REQUIEM de MOZART  (1756-1791)

 

 

* Composé en 1791, cette œuvre est la dernière qu’ait écrit Mozart, elle est inachevée. Son élève Sussmayr l’a achevée pour lui.

 

* Comme tous les requiems, sa tonalité est ré mineur, tonalité dévouée aux climats sombres et surnaturels

 

* Comme dans toute œuvre musicale à texte de cette époque, la musique va exprimer le sens du texte. La mort étant toujours un événement triste dans la psychologie occidentale, cette musique va s’appliquer à exprimer la douleur et la tristesse. Ce qui est par ailleurs tout à fait typique du style musical de l’époque: celle du pré-romantisme où l’expression des sentiments personnels des compositeurs sont au cœur de la musique. On éprouve alors du plaisir dans la douleur, ce qui est le propre de la mélancolie.

 

 

 

* Le requiem est avant tout une messe. Il est donc naturel d’y trouver à la fois des pièces typiques du Requiem et aussi de la messe ordinaire (voir plus haut)

 

 

PIECES CARACTERISTIQUES DU REQUIEM

PIECES CARACTERISTIQUES DE LA MESSE

 

01 - INTROÏTUS: REQUIEM AETERNAM

 

03 - DIES IRAE

04 - TUBA MIRUM

05 - REX TREMENDAE

06 - RECORDARE

07 - CONFUTATIS MALEDICTIS

08 - LACRIMOSA

09 - DOMINE

10 - HOSTIAS

 

 

 

 

 

14 - LUX AETERNA

 

 

02 - KYRIE ELEISON

 

 

 

 

 

 

 

11 - SANCTUS

12 - BENEDICTUS

13 - AGNUS DEI

 

 

 

 

 

 

 

01 - INTROÏTUS: REQUIEM AETERNAM

 

Requiem aeternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis: 

Seigneur, donnez-leur le repos éternel et faites luire pour eux la lumière sans déclin

 

* Le rythme lourd, régulier et pesant des cordes traduit l’idée de marche ou de cortège funèbre.

* Une introduction adagio (très lent) amène l’entrée des voix en imitation, c’est à dire qu’elle se présentent de manière décalée (basse, ténor, alto, soprano) sur le même motif

* Remarquer les syncopes très expressives des violons mesures 8 et suivantes.

* Un nouveau motif apparaît mesure 20 au violon I et au basson 1, à l’entrée de la soliste.

* La pièce se termine sur un accord de la majeur, c’est à dire de dominante de ré mineur, sa résolution sur le premier degré est faite au début de la pièce suivante. On est alors en suspens entre les deux pièces

 

 

 

 

 

02 - KYRIE ELEISON

 

Kyrie eleison: Seigneur prends pitié

 

* C’est la pièce par laquelle débute une messe ordinaire

* Les Kyrie sont habituellement des pièces de caractère implorant, ce n’est pas le cas ici.

* Toujours en ré mineur, 2 motifs se partagent la pièce, le premier aux basses mesure 1, auquel répond le 2e aux altos mesure 2. Ces deux motifs sont utilisés comme dans une fugue: ils circulent d’une voix à l’autre dans un style d’écriture polyphonique.

* Ce Kyrie termine sur un accord de quinte à vide (ré - la - ré), c’est à dire que puisqu’il n’ y a pas de tierce, on ne peut pas savoir si cet accord est majeur ou mineur. Cette pièce est aussi la dernière du Requiem, ce qui fait qu’on ne sait pas si l’œuvre entière s’ouvre sur la joie ou la tristesse: c’est une allusion à l’idée qu’on ne sait pas ce qu’il y a après la mort.

 

 

 

03 - DIES IRAE

 

Dies irae dies illa Solvet saeclum in favilla: Jour de colère que ce jour-là où le monde sera réduit en cendres

 

* Ainsi que l’exprime le texte, la musique se doit d’évoquer la passion colérique divine

* Contrairement au Kyrie précédent, l’écriture des voix est homorythmique (elles ont toutes le même rythme en même temps). Ce qui a pour conséquence d’une meilleure intelligibilité du texte. C’est aussi pour accentuer l’effet saisissant de cette pièce mouvementée.

* Structure:

 

MESURES

1 à 8

10 à 19

22 à 29

31 à 40

40 à fin

TEXTE

Dies irae Dies illa

Solvet saeclum in favilla

Teste David cum Sybilla

Quantus tremor est futurus

Quando judex est venturus

Cuncta stricte discussurus

 

Dies irae...

Quantus tremor...

Quantus tremor...

TONALITE

Ré mineur

(Fa M - Sol M -)  La m

La m

Do m à Ré m

Ré m

THEMES

                     A

                      B

        A

            B’

             C

 

* L’orchestre n’a qu’une partie d’accompagnement, il n’a pas de thèmes qui lui soient propres. Cet accompagnement s’apparente à un déluge de notes symbolisant la colère divine.

 

 

 

04 - CONFUTATIS

 

Confutatis maledictis, Flammis accribus addictis, Voca me cum benedictis. Oro supplex et acclinis Cor contritum quasi cinis

Et après avoir réprouvé les maudits et leur avoir assigné le feu cruel, appelez-moi parmi les élus. Suppliant et prosterné, je vous prie, le cœur brisé et comme réduit en cendres, prenez soin de mon heure dernière

 

 

MESURES

1 à 6

7 à 10

10 à 16

17 à 24

25 à fin

TEXTE

Confutatis...

Voca me...

Confutatis...

Voca me

Oro supplex...

TONALITE

La m

Do M

La m

La m

La m à Fa M

THEMES

           A

             B

            A

           B

            C

 

* Il s’agit d’une pièce aux parties principales A et B extrêmement contrastées, ainsi que le sens du texte le suggère. La partie sur Confutatis est violente et tourmentée, et la partie B sur Voca me est suppliante

 

 

 

 

 

* L’orchestration est à ce point de vue sans équivoque:

   Partie A: Toutes les cordes à l’unisson sur un motif très rythmé et brutal montant par paliers successifs, voix   d’hommes.

   Partie B: une simple ligne de violons douce pour accompagner les voix de femmes sur Voca me, évoquant le fidèle suppliant son Dieu pour qu’il l’accueille parmi les élus.

 

* A noter le premier Voca me en do majeur, symbolisant sans doute l’espoir, et le 2e en la mineur, un caractère plus triste et mélancolique. Joie et tristesse trouvent ici parfaitement leur place dans le style pré-romantique.

 

* La partie C est très modulante et de nuance piano. Elle correspond au murmure du fidèle agenouillé (voir le texte). Le dernier accord est celui de fa majeur. Puis vient un accord de transition (dominante de ré mineur) qui nous ramène vers la tonalité de ré mineur de la pièce suivante.

 

 

 

05 - LACRIMOSA

 

Lacrimosa dies illa, Qua resurget ex favilla, Judicandus homo reus, huic ergo parce Deus

O jour de larmes, où l’homme coupable ressuscitera de la poussière pour être jugé. Pardonnez lui donc, O mon Dieu

 

* Cette pièce est la dernière qui soit composée par Mozart

* On retrouve l’écriture homorythmique du Dies Irae dans un tout autre caractère: la tristesse et le chagrin dominent cette pièce.

* On remarquera la ligne très expressive des violons I où l’évitement du premier temps provoque un halètement proche des soupirs et sanglots.

* La tonalité évolue de ré mineur à fa majeur mesure 19, au petit interlude orchestral. On retrouve ré mineur lorsque reviennent les voix et la pièce se termine sur une note d’espoir par un accord de ré majeur.