Les Noces de Figaro. Opéra buffa en 4 actes de Mozart (1756-1791)
Extraits
* Date: 1786, Librettiste: Lorenzo da Ponte.
* L’action provient de la pièce française de Beaumarchais: Le mariage de Figaro jouée à Paris
en 1784 et publiée avec un grand succès européen l’année suivante.
* Les personnages
principaux sont:
LE COMTE D’ALMAVIVA (baryton), le
Comte
FIGARO (baryton), valet du Comte
SUSANNA (soprano), femme de chambre de
CHERUBIN (mezzo-soprano), un page
* Argument (résumé de l’action)
Il s’agit d’une comédie de mœurs teintée de
«lutte des classes». Figaro et Suzanne, domestiques, doivent se marier, mais
c’est sans compter les vues du Comte sur Suzanne qui fera tout pour retarder
voire annuler leurs noces. Chérubin, page tourmenté par ses amours adolescentes
de toutes les femmes, ne cesse de perturber les projets du Comte.
* Ouverture
- Cette ouverture, contrairement à l’usage, ne contient pas d’éléments thématiques que l’on retrouvera par la suite. Mais la brillante virtuosité de l’orchestre laisse entendre le climat de cette «folle journée » à venir (le titre exact de la pièce de Beaumarchais est La folle journée ou le mariage de Figaro) .
- D’une curieuse forme sonate sans développement, elle installe le climat psychologique de l’action à venir. Le murmure du tout début explose rapidement sur un enchaînement vif et tourbillonnant des motifs, à l’image des nombreux coups de théâtre et rebondissements que connaîtra l’action.
* Air de Chébrubin « Non
so più cosa son, cosa faccio» Acte
I, Scène 6
- Chérubin, un adolescent tourmenté par son
amour incontrôlé des femmes confie à Suzanne son émoi amoureux pour
- Une première section (dont le thème rappelle la fièvre du thème de la symphonie n°40 en sol mineur jusqu’à palpitar est donnée deux fois. Puis ensuite une autre jusqu’à spiegar avant un retour à la première. Cette mini forme ABA constitue la première moitié de cet aria.
- La deuxième moitié (de Parlo d’amor jusqu’à la fin) est jalonnée d’arrêts, d’interrogations, de points d’orgue. Elle illustre à merveille l’instabilité, le désarroi amoureux et psychologique du jeune Chérubin qui n’arrive pas à s’expliquer les sentiments qui l’envahissent.
* Air de Figaro « Non
più andrai » Acte I, scène 9
- Le Comte apprend par Bazile (un maître de musique) que Chérubin
éprouve des sentiments pour
- Une première partie du début à Adoncino d’amor. Une deuxième jusqu’à donnesco color. Retour à la première. Jusque là, une mini forme ABA.
- Vient ensuite la description de la situation militaire: l’imitation musicale se traduit par des rythmes pointés, des exclamations fortes et rigides. Sur poco contante (peu d’argent), une nuance piano; oui à la gloire mais peu d’argent en retour ! Puis continue la description de la vie militaire di bombarde, di cannoni, etc... sur de belles gammes descendantes des violons.
- Revient alors le « refrain » du début Non più andrai puis de terminer Cherubino alla vittoria, Alla gloria militar sur une musique aux accents héroïques.
- Cet aria est placé à un endroit important: il termine le premier acte, fait office de finale. Les effets orchestraux et grandiloquents sont donc marqués. Chacune des différents parties détient son propre matériau musical. On passe de la douce ironie à la moquerie amusante. Figaro ferait mieux de faire attention à lui plutôt que de se moquer des autres, car c’est sur lui que les problèmes vont arriver.
* Air de
- L’entrée de
- La matinée s’étire. Seule dans
sa chambre,
-
- Un tempo lent, une douce tonalité de mi bémol majeur (contrastant
avec le do majeur précédent) et une extrême beauté et subtilité de la ligne mélodique.
Chaque note nous met en relation étroite avec les sentiments de
* Récitatif du Comte «Hai già vinta la causa » Acte III, scène 17
Air du Conte «Vedro mentr’io sospiro» Acte III, scène 17
- Dans l’intérêt du
Comte qui a des vues sur Suzanne et pour retarder au maximum les noces de
celle-ci et de Figaro, il a été trouvé un vieil accord selon lequel Figaro
devait de l’argent à Marcellina, une intendante. Si Figaro ne la rembourse pas,
il doit se marier avec elle et donc abandonner sa promise Suzanne. Un procès
doit avoir lieu pour déterminer si Figaro pourra honorer sa dette et se libérer
de cette charge. Le Comte apprend en laissant traîner son oreille que le procès
est gagné par Figaro. Le dépit de voir triompher Figaro, son serviteur, rend le
Comte vert de rage. Son statut de seigneur, mâle dominateur et aristocrate est
remis en cause par un de ses domestiques. Son orgueil se révolte à l’idée
d’être privé de l’objet de son désir au bénéfice de son valet. On touche là à
toute la portée sociale de la pièce qui avait «dérangé» les mentalités
conservatrices en place de l’époque. Rappelons que
- Le début de cet extrait est un récitatif accompagné (et non secco) par l’orchestre, qui introduit
logiquement l’aria suivant. Le Comte, qui a donc compris que le procès
lui était perdu, est accompagné d’un orchestre massif et solennel, véritable
démonstration de puissance seigneuriale. Mais ces accès de rage sont sans cesse
tempérés par des interruptions orchestrales décrivant non seulement la colère
mais surtout le désarroi du Comte. Le récitatif est musicalement très proche de
la parole, de la diction. L’aria est quant à lui beaucoup plus lyrique et
mélodique. Ainsi la musique suit de près les tourments du personnage.