FAURE
Gabriel (1845-1924)
Nocturne
n°13 Op.119 (1921)
Le nocturne
n’est pas pour Fauré la simple évocation d’un clair de lune doux et apaisant.
Certains se conforment au modèle de Chopin, d’autres s’attachent non pas à la
nuit en tant que telle, mais au silence et à la solitude de l’homme à cette heure
là. Lorsque l’on connaît le style Fauréen tout en retenue, à demi-mots, élégant
et subtil, loin des débordements germaniques du siècle passé, on comprend mieux
cette pièce: dramatique confession certes, mais retenue par un caractère
naturellement peu expansif et par la sérénité du grand âge. Dernier des treize nocturnes, cette page d’une
bouleversante lucidité sur la fin proche de son auteur
nous emmène au-delà du «simple» tragique de la mort. Il se dégage de l’Andante initial une écriture polyphonique
solennelle d’une neutralité émotionnelle que même l’Allegro central, certes passionné, n’arrivera pas à contredire. Et
c’est sur le retour de l’épisode phrygien et unithématique du début que s’achève
la dernière composition pour piano de Fauré.