos, L’Horizon chimérique)
STYLE
*
Fauré est, avec Berlioz, un des grands compositeurs français du XIXe siècle à
pouvoir faire face aux génies germaniques. Tout en gardant une esthétique issue
du romantisme, Fauré cultive un style à la française fait de raffinement harmonique,
de retenue et de refus des excès.
* Il est totalement étranger à la
révolution atonale du début du XXe siècle
* Ses mélodies ont un contour toujours
surprenant, on ne peut jamais en prévoir le déroulement ou la chute.
III - L’Horizon chimérique, analyse
«Comparés aux
vaisseaux impatients de quitter la terre, les désirs du poète s’opposent à la
pesanteur de sa nature, impuissante à les réaliser» MC Beltrando Patier, Guide de la mélodie et du lied
GENERALITES
* Il s’agit d’un cycle de quatre poèmes de Jean de la
ville de Mirmont (1886-1914), jeune poète mort à 28
ans à la
première guerre mondiale
* Ils prennent la mer comme l’image des voyages
impossibles et des désirs inassouvis
* Gabriel Fauré les met en musique à l’automne 1921 et
les dédie à Charles Panzéra (1896-1976) grand
chanteur
d’origine suisse de l'époque.
* Il s’agit d’une œuvre composée par un compositeur
très âgé, en pleine maîtrise de son écriture
* Sans thèmes repérables, sans structure visible, sans
découpages repérables autre que ceux des poèmes
Jean de
1 - La mer est infinie
(Andante quasi allegretto, ré majeur)
La mer est
infinie et mes rêves sont fous.
La mer chante
au soleil en battant les falaises
Et mes rêves
légers ne se sentent plus d'aise
De danser sur
la mer comme des oiseaux soûls.
Le vaste
mouvement des vagues les emporte,
La brise les
agite et les roule en ses plis ;
Jouant dans
le sillage, ils feront une escorte
Aux vaisseaux
que mon coeur dans leur fuite a suivis.
Ivres d'air
et de sel et brûlés par l'écume
De la mer qui
console et qui lave des pleurs
Ils
connaîtront le large et sa bonne amertume
Les goélands
perdus les prendront pour des leurs.
Sens global:
La mer évoquée par de nombreux mots (falaises, vague,
brise, écume, goélands…) et l’horizon représentent un idéal, un endroit où tout
est possible dans lequel le poète projette tous ses désirs et toutes ses
espérances.
Eléments
littéraires:
Trois quatrains d’alexandrins - Rimes variables
(croisées, embrassées) - Pas de répétition de vers
Rapport
musique/texte:
* Il n’y a pas de thème récurrent dans la mélodie,
malgré tout la mélodie du début du
premier
quatrain («La mer est infinie… »)
et du début du deuxième quatrain («Le
vaste
mouvement des vagues… ») se ressemblent notamment sur le plan rythmique
* A noter une mélodie ascendante puis
descendant dans le premier quatrain symbolisant peut-être le désir, le rêve dans la montée et
la déception dans la descente
* Il y a une note longue au chant à la fin de chaque
quatrain, ce qui marque leur fin
* Récurrence du rythme croche deux doubles
* Ambitus vocal plutôt restreint (une 9e),
pas de registres extrêmes
* Une mélodie aux notes plutôt conjointes, pas de
grands intervalles vocaux
Le rôle
du piano:
* Le piano fait entendre un
bouillonnement évoquant le flot ininterrompu de la mer. Il s’agit d’un
figuralisme clair.
* Il n’a pas de partie mélodique qui lui est propre,
il ne double pas la voix
* Les notes rapides en bariolage
établissent une stabilité rythmique qui met en valeur la voix. A partir du
moment où un élément est répétitif (ici le rythme du piano), l’oreille de
l’auditeur s’intéressera davantage à la voix, celle-ci est par conséquent mise
en valeur.
* Au contraire de la stabilité
rythmique, on constate l’instabilité harmonique qui fait changer les harmonies
très souvent, souvent avec des tonalités non voisines (exemple: mes 1 en ré majeur,
et mesure 4 en fa majeur), donnant à la pièce des couleurs toujours
changeantes, comme les flots miroitants.
* Il y a des contrastes de nuances mais pas extrêmes
comme dans la musique romantique.
2 - Je me suis embarqué (Andante moderato, ré bémol majeur)
Je me suis
embarqué sur un vaisseau qui danse
Et roule bord
sur bord et tangue et se balance.
Mes pieds ont
oublié la terre et ses chemins
Les vagues
souples m'ont appris d'autres cadences
Plus belles
que le rythme las des chants humains.
A vivre parmi
vous, hélas ! Avais-je une âme ?
Mes frères,
j'ai souffert sur tous vos continents.
Je ne veux
que la mer, je ne veux que le vent
Pour me
bercer, comme un enfant, au creux des lames.
Hors du port
qui n'est plus qu'une image effacée
Les larmes du
départ ne brûlent plus mes yeux.
Je ne me
souviens pas de mes derniers adieux...
O ma peine,
ma peine, où vous ai-je laissée ?
Sens
global:
Toujours la mer préférée à la terre qui est évoquée au
premier quatrain par le balancement du bateau et du roulis des vagues (danse, tangue, balance, cadence, rythme).
Eléments
littéraires:
Cinq vers pour la première strophe puis deux quatrains.
Tous les vers sont des alexandrins - Rimes variables (croisées, embrassées) - Pas
de répétition de vers
Rapport
musique/texte:
* La courbe mélodique ne respecte pas les
degrés d’une tonalité stable. Les intervalles sont souvent surprenants et liés
à une harmonie extrêmement changeante (exemple: réb
majeur mes 1, et mi majeur mes 7)
* On remarque une similitude entre la
mélodie du tout début («je me suis
embarqué») et celle du dernier quatrain («Hors du port qui n’est plus qu’une image effacée»), ce qui
laisserait à penser qu’il s’agirait d’une forme ABA, mis à part cela il n’y a
pas de thème récurrent.
* Il y a une note longue au chant sur balance, humain, lame c'est-à-dire
quasiment à la fin de chaque strophe, ce qui marque leur fin
* Tout comme pour la première pièce on remarque la récurrence
du rythme croche deux doubles
* Ambitus vocal plutôt restreint (une 7e majeure), pas
de registres extrêmes
* «O ma peine ma peine» à la fin est mis en
valeur par la note pédale de do#
* Une mélodie aux notes plutôt
conjointes, pas de grands intervalles vocaux sauf à la fin sur le dernier mot
(«laissée») ce qui le met en valeur par rapport au reste.
Le rôle
du piano:
* Le balancement tant évoqué dans la
première strophe est marqué par le piano en faisant entendre deux plans
rythmiques qui se complètent: contretemps réguliers à la main droite et
rythme pointé avec 2e temps accentué à la main gauche.
Cette combinaison rythmique est maintenue quasiment tout le temps de la pièce.
Encore une fois l’invariabilité rythmique du piano fait qu’on va davantage
prêter attention à la ligne mélodique du chant.
* Comme pour la première pièce, le piano marque
l’instabilité harmonique de la pièce
(voir premier point
du rapport
musique/texte)
3 - Diane, Séléné (Lento, ma non troppo, mi bémol majeur)
Diane, Séléné,
lune de beau métal
Qui reflète
vers nous, par ta face déserte
Dans l'immortel
ennui du calme sidéral
Le regret
d'un soleil dont nous pleurons la perte.
O lune, je
t'en veux de ta limpidité
Injurieuse au
trouble vain des pauvres âmes
Et mon cœur,
toujours las et toujours agité
Aspire vers
la paix de ta nocturne flamme.
Sens
global:
On quitte l’univers de la mer, des désirs inassouvis
et des élans enflammés pour une ode calme et méditative dédiée à la lune.
Diane: Déesse dans la mythologie romaine apparentée
entre autres à la lune
Séléné: Personnification de la lune dans la
mythologie grecque, sœur d’Hélios (le soleil) et d’Eos (l’Aurore). Jeune femme
très belle au visage d’une blancheur fait pâlir les étoiles, elle parcourt le
ciel sur un char d’argent attelé de deux chevaux. Ses amours, surtout avec
Pan et Endymion sont célèbres
(Robert II)
Eléments
littéraires:
Deux quatrains d’alexandrins - Rimes croisées - Pas de
répétition de vers
Rapport
musique/texte:
«Une
lente procession d’accords défilent rêveusement entre ciel et terre, d’un pas
on dirait inexpressif» V.Jankelevitch
* Un caractère beaucoup plus calme que
les deux premières pièces, lié au calme d’une nuit où l’on observe la lune
* Exactement comme pour les deux
premières pièces, la courbe mélodique ne respecte pas les degrés d’une tonalité
stable. Les intervalles sont souvent surprenants et liés à une harmonie
extrêmement changeante (exemple cette fois: mib
majeur mes 1, et mi majeur mes 7)
* Aucune similitude mélodique ne se
constate au chant
* Tout comme pour les deux premières pièces on
remarque la récurrence du rythme croche deux doubles
* Ambitus vocal plutôt restreint (octave), pas de
registres extrêmes
* Une mélodie aux notes plutôt
conjointes, pas de grands intervalles vocaux
Le rôle
du piano:
* Le calme de la situation décrite est
donné par le piano au rythme invariable de noires régulières
* Mais comme à chaque fois, une grande richesse
harmonique, de très fréquents changements d’accords et
de tonalités.
4 - Vaisseaux, nous vous aurons aimés (Andante quasi allegretto, ré
majeur)
Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte
Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
Que ce port et mon coeur sont à jamais déserts.
La mer vous a rendus à votre destinée,
Au-delà du rivage où s'arrêtent nos pas.
Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées
Il vous faut des lointains que je ne connais pas
Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d'effroi
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère
Car j'ai de grands départs inassouvis en moi.
Sens
global:
Ce poème est dédié aux derniers bateaux ayant quitté
la terre, qu’on ne reverra plusOn quitte l’univers de
la mer, des désirs inassouvis et des élans enflammés pour une ode calme et
méditative dédiée à la lune.
Eléments
littéraires:
Deux quatrains d’alexandrins - Rimes croisées - Pas de
répétition de vers
Rapport
musique/texte:
* Retour à la tonalité initiale de ré
majeur, bouclant le cycle, de ce point de vue.
* On retrouve un certain balancement
ternaire qu’on avait déjà dans la deuxième pièce
* Un caractère plus lyrique et emporté
* Même si on observe une certaine
stabilité harmonique dans les premières mesures, autour de ré majeur, la courbe
mélodique reste mouvante par la suite
* Aucune similitude mélodique au chant
* Ambitus vocal plutôt restreint (octave),
pas de registres extrêmes
* Une mélodie aux notes plutôt conjointes, pas de grands intervalles
vocaux sauf à la fin où une belle octave fait ressortir «[inassou-]vis en moi»
Le rôle
du piano:
* Soutien rythmique par la régularité du
rythme ternaire
* Comme toujours une grande richesse harmonique, de
très fréquents changements d’harmonies
Sources:
Guide
de la mélodie et du lied ; Fayard, les indispensables de la musique, 1994
L’Education
musicale supplément au n°555-556, septembre-octobre 2008, Bac 2009
* La mélodie française, origines, évolution et rayonnement, article de Francine Maillard
* Gabriel Fauré: Chronologie sommaire, article de Philippe Zwang
* Gabriel Fauré: L’Horizon Chimérique, article de Gérard Moindrot
L’Analyse
musicale, n°57, Septembre 2008, Spécial Bac 2009
*
Les horizons d’un jeune poète: De
* L’écriture vocale dans les mélodies et les opéras entre 1860 et 1921, article de Muriel Joubert
* L’Horizon Chimérique Op.118: le chant du cygne vocal chez Gabriel
Fauré, article de Sophie Comet
* Pistes d’analyse comparée: Les esthétiques de l’eau à l’époque de
Fauré, article de Muriel Joubert
* Fiche de synthèse et bibliographie de Fauré, article de Muriel Joubert
Gabriel
Fauré, Les voix du clair-obscur,
Jean-Michel Nectoux, Fayard, 2e edition, 2008, Paris
Gabriel Fauré, 1924