Johannes BRAHMS (1833-1897)
1- Andante
2- Andante
3- Intermezzo
4- Andante con moto
Brahms fut plus que les autres Schumann, Schubert
ou Beethoven, un interprète autant qu’un compositeur. Son piano garde de
Beethoven sa densité et sa vigueur virile, en l’étoffant d’une texture harmonique
riche le faisant sonner à lui seul comme une œuvre de musique de chambre. Ces
quatre ballades écrites par un jeune Brahms de 21 ans témoignent de l’extraordinaire
esprit d’invention et d’imagination d’un pianiste encore obligé de faire du
piano dans des tavernes ou à accompagner des artistes médiocres. La ballade romantique
pour piano est au XIXe siècle est quant à elle la plupart du temps une
transcription littéraire d’un texte ou d’un poème mis en musique, conservant
son aspect narratif. C’est en saisissant le prétexte d’un recueil découvert en
1854, Stimmen der Wolker de
l’écrivain allemand Johann Gottfried Herder (1744-1803) que Brahms se décida à
mettre en musique le poème Edward,
déjà mis en musique par Schubert et relatant le meurtre du père dans une
vieille légende écossaise, où un fils confesse à sa mère que c’est à cause d’elle
qu’il a tué son père. C’est la première balade qui évoque le plus la légende
mais les quatre sont censées s’y référer. La première est proche de la
narration du texte dans la mesure où elle décrit pas à pas le déroulement du
dialogue du fils et de la mère. La deuxième procède elle aussi par sections
successives: une première très douce en ré majeur puis un Allegro ma non troppo rythmé et dynamique
en si mineur, une section centrale faite de notes appoggiaturées,
un retour à la section rythmée puis à la première dans la douce et lumineuse
tonalité de si majeur, puis de retrouver le ré majeur dans une merveilleuse
coda remplie de sérénité. D’une extrême vivacité, la troisième ballade en si
mineur semble tout à fait proche d’un scherzo de Chopin. Enfin la dernière,
très mélodique fait entendre une mélodie accompagnée par une main gauche en
croches égales proche d’une écriture schumanienne, hésitante entre le majeur et
le mineur. La section suivante présente une mélodie aux contours difficiles à repérer,
noyée dans le halo harmonique magnifiquement rendu par le mélange des rythmes
aux deux mains (3 pour 2).Revient alors la première section, un peu plus animée,
quelques accords graves la ponctuent avant de retrouver celle du «halo
harmonique» sur laquelle s’achève ce cycle dans l’apaisement.