Marc-André
DALBAVIE (1961-)
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«Color», pour
orchestre (2001)
I -
ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
II -
STYLE DE DALBAVIE
III - COLOR:
GENERALITES
IV - ANALYSE
Villa Medicis, à Rome
I - ELEMENTS
BIOGRAPHIQUES
* Marc-André Dalbavie est un compositeur français né en 1961. Il étudie au Conservatoire de Paris la
composition, l’électroacoustique, l’analyse, l’informatique et la direction
d’orchestre. Il est aujourd’hui professeur d’orchestration.
* Résident à
* De 1985 à 1990, il participe aux
activités du département de recherche musicale à l'Ircam (Institut de recherche
et de coordination acoustique/musique), où il aborde la synthèse numérique et
la composition assistée par ordinateur. Sa première oeuvre réalisée à l'Ircam, Diadèmes, le fait connaître dans le
monde entier, et cette pièce est régulièrement jouée.
* Pour avoir ouvert la musique
contemporaine dans des directions multiples, Marc-André Dalbavie est
aujourd’hui l’un des compositeurs les plus joués de sa génération. Il a reçu
les commandes des orchestres les plus prestigieux.
II - STYLE
DE DALBAVIE
A) Héritier des compositeurs de musique
spectrale
* Claude Debussy (1862-1918)
avait commencé à tracer la voix à une musique davantage marquée par la couleur,
une musique qui s'émancipe peu à peu de la mélodie. Ecouter par exemple La mer, pour orchestre.
* Initiée par Gérard Grisey
(1946-1998) et Tristan Murail (1947-), la musique spectrale se développe en
France au milieu des années 1970. Dalbavie découvre cette musique dans sa
jeunesse. Retenons Partiels de
Grisey.
* La musique spectrale est une
musique dont tout le matériau est dérivé des propriétés acoustiques du son.
Il y a trois principes à la base de la musique spectrale:
-
Prise en compte du phénomène de perception pour que la musique soit de nouveau
accessible à tout auditeur, contrairement à la musique sérielle de Pierre
Boulez (Structures, pour piano) ou de
Karlheinz Stockhausen, par exemple, trop spéculative et intellectuelle.
- Fusionner
acoustiquement les différents sons simultanés d'un orchestre
-
Importance de la transformation continue et de la notion de processus: les
éléments du discours sont sans cesse mouvants et fusionnants.
* Si la musique de Bach, par exemple,
part de l’abstrait pour aller vers une concrétisation par des instruments, avec
la musique spectrale, c’est l’effet inverse: on part des propriétés du son
acoustique pour donner un sens au discours. Le sens est déduit du son.
C’est une idée que l’écrivain Stéphane Mallarmé (1842-1898) avait déjà défendue
en son temps et qui avait séduit Debussy.
* Après l’apparition de la musique atonale au
début du XXe siècle avec Arnold Schönberg (1874-1951, avec Pierrot lunaire, par exemple), il était de bon ton pour les
avant-gardistes d’après 1945 (Boulez, Ligeti, Stockhausen) de ne jamais
retourner à la musique tonale. Or justement, la musique spectrale permit que
la consonance pouvait être à nouveau admise sans que ce soit un retour en
arrière à la tonalité. Cependant, Dalbavie regrette que les compositeurs spectraux
n’accordent que peu de place à la mélodie.
* Dalbavie aura ainsi réintégré la
consonance, la mélodie et la pulsation rythmique (comme dans la 2e
partie de Color), redéployé les
genres du concerto ou de certaines formations de musique de chambre, redonné à
la voix sa fluidité mélodique. Dalbavie regrette que la musique spectrale
ait abandonné la mélodie, qui est pour lui une donnée fondamentale de la
musique. Pour cette raison il prend sa distance avec les compositeurs spectraux.
* Dalbavie utilise la technique du morphing, c'est-à-dire d’une musique qui
se transforme progressivement par processus
successifs.
B) De l’importance
de l’espace dans ses oeuvres
* L’espace dans lequel sont jouées
ses œuvres est au centre de ses préoccupations. Sa production regroupe un
ensemble de pièces spatialisées dans lesquelles l’auditeur est immergé: dans
Non-lieu, par exemple, la scène est
vide, et les quatre chœurs de femmes et l’ensemble instrumental sont répartis
dans la salle autour du public. Dans le concerto pour violon, l’orchestre est
à la fois sur scène et dans la salle.
Le Carnegie Hall à New-York où fut créée Color en mars 2002
III - COLOR,
GENERALITES
* Color est une œuvre
pour orchestre symphonique en
un seul mouvement composée en 2001. Elle est créée (jouée la première fois en
mars 2002 au Carnegie Hall à New-York
* L’effectif est constitué de 3 flûtes,
3 hautbois, 3 clarinettes, 3 bassons, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba,
3 percussionnistes, timbales, harpe, piano, cordes
* Le titre de cette
œuvre a un double sens: il évoque d’abord tout simplement la couleur et le timbre
d’un son, mais aussi l’importance de la mélodie: dans la musique médiévale
(dans les motets de Guillaume de Machaut par exemple XIVe siècle), on appelle
la mélodie la color, indépendamment
du rythme qu’on appelle la talea.
* Dalbavie explique que Color est construite à la manière d’un DJ
qui a à sa disposition des outils tels qu’une chambre d’écho, de réverbération,
différents filtres de fréquences, et qui
construit son œuvre en mixant les différentes couches de sons qui vont se
surajouter les unes aux autres, s’interpoler, se superposer, qui alternent les
unes avec les autres.
* Dans Color, Dalbavie
simule des effets sonores que l’on pourrait obtenir à partir d’un ordinateur tels
que la réverbération, le délai, le déphasage, l’écho, morphing (transformation
progressive du son). Par exemple, il obtient un effet de réverbération en
faisant jouer une succession d'échos répétés s'atténuant progressivement et
ajoutés au son initial.
*
On constate de nombreuses superpositions:
- superpositions
rythmiques: rythmes lents/rapides, accélérations/décélérations, passages
rapides (2e partie), passages statiques (1ère partie)
- superpositions
de registres extrêmes (aigu/grave)
- superpositions harmoniques
dans lesquelles la tonalité et l’atonalité se côtoient dans ce que Dalbavie appelle la métatonalité, un concept
englobant les deux.
* Présence de mélodies
* Opposition tension - détente
* Richesse des modes de jeux instrumentaux: pizzicatti,
sourdines wah wah aux cuivres, flatterzung (manière de jouer de la flûte de
manière très percussive) par exemple
*Dalbavie tient du
compositeur Gyorgy Ligeti (1923-2006) le fait que la musique se transforme de
façon continue, comme dans le célèbre Continuum
pour clavecin (1968)
IV- ANALYSE
On observe 4 grandes sections dans cette œuvre:
Section I : jusqu'à 6'56 (mesure 80)
- Grandes plages tonales (accord de ré mineur) à
partir d'un cluster du piano
-
Effet de résonance perpétuelle aux cordes, grandes tenues et notes pédale
- Accumulation
de tensions jusqu'à un fff puis trajet
descendant, jusqu'à l'axe de résonance,
effet d'écho.
- Mélodie émergente présentée au piano, ponctuée
d'agrégats dans les graves
Section
II : jusqu'à 11'50 (mesure 235).
- Plus
grande intensité que dans la section I
- On observe une pulsation stable: ostinato sur la
note sol (répétée longtemps)
- Changement
de rythme, d'ambiance, pulsation rapide des violons, relayée des contrebasses
puis piano
- Grand
glissando et decrescendo à la fin de la section
Section
III : jusqu'à 15'44 (mesure 298)
- Grand contraste avec section précédente, beaucoup
plus calme
- Accords
consonants dans un style choral, glissando des cordes
- Effets
de nuances, échanges entre les voix
-
Beaucoup de tenues et clusters aux cordes
- Glissando
aux cordes montant vers l'aigu et amenant la dernière section
Section
IV : jusqu'à la fin
-
Cette partie débute par un immense accord à la fois tonal (accord de la mineur)
et teinté de dissonances.
- Effet
de réverbération sur clusters des contrebasses et trombones
COMPOSITEURS ESSENTIELS DU XXe SIECLE
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Claude Debussy |
Igor Stravinsky Le sacre du
printemps |
Pierrot lunaire |
Bela Bartok |
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Edgar Varèse |
Olivier Messiaen |
Gyorgy Ligeti |
Karlheinz Stockhausen (1928-2007) Klavierstücke
XI |
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Iannis Xenakis |
Pierre Henry |
Pierre Boulez |
SOURCES
Site
de lrcam www.ircam.fr
Site de Radio France/pédagogie
Présentation de Céline Leconte (Académie de Rouen)
Color, Marc-André
Dalbavie, dossier du CNDP, dossier
réalisé sous la direction de Cécile Reynaud
Espace,
ligne, couleur, pochette du cd «Dalbavie,
Color» par Guy Lelong, éditions
Naïve 2004
L’Education
Musicale. Supplément n°567 Septembre/Octobre 2010, Bac 2011
- Brown
Stacey, Color de Marc-André
Dalbavie : entre séries, spectres et processus
- Stevance
Sophie, La symphonie comme lieu de
recherche – création. Color de Marc-André Dalbavie,