Johann Sebastian
BACH (1685-1750)
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Portrait par Elias Gottlob Haussmann (1702-1766)
Messe en si mineur BWV 232 (extraits)
Credo
/ Patrem omnipotentem - Et incarnatus est - Crucifixus - Et resurrexit
I - ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
II -
III -
IV - ANALYSE DES EXTRAITS
I - ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
* Johann Sebastian Bach est un des plus
grands compositeurs de tous les temps. Il est allemand, né à Eisenach le 31
mars 1685 et mort à Leipzig le 28 juillet 1750. C’est le compositeur le plus
illustre d’une lignée qui remonte au XVIe siècle. Il perd ses parents à l’âge
de 10 ans et c’est l’un de ses frères qui prendra en charge son éducation.
* Bach n’a pas voyagé, il est toujours
resté dans l’est de l’Allemagne. Il eut des postes dans plusieurs villes,
principalement à:
- Arnstadt 1703-07 se forge une solide réputation dans la
facture d’orgue
- Mühlhausen 1707-08. Epouse sa cousine Maria-Barbara en octobre
1717.
- Weimar 1707-17. Il s’occuppe beaucoup de musique d’orgue.
Epouse sa cousine
Maria-Barbara en octobre 1717.
- Köthen 1717-1723 La cour de
Köthen est calviniste et ne réserve que très peu de place à la musique d’orgue
et aux cantates d’église, deux genres qui constituaient jusque là l’essentiel
de sa production. Il se tourne donc vers la musique instrumentale (suites,
concertos)…. Sa femme meurt en 1720. Il se remarie en 1721 avec Anna-Magdalena.
- Leipzig
1723-1750. Son poste le plus long et le plus important. De cette époque datent
ses grandes œuvres religieuses, le Magnificat
(1723),
(carte
D.Lonca)
*
Il fait partie de la période baroque en musique (1600-1750).
COMPOSITEURS IMPORTANTS DE
|
COMPOSITEUR |
OEUVRES IMPORTANTES |
FRANCE |
Jean-Baptiste Lully (1632-1687) |
Tragédies lyriques Atys, Alceste |
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ITALIE |
Claudio Monteverdi (1567-1643) |
Opéra Orfeo, madrigal Lamento
d’Ariana |
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|
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ANGLETERRE |
Henry Purcell (1659-1695) |
Opéra Didon et Enée |
|
Johann Sebastian Bach (1685-1750) |
Passion
selon St Mathieu |
|
Oratorio «Le
Messie» |
* Il est protestant et suit la doctrine
de Martin Luther
* Plus de 1100 numéros d’œuvres,
principalement:
1) Religieuses (La passion selon St
Mathieu, Cantates) qui sont chantées
2) Pour
orgue et clavecin (Toccata et fugue
en ré mineur pour orgue, préludes et
fugues
du Clavier bien tempéré pour clavecin)
3) Pour
orchestre (Concertos brandebourgeois, concertos pour violon, Suites pour
orchestre..)
* La musique de Bach est réputée pour sa
polyphonie, c'est-à-dire sa faculté à faire dialoguer plusieurs mélodies
entre elles. Cette écriture s’appelle le contrepoint
.
Maison
natale de JS Bach à Eisenach
II -
* La messe est le genre principal de la musique religieuse
occidentale. Elle célèbre le rite de l'eucharistie (pain et vin symbole du
Christ donné aux fidèles). Elle contient toujours ces pièces dites de l’ordinaire (dont le texte ne change
jamais):
1
- Kyrie (Seigneur prends pitié) 2 - Gloria (Gloire au seigneur)
3
- Credo (Je crois en Dieu) 4 - Sanctus (Saint est le
seigneur)
5 - Agnus dei (Agneau de Dieu)
* La première messe
polyphonique complète est celle de Guillaume de Machaut (vers 1300-1377). A
* Parmi les genres de
la musique vocale religieuse, celui de
* Après Bach, la messe
continuera d’être un genre très important. On retiendra par exemple
III -
A - Généralités
* La messe en si mineur de Bach est une
œuvre très longue (environ 2h en général) dont le texte est issu de l’ordinaire (voir chapitre II). Elle se
compose de 25 morceaux dont le caractère varie en fonction du sens du texte.
* Bach est protestant,
et selon la doctrine de Luther compose l’essentiel de ses œuvres religieuses en
allemand, pour que le fidèle, non forcément lettré, puisse participer. Or
- Une des premières raisons est
probablement due au fait que cette œuvre était dédiée à un souverain catholique
auprès de qui Bach sollicitait un emploi (voir chapitre B «Genèse de sa composition».)
- Une autre raison tient au fait que
Bach avec cette œuvre, se situait au-delà des clivages religieux et que la
musique, finalement, importe plus que tout, ainsi que la nécessité d’écrire une
œuvre pour Dieu.
* Elle est composée sur une très grande
période puisque les origines du tout premier morceau datent de 1714 et les
dernières parties datent de 1749.
* Cette messe n’a pas connu d’exécution
globale du temps de sa composition. Après la mort de Bach en 1750, elle fut
totalement oubliée (comme la plupart de son œuvre) et ne fut exhumée qu’en 1833
où elle fut publiée, autour du grand mouvement de résurrection de ses œuvres
initié par Mendelssohn. Il faut attendre 1859 pour l’entendre pour la première
fois en entier.
B - Genèse de sa composition
* La première partie de l’œuvre -
Voici la dédicace que Bach rédigea en envoyant son
œuvre:
«Sérénissime
Prince Electeur, Monseigneur,
C’est
avec la dévotion la plus profonde que je remets à Votre Altesse Royale ce
négligeable résultat de la science que j’ai pu acquérir dans l’art de la
musique. Je vous supplie très humblement de ne pas trop prendre en compte la
pauvreté de cette composition, mais de la considérer avec votre regard
miséricordieux, à la mesure de la clémence qui vous est bien connue, et daignez
me prendre sous votre très puissante protection. Voici plusieurs années que
j’ai eu la direction de la musique des deux églises principales de Leipzig, et,
y travaillant, j’ai du souffrir – sans l’avoir mérité – plusieurs offenses, et
en même temps, d’une diminution des honoraires supplémentaires qui y sont
attachés. Ceci importerait bien peu, si Votre Altesse Royale, avait la grâce de
me conférer la charge de sa chapelle palatine et envoyait pour cela ses ordres
aux autorités compétentes pour en prodiguer le décret. Une telle grâce à mes
humbles instances me lierait à une vénération sans limite, et je m’offrirais,
dans l’obéissance qui vous est due de composer, chaque fois que Votre Altesse
Royale le désirerait, tant de la musique sacrée que de la musique d’orchestre,
en témoignant d’un élan intarissable et en sacrifiant toutes mes forces à votre
service, je demeure dans une infinie fidélité à Votre Altesse Royale. Dresde le
27 juillet 1733. Votre très humble et très obéissant serviteur Jean-Sébastien
Bach» (traduction Ralf Brockmeier)
Bach n’obtint pas le poste convoité
mais réussit malgré tout à avoir le titre de compositeur de la cour de Dresde:
«Décret
relatif à Jean-Sébastien Bach, en tant que Compositeur à
August III (1696-1763 règne de 1733 à 1763), roi de Pologne,
destinataire
de la première partie de la messe (Kyrie et Gloria)
C - Architecture générale, effectif et pluralité des styles
* Il y a 4 grandes parties dans cette messe:
* On rencontre à la fois un style ancien
(emploi du Cantus firmus (voir
lexique) et de modes issus du chant grégorien et un style plus moderne (arias
et duos avec ornementations issues de l’opéra italien)
* Cette messe comprend des chanteurs
solistes, des chœurs et un orchestre (trompettes, flûtes, hautbois, bassons,
violons, altos, violoncelles, basse continue). Cet effectif est variable selon
les pièces.
Vue de Dresde
par Canaletto
Présentation générale:
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TITRE |
FORMATION |
TONALITE MESURE |
PARODIE |
TEXTE |
TRADUCTION |
|
I - MISSA
(1733) |
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KYRIE |
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1 |
Kyrie eleison |
Chœur, tutti |
Si m 4/4 |
|
Kyrie eleison |
Seigneur, ayez pitié |
2 |
Christe eleison |
Sopranos I et II Violons I et II |
Ré M 4/4 |
|
Christe eleison |
Christ, ayez pitié |
3 |
Kyrie eleison |
Chœur Tutti sans cuivres |
Fa# m 4/2 |
|
Kyrie eleison |
Seigneur, ayez pitié |
|
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GLORIA |
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4 |
Gloria in excelsis |
Chœur, tutti |
Ré M 3/8 |
|
Gloria in excelsis deo |
Gloire à Dieu au plus haut des cieux |
|
Et in terra pax |
Chœur |
Ré M 4/4 |
|
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis |
Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté |
5 |
Laudamus te |
Soprano II Violon solo et cordes |
|
|
Laudamus te, Benedicimus te, Adoramus te,
Glorificamus te |
Nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous
adorons, nous vous glorifions |
6 |
Gratias agimus tibi |
Chœur, tutti |
Ré M 2/4 |
=Dona nobis pacem Cantate BWV 29/2 |
Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam |
Nous vous rendons grâce pour votre gloire immense |
7 |
Domine Deus |
Soprano I Flûte solo, cordes |
Sol M 4/4 |
BWV 193a/5 |
Domine Deus, Rex cælestis, Deus pater omnipotens,
Domine fili unigenite Jesu Christe |
Seigneur Dieu, roi des cieux, Dieu Père tout
puissant. Seigneur, fils unique de Dieu, Jésus Christ |
8 |
Qui tollis peccata mundi |
Chœur, flûtes, cordes |
Si m 3/4 |
BWV 46/1 |
Qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Qui tollis
peccata mundi, suscipe deprecationem nostram |
Vous qui effacez les pêchés du monde, recevez notre prière |
9 |
Qui sedes ad dexteram
patris |
Alto, hautbois d’amour, cordes |
Si m 6/8 |
|
Qui sedes ad dexteram patris, miserere nobis |
Vous qui siégez à la droite du Père, ayez pitié de
nous |
10 |
Quoniam tu solus sanctus |
Basse, cor de chasse, 2 bassons |
Ré M 3/4 |
|
Quoniam tu solus sanctus, tu solus Dominus, tu solus
altissimus, Jesu Christe |
Car vous êtes le seul saint, le seul Seigneur, le
seul très haut Jésus Christ |
11 |
Cum sancto spiritu |
Chœur, tutti |
Ré M 3/4 |
|
Cum sancto spiritu, in gloria dei patris, Amen |
Avec le Saint-Esprit dans la gloire de Dieu le père.
Ainsi soit-il. |
|
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TITRE |
FORMATION |
TONALITE MESURE |
PARODIE |
TEXTE |
TRADUCTION |
|
II - CREDO
(SYMBOLUM NICENUM) |
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12 |
Credo |
Chœur, cordes |
Mode de sol sur la (mode mixolydien) 4/2 |
BWV 171/1 |
Credo in unum Deum |
Je crois en un seul Dieu |
13 |
Credo in unum deum / Patrem omnipotentem |
Chœur, tutti sans
flûtes |
Ré M 2/2 |
BWV 171 ah bon ? |
Patrem omnipotentem factorem cæli et terrae,
visibilium omnium, et invisibilium |
Le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre,
de tout l’univers visible et invisible |
14 |
Et in unum Dominum |
Soprano I, alto, hautbois d’amour, cordes |
Sol M 4/4 |
BWV 213/11 |
Et in unum Dominum, Jesum Christum, Filium Dei
unigenitum. Et ex Patre natum ante omnia saecula. Deum de Deo, lumen de lumine,
Deum verum de Deo vero. Genitum non factum, consubstantialem Patri: per quem
omnia facta sunt. Qui propter nos homines, et propter nostram salutem
descendit de cælis. Et incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria virgine: et
homo factus est |
Et en un seul Seigneur, Jésus Christ, fils unique de
Dieu, né du Père avant tous les siècles. Dieu né de Dieu, Lumière née de la
lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au
Père, par qui tout a été fait, qui pour nous autres hommes et pour notre
salut, est descendu des cieux. Qui s’est incarné par l’opération du
Saint-Esprit dans le sein de la vierge Marie, et s’est fait homme. |
15 |
Et incarnatus est |
Chœur, cordes |
Si m 3/4 |
|
Et Incarnatus est de spiritu sanctu ex Maria Virgine,
et homo factus est |
Il s’est incarné par l’opération du Saint Esprit dans
le sein de la vierge Marie et il s’est fait homme |
16 |
Crucifixus |
Chœur, cordes, flûtes |
Mi m 3/2 |
Cantate BWV 12 de 1714 |
Crucifixus etiam pro nobis sub Pontio Pilato, passus
et sepultus est |
[Le Christ] a été crucifié pour nous sous Ponce
Pilate, il a souffert et a été mis au tombeau |
17 |
Et resurrexit |
Chœur, tutti |
Ré M 3/4 |
BWV Anh.9/1 de 1725 ? |
Et resurrexit tertia die, secundum scripturas. Et
ascendit in cælum, sedet ad dexteram Dei patris, et iterum venturus est cum
gloria judicare vivos et mortuos, cujus regni non erit finis |
Et, il est ressuscité le troisième jour suivant les
écritures: il est monté au ciel et il est assis à la droite de Dieu le père.
Et il reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts, et son
règne n’aura pas de fin |
18 |
Et in spiritum sanctum |
Basse, hautbois d’amour |
|
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Et in spiritum sanctum, Dominum et vivificantem, qui
ex Patre Filioque procedit, qui cum Patre et filio simul adoratur et
conglorificatur, qui locutus est per prophetas. Et unam sanctam catholicam et
apostolicam ecclesiam. |
Et au Saint-Esprit qui est le Seigneur qui donne la
vie, qui procède du Père et du Fils. Qui, conjointement avec le Père et le
Fils est adoré et glorifié, qui a parlé par les prophètes. Et à l’Eglise une,
Sainte, catholique et apostolique |
19 |
Confiteor |
Chœur |
Fa# m 2/2 |
|
Confiteor unum baptisma in
remissionem peccatorum |
Je reconnais un seul baptême pour la rémission des
péchés. |
20 |
Et expecto resurrectionem |
Chœur, tutti |
Ré M 2/2 |
BWV 120/2 |
Et expecto resurrectionem mortuorum et vitam venturi
saeculi. Amen. |
Et j’attends la résurrection des morts, et la vie
des siècles à venir. Amen. |
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III - SANCTUS |
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21 |
Sanctus |
Chœur, tutti sans flûtes |
Ré M 4/4 |
|
Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus sabaoth. Pleni sunt cæli et terra gloria ejus |
Saint, Saint, Saint est le Seigneur. Dieux des
armées. Les cieux et la terre sont remplis de sa gloire. |
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IV - OSANNA BENEDICTUS AGNUS DEI DONA NOBIS |
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22 |
Osanna in excelsis |
Chœur, tutti |
Ré M 3/8 |
BWV 215/1 |
Osanna in excelsis |
Hosanna au plus haut des cieux |
23 |
Benedictus |
Tenor, flûte |
Si m 3/4 |
|
Benedictus, qui venit in nomine Domini |
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur |
|
Osanna (da capo) |
Chœur, tutti |
Ré M 3/8 |
BWV 215/1 |
Osanna in excelsis |
Hosanna au plus haut des cieux |
24 |
Agnus Dei |
Alto, violons I et II |
Sol m 4/4 |
BWV 11/4 |
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, Miserere nobis |
Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, aie
pitié de nous |
25 |
Dona nobis pacem |
Chœur, tutti |
Ré M 4/2 |
Gratias agimus Cantate BWV 29/2 |
Dona nobis pacem |
Donne nous la paix |
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IV - ANALYSE DES
EXTRAITS
* Les pièces à analyser pour le bac sont
toutes issues de la 2e partie de la messe appelée le CREDO. Bach l’appela le Symbolum
Nicenum en référence à la ville de Nicée en turquie (Iznik en turc), proche
d’Istanbul qui abrita un concile en 325, c'est-à-dire une assemblée d’évêques
établissant les règles de la foi en rédigeant des lois ou des canons. Ce
concile fixa le texte du Credo commun et reconnus par les confessions
Catholiques, Orthodoxes et Protestantes. Le
Symbole de Nicée est une profession de foi commune aux trois grandes
confessions chrétiennes, le catholicisme, l'orthodoxie et le protestantisme.
* Les pièces qui constituent le Credo
sont les suivantes (en gras celles au programme):
Credo in
unum Deum - Credo in unum Deum Patrem omnipotentem - Et in unum deum - Et
incarnatus est - Crucifixus - Et resurrexit - Et in spiritum sanctum -
Confiteor - Et exepecto resurectionem mortuorum
1 - CREDO - Chœur et orchestre
Credo
in unum Deum |
Je crois en un seul Dieu |
* Effectif: violons I, violons II, chœur à 5 voix,
continuo
* Un texte au caractère solennel et imposant: il s’agit d’affirmer
pleinement et clairement sa profession de foi.
* Cette pièce est écrite comme une fugue
(voir lexique), c'est-à-dire que chaque voix énonce un thème décalé dans le
temps. S’en résulte un un contrepoint complexe.
* Le thème de cette fugue est inspiré d’un thème de
chant grégorien remontant au moyen-âge
* Il est énoncé en valeurs longues aux 5
voix du chœurs puis aux deux parties de violons, faisant donc une fugue à 7
voix
* Les valeurs longues du début de ce
thème donnent à celui-ci des allures de Cantus firmus (voir lexique), pratique
qui se faisait dans le passé à
* Les valeurs longues du thème
permettent à celui-ci d’être mis en valeur à travers un discours contrapuntique
bavard des 6 autres voix.
* Le continuo (violoncelles,
contrebasses) joue des valeurs courtes et régulières tout le temps, donnant une
régularité rythmique à l’ensemble
* Aux apparences d’un la majeur
correspond en réalité un mode mixolydien (mode de sol, le mode majeur avec une
sous-sensible, transposé sur la), l’armure à 2# atteste de ce mode transposé 1
ton au dessus de sa fondamentale de référence.
* Si les violons sont des voix à part
entière, ils commencent aussi à avoir un rôle ornemental à partir des mesures
34 et 35.
* Son fils Carl Philip Emmanuel donna ce
Credo en 1786 à Hambourg en y ajoutant une introduction orchestrale.
2 - PATREM
OMNIPOTENTEM - Chœur et
orchestre
Patrem
omnipotentem factorem cæli et terrae, visibilium omnium, et invisibilium |
Le Père tout puissant, créateur du
ciel et de la terre, de tout l’univers visible et invisible |
* Effectif: trompettes, timbales, hautbois, violons I,
violons II, chœur à 5 voix, continuo
* Le texte est le même que dans la pièce précédente,
couplé à un nouveau.
* Le puissance invoquée par le texte est
exprimée par un effectif orchestral plus large, faisant place aux trompettes.
L’orchestration est plus riche que dans la pièce précédente, dans un souci de
grandeur et d’universalité porté par le texte.
*
Dans les 42 premières mesures, ce sont les sopranos et alto qui ont le
texte du Credo pendant que les voix
masculines ont le nouveau texte du Patrem.
Dans la seconde partie qui fait exactement le même nombre de mesures (42),
cette répartition est inversée.
* On remarquera la tonalité de ré
majeur, toujours triomphante, un climat emprunt de gaité, de légèreté, quasi
jubilatoire, et la présence importante de vocalises
3
- ET INCARNATUS - Chœur et
orchestre
Et
Incarnatus est de spiritu sanctu ex Maria Virgine, et homo factus est |
Il s’est incarné par l’opération du
Saint Esprit dans le sein de la vierge Marie et il s’est fait homme |
* Effectif: violons I, violons II, chœur à 5 voix,
continuo. Si mineur.
* Le texte est le noyau dur du
mystère chrétien: on évoque l’apparition humaine de l’esprit divin. Cette pièce
nous place au centre du véritable mystère chrétien, qui met en musique le
mysticisme inhérent de ce Messie né d’une vierge, et incarnation humaine de
Dieu. La musique qui en résulte a un caractère très mystérieux, solennel,
riche, et extrêmement émouvant.
* On a trois plans sonores: les violons
ont un motif unique pour toute la pièce, au rythme inchangé. Les notes ne
varient qu’en fonction de l’harmonie. Le continuo maintient un rythme pulsé et
identique tout du long (sauf à la toute fin quand il reprend le motif des violons).
Cette austérité orchestrale a pour but d’installer l’auditeur dans une
régularité qui permet aux voix d’être mises en valeur. Toute son attention se
concentre sur elles et le texte qui est le plus important.
* L’harmonie est très riches et comporte
de nombreuses dissonances renforçant le caractère mystérieux du texte
* Le plan de cette pièce est constitué de trois parties: les deux
premières relativement identiques sur le même texte Et Incarnatus est de spiritu sanctu ex Maria Virgine, et une troisième
isolée avec le cœur du texte le plus important: et homo factus est.
1 à 3 |
4 à 13 |
13 à 20 |
23 à 32 |
32 à 39 |
41 à fin (49) |
(intro) |
Et incarnatus |
Ex maria virgine |
Et incarnatus |
Ex maria virgine |
Et homo factus est |
L’orchestre (violons, continuo) installent le pourtour
instrumental (motif et pulsation)
Les trois premières entrées se font de plus en plus aiguës
Traitement syllabique du texte (1 note pour une
syllabe). Après l’entrée des voix en imitation, elles donnent le texte au même
moment: cela apporte une bonne compréhension du texte pour l’auditeur
Un motif nouveau sur ex Maria Virgine énoncé par deux fois à chaque fois en tierces
Symétrie avec le premier Et incarnatus car les voix entrent en imitation également, mais
la distribution a changé, et la tonalité aussi (fa# mineur cette fois)
Symétrie également avec ex Maria Virgine. La distribution des voix a changé.
Nouveau motif sur Et homo factus est. Motif ascendant par paliers d’une très
grande intensité car le texte est très fort à ce moment là: tout le mystère et
la beauté de l’incarnation de l’esprit saint en homme est ici rendu.
4
- CRUCIFIXUS
- Chœur et orchestre
Crucifixus
etiam pro nobis sub Pontio Pilato, passus et sepultus est |
[Le Christ] a été crucifié pour nous
sous Ponce Pilate, il a souffert et a été mis au tombeau |
* Effectif: flûtes I et II, violons I, violons II,
altos, chœur à 4 voix, continuo. Mi mineur.
* La partie la plus douloureuse de la
vie du Christ pour lui et ses proches: c’est sa crucifixion, sa mort. Le
caractère s’en trouvera évidemment lourd, pesant, triste. Bach reprend ici une
pièce extraite d’une composition assez ancienne, puisqu’il faut remonter à 1714
dans le chœur de la cantate Weinen -
Klagen Sorgen – Zagen BWV 12 pour trouver la source de ce Crucifixus. (Les pleurs et les lamentations, les tourments et le découragement,
L’angoisse et la détresse, Voilà le pain noir des chrétiens, Qui portent le
fardeau de Jésus).
* Il s’agit d’une chaconne, c'est-à-dire d’une pièce dont le
continuo observe un même motif répété inlassablement. On parle aussi d’ostinato.
Le motif de basse est répété 12 fois auquel est rajouté une 13e
section différente en sol majeur. A la manière d’un Lamento Ce motif contient en germe la douleur inspirée du texte: il
procède d’un chromatisme descendant, procédé figuraliste bien connu pour
évoquer la mort et la tristesse (comme dans la mort de Didon de Purcell par exemple).
* Sur cette basse immuable, cordes et flûtes marquent une vigoureuse
pulsation par des notes régulières et valeurs rythmiques simples. Cet habillage
orchestral est destiné bien sûr à mettre en valeur les voix qui énoncent toutes
une à une le mot Crucifixus avec des
intervalles parfois extrêmement dissonants (quintes diminuées, secondes
augmentées), autre figuralisme propre à exprimer la douleur portée par le
texte.
*
Un ajout remarquable par rapport à la version initiale est l’ensemble des
dernières mesures: alors que la tonalité de mi mineur était clairement affirmée
voire martelée par cette basse de chaconne pendant toute la pièce, un éclairage
subtil et magnifique vers sol majeur se fait entendre à la toute fin, lorsque
ne subsistent que les voix et le continuo. Marqué dans le manuscrit original de
la nuance piano, il apparaît clair
que Bach - alors que la pièce n’est pas terminée - lève un voile prémonitoire
sur la suite des événements: après la crucifixion, c’est la joie de la
résurrection.
* Les flûtes et les cordes se complètent
en assurant la continuité rythmique de la mesure à 3 temps sur des motifs plus
rythmiques que mélodiques. Encore une fois, cette austérité orchestrale a pour
but d’installer l’auditeur dans une régularité qui permet aux voix d’être mises
en valeur. Toute son attention se concentre sur elles et le texte qui est le
plus important.
* La plupart des lignes vocales et instrumentales sont descendantes, ce
qui constitue un exemple fort de figuralisme: les lignes descendantes
symbolisent la chute et la mort.
JS Bach jeune
5
- ET RESURREXIT - Chœur et
orchestre
Et
resurrexit tertia die, secundum scripturas. Et ascendit in cælum, sedet ad
dexteram Dei patris, et iterum venturus est cum gloria judicare vivos et
mortuos, cujus regni non erit finis |
Et, il est ressuscité le troisième
jour suivant les écritures: il est monté au ciel et il est assis à la droite
de Dieu le père. Et il reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les
morts, et son règne n’aura pas de fin |
*
Effectif: trompettes, timbales, flûtes, hautbois, violons I, violons II, altos,
chœur à 5 voix, continuo. Ré majeur.
* Le retour des
trompettes et timbales et de la tonalité de ré majeur signifie évidemment que
le texte a totalement changé de caractère par rapport à la pièce précédente:
c’est la joie de la résurrection du Christ.
* Joie, virtuosité,
fort volume sonore, tutti orchestral (tout l’orchestre) contribuent à exprimer
le sens du texte.
* A noter dès le départ la belle
homorythmie des voix et de l’orchestre: cela rend le texte plus compréhensible,
et lui donne plus de force. Ce qui n’empêche pas quelques épisodes en imitation
(mes 10 et suivantes) et des vocalises jubilatoires. Ce début fait entendre aux
sopranos et aux vents un motif qui sera récurrent.
* Il y a de temps en temps quelques
interludes orchestraux (sans voix, donc), dont un qui mène a un solo de basse
(mes 74) mettant en valeur le texte et
iterum venturus est cum gloria judicare vivos et mortuos
* Après ce solo de basse se fait
entendre une réexposition du tout début, mais sur un texte différent: cujus regni non erit finis
Opposition clairement établie entre le Crucifixus et le Et resurrexit:
CRUCIFIXUS |
ET RESURREXIT |
Ternaire |
Binaire |
Mi mineur |
Ré majeur |
Intimisme Effectif orchestral
restreint |
Brillant Tutti orchestral |
Contrepoint sur basse
obstinée chaconne qui rappelle le style ancien |
Style concertant :
modernisme |
Chromatisme |
Diatonisme |
Lignes mélodique
descendantes |
Lignes mélodique
ascendantes |
Caractère lourd, sombre,
pesant |
Rayonnant, très rythmique |
CONCLUSION
Cette
Messe en si est plus une somme du passé que témoignant des changements musicaux
à venir. Comme pour l’Art de la fugue
ou L’offrande musicale, les œuvres
achevées à la fin de la vie de Bach demeurent totalement sourdes à l’esthétique
galante que ses fils porteront ou même son contemporain Telemann. D’un
contrepoint résolument savant et de part la présence permanente du continuo,
cette Messe en si est un monument testimonial de toute l’œuvre de Bach. Un «chef d’œuvre suspendu dans le vide»
affirme A.Basso montrant par la situation isolée de cette œuvre au regard de
son temps.
«Ainsi, une
œuvre comme
LEXIQUE
BAROQUE:
Terme appliqué au départ à l’architecture, la peinture et de façon
générale à l’art du XVIIe siècle, opposé à celui de
CANTATE: composition religieuse comprenant des arias (airs pour
chanteur soliste et accompagnement), des chœurs, des récitatifs. Bach en
composa environ 200.
CANTUS
FIRMUS: Mélodie empruntée (souvent
d’origine grégorienne [du chant
grégorien]) citée à une certaine voix dans une composition polyphonique* de
la fin du Moyen Age ou de
CHORAL: pièce vocale de tradition protestante à plusieurs
voix sur un texte religieux. Le plus souvent le choral observe une certaine
homorythmie. Cette simplicité rythmique est due à la nécessité de le faire
chanter aux fidèles pendant l’office . Exemples: chorals de
CONTREPOINT: du latin «punctus contra puctus». Art de combiner des lignes mélodiques entre elles.
FIGURALISME:
Ensemble de techniques musicales
propres à représenter directement une idée portée par le texte. Exemple: une gamme ascendante sur le
texte «Et ascendit»
FUGUE:
pièce polyphonique (à plusieurs voix)
fondée sur le principe de l’imitation*. Le thème de la fugue (appelé sujet) est
d’abord exposé seul à une voix puis successivement aux autres voix. Viennent
ensuite plusieurs épisodes appelés divertissements. Fugues de Bach (1685-1750).
MODULATION: Passage d’une tonalité à une autre.
PASSION: C'est le récit
de la fin de la vie du christ, de son procès à la mort sur la croix. Elle se
compose d'arias et de
récitatifs (comme l'opéra) mais ne contient pas de mise en
scène.
Exemple:
Passion selon St Matthieu de Bach (vers 1730)
PEDALE: Même note tenue longtemps (souvent à la basse). Fixe
et immuable, elle affirme la tonalité d’un passage alors que les accords des
autres voix ou instruments au dessus d’elle évoluent plus ou moins librement.
(ex: 5e concerto pour piano de Beethoven, 2e mouvement
mes 72.
RECITATIF: Parties de l'opéra (ou d’une passion*) qui sont
déclamées et font progresser l'action. Il existe deux formes: le récitatif
"secco" accompagné de quelques accords au clavecin et le
récitatif "accompagné" où l'accompagnement instrumental est
plus riche. Voir dans Don Giovanni de
Mozart (1756-1791)
Statue de Bach à Leipzig
Quelques interprétations:
-
Monteverdi Choir, The english baroque soloists, dir John Eliot Gardiner, 1985
-
Akademie für Alte Music Berlin, dir René Jacobs, 1993
-
Les musiciens du Louvre, dir Marc Minkovski. 2 choristes seulement par
pupitres dans les chœurs !
SOURCES:
Livres:
Jean-Sébastien Bach, Alberto Basso, traduit de l’italien par Hélène
Pasquier, Fayard, 1983, 1985 pour l’édition française.
Bach, une vie, Davitt Moroney, Actes Sud / Crea, 2000. Traduit de
l’anglais par Dennis Collins
Magnificat Jean-Sébastien Bach, Le Cantor, Paule du Bouchet, Découvertes Gallimard musique, 1991
Petit journal d’Anna-Magdalena Bach (trouver titre exact), autobiographie fictive rédigée
par Esther Meynell en 1930
La musique baroque, Manfred Bukovzer. Traduit de l’américain par
C.Chauvel, D.Collins, F.Langlois, N.Wild.Edition américaine de 1947. Edition
française de 1982 revue en 1988. JC Lattès
Articles:
Johann Sebastian Bach: H-Moll-Messe
(Messe en si mineur), BWV 232, article
d’Edith Weber dans L’Education Musicale
Bac 2011, supplément au n°567
L’Analyse musicale n°63, spécial Bac
2011, Septembre 2010:
- Musique et
vie religieuse au temps de JS Bach,
Xavier Bisaro
-
- Cinq parties
du Symbolum Nicenum de
Préface à l’édition de
Traduit
de l’allemand à l’anglais par Edward Olleson
Musique de cantors, style de maître de
chapelle et art savant: considérations sur l’histoire et la pratique
d’exécution de
Messe en si mineur BWV 232, articles de Martina Hochreiter traduit de l’allemand
à l’anglais par John Blundell et de Danilo Prefumo, traduit de l’italien par
Christiane Ghier. Notice du CD JS Bach – Messe BWV 232 h-moll, Diego Fasolis
(direction), RSI, 1997
Usuels:
Guide de la musique sacrée et chorale
profane, l’âge baroque 1600-1750, sous
la direction d’Edmond Lemaître, Fayard, Les indispensables de la musique, 1992
Internet:
Site
du manuscrit
JS BACH - Messe en si mineur. Présentation d’Eric Michon, Inspecteur Pédagogique
Régional de musique de l’académie d’Orléans-Tours
JS BACH - Messe en si mineur. Présentation de Didier Lonca, professeur au lycée
Lopuis Barthou et au collège de Bizanos
Blog
de Jean-Marc Onkelinx, conférencier-musicologue
http://jmomusique.skynetblogs.be/tag/musique
religieuse
Maison
natale de Bach:
Films documentaires:
Les grands compositeurs: Bach. Tiré de la série télévisée Les grands compositeurs de
The great composers: Bach. Filmé dans les lieux où vécu Bach (Leipzig, Coëthen,
Arnstadt, réalisé par K.Russmann. Euro Arts & L.E Vision, Leipzig, en
coopération avec ZDF/ARTE/NHK Tokyo. Dvd chez www.brillantclassics.com
Films:
Si
la vie rangée de Bach a du mal à inspirer un scénario romanesque, elle n’en a
pas moins suggéré deux films très différents:
Chronique d’Anna-Magdalena Bach. Film noir et blanc de Danièle Huillet et Jean-Marie
Straub, Allemagne, 1967. D’une grande modestie de moyens, qui suit les lignes
du journal d’Anna-Magdalena Bach. Très intime, émouvant certainement très
proche de la réalité. De larges extraits musicaux interprétés par Gustav
Leonardt dans le rôle de Bach.
Il était une fois Jean-Sébastien Bach de Jean-Louis Guillermou, 2003. Avec Christian Vadim.
Quasiment aucun intérêt, dialogues plats, aucune intrigue, et surtout la
musique fait plus tapisserie qu’elle n’est au centre de l’action et du drame. A
éviter.