Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)

 

Quatuor à cordes en ré mineur K.421  (1783)

       

     De 1782 à 1785, Mozart écrit une série de six quatuors «dédiés à Haydn», probablement sous l’influence du succès de l’opus 33 de ce dernier. «Dédiés» à Haydn ne signifie nullement qu’ils sont inspirés par celui-ci: dans un style radicalement personnel, sombre, et en tous cas fort éloigné de la légèreté de l’opuss 33 de Haydn, ce 15e quatuor de Mozart adopte la tonalité lugubre et sombre de ré mineur, celle de Don Giovanni ou du Requiem. Selon la légende, il aurait été écrit la nuit où sa femme Constance donnait naissance à leur premier fils. Le thème élégiaque ouvrant le premier mouvement Allegro avec son octave si expressive accompagné par un violoncelle en notes descendantes est tout à fait remarquable. L’exposition s’éclaire avec brio vers fa majeur. Le développement commence dans la tonalité napolitaine de mib majeur pour poursuivre vers un épisode tendu, au dense tissu polyphonique. La fin de ce premier mouvement s’achève dans un mouvement plus rapide dans un ré mineur poignant. Plus léger est l’Andante suivant en fa majeur, à l’élégante mélodie entrecoupée de silences, aux allures de berceuse. Le Menuetto renoue avec la tonalité initiale de ré mineur, au chromatisme expressif. Le trio inclus est d’allure plus conventionnelle, en ré majeur: le violon et parfois l’alto font accompagner leur mélodie pointée par les pizzicati des deux autres instruments. Enfin, l’allegro ma non troppo final, au rythme haletant de sicilienne en ré mineur, démontre qu’un mouvement final peut être ternaire, au rythme léger, mais pas toujours joyeux et enlevé. Il s’agit d’un thème suivi de ses cinq variations. La première expose un violon volubile, la deuxième est plus agitée: les deux violons et l’alto exercent entre eux syncopes et décalages rythmiques donnant un superbe effet de décalage instable et tourmenté (annonçant Schubert). La troisième variation laisse l’alto évoquer le thème principal en simplification rythmique. La quatrième change de mode: écrite en ré majeur, elle offre un contraste de couleur et de caractère, plus léger. Enfin, le Più allegro final reprend en allure de coda le rythme haletant de sicilienne et le thème final, pour finir en ré majeur.