La date figurant sur
le manuscrit est antérieure de huit jours à celle de la première audition, qui
eut lieu le 29 avril 1784. Quoiqu’ayant
encore plus de six ans à vivre, Mozart se situe alors dans sa dernière
période de composition, viennoise, qui donna naissance aux grands opéras :
Les Noces, Don Giovanni, Cosi,
En trois mouvements, cette sonate débute par un Largo, procédé que Beethoven utilisera par la suite. Des accords massifs introduisent un échange de motifs ornementaux pour lesquels les instruments sont d’emblée traités avec égalité. Après ces 13 mesures s’achevant piano, le premier mouvement, Allegro, peut alors commencer. Il est constitué de vigoureux et lumineux échanges entre les deux instruments. Quelques tonalités mineures et chromatismes dramatisent quelque peu le développement, ainsi qu’une écriture légèrement contrapuntique. Sans surprises ni effets particuliers, il se termine dans les plus parfaits canons classiques. Un Andante en mi bémol majeur suit et constitue à lui seul le plat de résistance de toute la sonate. Un dialogue chaud et confortable où les deux instruments se partagent le même thème introduit un très beau développement central qui assombrit la pièce dans un parcours tonal surprenant : sib mineur, si mineur, do mineur. Ces affects déjà romantiques sauront inspirer à Schubert les contrastes de modes. Une réexposition ornemente le thème dans une atmosphère apaisée. L’Allegretto final est un rondo, pièce dans laquelle un thème tel un « refrain », entoure des « couplets ». Pas de surprises, pas de drame: ceux-ci sont d’une invention mélodique très riche mais nous ramènent à des dimensions plus classiques.