Alban BERG (1885-1935)
Sonate pour piano Op. 1 (1908)
Mises à part les douze variations sur un thème original, cette sonate est à peu de
chose près la seule œuvre pour piano seul que Berg ait composée. Elle fait
partie de ces documents musicaux très intéressants placés à la charnière du
post-romantisme et d’un nouveau langage crée par les maîtres de l’école de
Vienne: l’atonalité. Elle découle de la même veine que les harmonies tristaniennes de
Wagner où le chromatisme poussé à l’extrême allait faire perdre à l’oreille la
stabilité tonale, tout en gardant un lyrisme pulsionnel dans l’écriture. Ecrite
dans les années 1907-08 elle devait se composer de plusieurs mouvements, mais c’est
Schönberg, avec qui Berg était rentré dans une grande amitié, qui lui avait
conseillé de s’en tenir à un seul mouvement. Il s’agit donc d’un mouvement et non d’une sonate entière sans
interruptions entre les mouvements. Conservant la forme exposition –
développement – réexposition de la sonate viennoise classique, à l’exception
évidente des conventions tonales, elle manifeste son originalité par de
fréquents changements de nuances et de tempo: «La nature fluctuante du tempo est encore accentuée par des accelerandos et des ritardandos
qui donnent à la musique un caractère rubato – peut-être un reflet de la
sensibilité nerveuse du compositeur» (Mosco Carner, 1979).