BRITTEN Benjamin (1913-1976)
Phantasy Quartet pour hautbois,
violon, alto, violoncelle Op.2 (1932)
Britten contribua à donner
un nouvel essor à la musique anglaise du XXème siècle.
Il le fit non dans un esprit révolutionnaire, non comme chef de file d’une
école particulière, mais personnellement, d’une manière tout à fait originale
et très loin des «scientifiques» post-sérialistes de
l’après guerre. La musique de chambre n’est pas le répertoire le plus reconnu
de ce compositeur atypique, ses œuvres vocales
et opéras le sont bien plus: Peter Grimes
(1945), The turn of the screw (1954), War Requiem (1962), etc...
Le Phantasy quartet est une de ses premières œuvres:
écrite à 19 ans par un jeune compositeur dégagé d’une quelconque influence
académique, épris de liberté formelle, il donne aux quatre instruments une
souplesse toute naturelle, et conférant à l’ensemble une riche texture. Le tout
tient dans un seul mouvement comportant plusieurs sections internes enchaînées.
On ne sait d’ailleurs pas bien délimiter les mouvements. Faut-il d’ailleurs
chercher des « mouvements » dans un Quatuor- Fantaisie ? La
combinaison d’un instrument à vent et de trois cordes pourrait facilement
tourner au soliste accompagné: il n’en n’est rien et les quatre instruments
sont traités avec une égalité.
L’œuvre débute sur un petit
motif que l’on retrouvera à la fin. Exposé au violoncelle (par une entrée
timide puis affirmée) il donne à l’introduction des allures de marche, que
confirme l’indication Andante alla marcia et qu’une belle mélodie du hautbois assouplit. S’enchaîne
ensuite un Allegro giusto
accélérant le tempo dans lequel le motif de marche est plus accentué. Après
quelques petits développement suit un Andante confié aux cordes. Le hautbois ne
revient, théâtralement, qu’après l’Animato suivant, par une magnifique
phrase dans l’aigu, accompagné par une note tenue du violoncelle et un petit
motif lancinant à l’alto. Sempre piu agitato,
et l’on revient progressivement vers l’Andante
alla marcia initial. L’œuvre se termine
exactement comme elle a commencé, comme si elle se déroulait à l’envers du
milieu jusqu’à la fin, dans un effet de miroir.