BARTOK Bela (1881-1945)
Contrastes pour clarinette, violon et piano Sz.111
(1938)
1- Verbunkos
2- Pihenö
3- Sebes
On connaît
la passion qu’avait Bartok et son camarade Kodaly
pour les musiques populaires hongroises. Parallèlement à son activité de
compositeur, il ne cesse de découvrir en scientifique ce patrimoine, faisant de
lui un des premiers ethnomusicologues. Dans Contrastes
(1938), Bartok s’inspire de l’esprit populaire hongrois
pour écrire une œuvre moderne, "savante" et virtuose; la première
mouture s’appelait d’ailleurs Rhapsodie
pour clarinette et violon et comprenait déjà les premiers et troisièmes
mouvements de ce qui allait devenir Contrastes.
Cette première Rhapsodie fut jouée la
première fois en janvier 1939 à New-York,
correspondant aux termes de la commande du clarinettiste Benny Goodman mais la
création complète et l’enregistrement (par le compositeur) n’eurent lieu que l’année
suivante.
Bartok n’a finalement pas suivi
les prescriptions de la commande qui lui demandait une œuvre en deux mouvements:
«Si possible, la pièce sera composée de
deux parties indépendantes (avec la possibilité de les jouer séparément – comme
la première rhapsodie pour violon) et bien sûr, en espérant qu’elle contiendra
de brillantes cadences pour violon et clarinette» (B.Goodman).
Il fusionna la forme binaire populaire de la rhapsodie hongroise (lent-vif) avec une forme tripartite plus classique. Les trois
mouvements correspondent à trois danses populaires: Verbunkos, Pihenö, Sebes.
La première est à l’origine une danse de "recrutement" pour enrôler
les soldats dans l’armée impériale. De forme ABA, elle introduit le thème
principal rapidement, qui restera le motif principal. Le piano n’a qu’une
partie d’accompagnement, laissant aux deux autres
instruments la partie principale. La deuxième danse "de relaxation", Pihenö, évoque
une atmosphère nocturne. Enfin la troisième, Sebes, rapide: un violon à la
sonorité désaccordée (l’accord est exprès modifié) donne le départ de cette
danse endiablée. C’est une pièce complexe dans laquelle fusionnent des rythmes
bulgares et hongrois, on n’y trouve pas le développement traditionnel des
thèmes et le piano est toujours en retrait. Dans ce troisième mouvement, c’est
le violon qui fait la cadence.