Zoltan KODALY  (1882-1967)

 

Sonate pour violoncelle seul opus 8     (1915)

 

Allegro maestoso ma appassionato – Adagio (con grand’espressione) – Allegro molto vivace

 

                     

            Compagnon de route de Bela Bartok (1881-1945) en matière de recherches ethnomusicologiques, Kodaly, laisse surtout une immense œuvre chorale et pédagogique. Ce musicologue et « folkloriste » (R.de Candé) hongrois était issu d’une famille baignée de musique tzigane dans laquelle ses parents et des musiciens de passage animaient des soirées musicales. Sa thèse de doctorat sur la structure des chansons populaires hongroises reflète un intérêt pour la musique populaire de son pays, dont l’influence est indéniable sur son œuvre de compositeur. La musique de chambre de Kodaly reste marginale en quantité mais ces quelques opus, tous composés avant 1920 recèlent de véritables chefs d’œuvres.

 

      Cette partition magistrale qu’est la sonate pour violoncelle seul op.8, composée en 1915, explore un univers stylistique et technique très important. Si l’oreille a du mal à fixer un parcours thématique, un univers tonal clair, elle se laisse entraîner dans un univers sonore hongrois généreux,  rêveur et évocateur. Un sentiment d’improvisation et de liberté pourtant cadrés par une forme sonate (au premier mouvement) et des indications métriques définies tisse la trame d’une œuvre sans logique déclamatoire particulière. Les deux cordes graves de l’instrument doivent être accordées un demi ton plus bas (si-fa# au lieu de do-sol) de manière à atteindre le si grave et faire ainsi résonner la tonalité de si mineur dans sa tessiture la plus large. Il est demandé à l’interprète d’utiliser une large palette de modes d’attaque (sur le chevalet, sur la touche, des trémolos, des trilles, des accords décalés, des superpositions d’harmoniques..) et de divers jeux polyphoniques (à tel point qu’il faut souvent lire sur deux portées). Ces différents jeux évoquent la harpe, la cithare, la cornemuse, le tarogato (le chalumeau des pâtres hongrois), le cymbalum... L’Appassionato de l’indication de mouvement n’a rien de commun avec l’excitation d’une œuvre romantique germanique « habituelle ». Il n’y a pas ici de progression dramatique et le rapport au temps est tout à fait différent d’une œuvre romantique.