PIERNE Gabriel   (1863-1937)

      

Sonata da Camera pour flûte, violoncelle et piano Op.48   (1927)

 

1-      Prélude – Allegro con spirito

2-      Sarabbande – Très modéré

3-      Finale – Allegretto giocoso

               

 

 

A l’origine (XVIIème siècle), "da Camera" veut dire "de chambre"; une Sonata da Camera est une pièce pour trio à cordes avec basse continue contenant tous les effets du style nouveau, vif et enjoué, opposé au style d’église solennel  "da chiesa". Gabriel Pierné, avec ses armes, sa verve et son langage nous ramène sinon dans le style, du moins dans l’esprit des compositions baroques de ce type: si le titre, l’agencement et le nom des mouvements se rapporte à cette époque, on pense plus au classicisme viennois en ce qui concerne la forme - celle d’un trio de forme sonate. Et pour appuyer davantage ce néo-classicisme typique des réactions françaises anti-romantiques du début du siècle figure en exergue cet épigraphe de Virgile: «Puisque nous nous rencontrons ici, Mopsus, habiles tous les deux, toi dans l’art d’animer la flûte champêtre, moi dans celui de chanter des vers, que ne nous asseyons-nous à l’ombre de ces ormes et de ces coudriers qui confondent leur feuillage ?.. »   Ecrite en 1927, dédiée au flûtiste Louis Fleury, elle fut créée la même année à Venise. Elle comporte trois mouvements vif-lent-vif.

 

Le Prélude -Allegro con spirito (vif et très léger d’exécution), en do majeur commence par l’apparition successive du thème principal, de dynamique très baroque, aux trois instruments: la flûte, le violoncelle l’accompagnant par de curieux pizzicati à contre-temps, puis citant à son tour le thème, et enfin le piano. Après l’exposition suit un petit divertissement aux allures de second thème, un développement très modulant, une réexposition en bonne et due forme et une coda brillante. Une Sarabande -Très modéré-  (danse lente à l’origine) constitue le second mouvement ; les notes du thème correspondent aux lettres de Louis Fleury, le dédicataire. Il apparaît successivement au violoncelle, au piano dans le grave et à la flûte dans un style fugato. D’allure tragique, en la mineur -mais très modulant, il ne conserve que l’esprit grave et triste de la sarabande car il n’est pas de forme binaire. Le Finale est le mouvement le plus complexe. Allegretto giocoso, il est guilleret, alerte avec un thème pointé léger et très rythmé exposé à la flûte avec un violoncelle en pizzicati dans le même esprit qu’au premier mouvement. Le piano prend à son tour ce thème. La complexité harmonique et rythmique (mesures à 5 temps) n’altère en rien l’esprit joyeux et humoristique de la pièce, faisant un des joyaux du néo-classicisme de l’entre-deux guerres.