Alban Berg (1885-1935)

 

Adagio du Kammermonzert pour piano, violon et clarinette   (1925)

 

       Egalement dédié à Schönberg, pour son 50e anniversaire, le Kammerkonzert est créé à Berlin en 1927. En pleine période dodécaphonique, Berg se montre également affecté par le symbolisme des chiffres: 3 mouvements dans lesquels les 3 compositeurs «Ecole de Vienne» sont cités (dans le premier mouvement, les notes correspondent à des lettres des noms et prénoms de ceux-ci). Dans la lettre de dédicace, Berg explique «qu’on n’a pas idée à quel point ces trois mouvements peuvent concentrer l’amitié, l’amour et un monde fait de relations spirituelles». Constantin Floros a pu mettre en évidence que ce «programme sentimental» se retrouvait dans la musique; l’Adagio y représente l’amour, l’amour de Schönberg envers sa femme Mathilde (morte en 1923 soit la même année de l’ébauche du Kammerkonzert) dont les lettres A, H, D, E de mAtHilDE sont symbolisées par les notes la, si, ré et mi (trompette, mes 256). L’Adagio se compose lui même de trois parties, dont la troisième est la rétrogradation de la première. Il fait 240 mesures (comme le premier mouvement) réparties en deux fois 120 autour d’un axe central: le «minuit ésotérique» (Boulez) des 12 ré bémols graves du piano (mes 359 à 362). Il oppose un violon seul très expressif aux instruments à vent, préfigurant le concerto pour violon «à la mémoire d’un ange» de 1935. En dépit de son écriture complexe, cet Adagio reste tout à fait facile d’accès. Si la présente transcription pour trois instruments édulcore l’aspect concertant, elle lui garde la symbolique ternaire.