ERLKÖNIG   (Le roi des Aulnes)

  

Musique de Franz SCHUBERT

Poème de Johann Wolfgang GOETHE

 

·         Ce lied, composé en 1815 met en scène trois personnages: le père, le fils et le roi des Aulnes. Il y a huit quatrains.

·         L’histoire met en scène un père chevauchant la nuit avec son enfant. Ce dernier est effrayé par les douces paroles d’un roi des Aulnes trompeur et en réalité dangereux. On y trouve les thèmes contrastés du réconfort du père, de la nuit, du fantastique, de la nature déchaînée, de la violence et la mort.

·         La voix d’un seul interprète chante et joue les trois personnages, plus un narrateur au début et à la fin. Pour chaque voix, il prend un registre différent. Le père (registre grave), l’enfant (registre moyen), le roi des Aulnes (registre aigü). On peut ainsi bien distinguer les trois personnages.

·         On observe une symétrie dans la répartition des quatrains: une strophe père/fils puis une strophe pour le roi des Aulnes, le tout 3 fois, encadré par deux strophes de narration, une au début et une à la fin.

·         Le piano a un rôle prédominant car il installe le climat d’effroi et d’angoisse. On distingue deux éléments importants: les notes répétées à la main droite et le motif ascendant/descendant de la main gauche (mes 2). Le premier suggère l’effroi, la rapidité du cheval et l’angoisse. Il est présent tout du long (sauf à la fin).

·         Schubert utilise le mode mineur, c’est à dire sombre, au début et à chaque intervention de l’enfant effrayé. Par contre il utilise le mode majeur (plus joyeux donc plus séducteur) lors des interventions du roi des Aulnes

·         Noter les dissonances sur «Mein Vater» entre le piano et le chant

·         Noter bien sûr la partie finale: plus de martèlement, chant au style récitatif, point d’orgue avant que l’on apprenne la terrible nouvelle: l’enfant est mort.

 

 

 

En conclusion, c’est le piano qui détient la plupart des moyens de faire ressortir les éléments dramatiques du texte.

 

 

 

ERLKÖNIG

  

Musique de Franz SCHUBERT

Poème de Johann Wolfgang GOETHE

 

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind?

Es ist der Vater mit seinem Kind;

Er hat den Knaben wohl in dem Arm,

Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.

 

Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht? -

Siehst Vater, du den Erlkönig nicht?

Den Erlenkönig mit Kron und Schweif? -

Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. -

 

»Du liebes Kind, komm, geh mit mir!

Gar schöne Spiele spiel ich mit dir;

Manch bunte Blumen sind an dem Strand,

Meine Mutter hat manch gülden Gewand.«

 

Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,

Was Erlenkönig mir leise verspricht? -

Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind;

In dürren Blättern säuselt der Wind. -

 

»Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn?

Meine Töchter sollen dich warten schön;

Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn

Und wiegen und tanzen und singen dich ein.«

 

Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort

Erlkönigs Töchter am düstern Ort? -

Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau:

Es scheinen die alten Weiden so grau. -

 

»Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt;

Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt.«

Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an!

Erlkönig hat mir ein Leids getan! -

 

Dem Vater grauset's, er reitet geschwind,

Er hält in den Armen das ächzende Kind,

Erreicht den Hof mit Mühe und Not;

In seinen Armen das Kind war tot.

 

 

 

 

 

 

 

Qui chevauche si tard à travers nuit et vent?

C'est le père avec son enfant.

Il serre bien le garçon dans ses bras,

Il le tient bien, il lui tient chaud.

 

Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage avec peur?

- Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes?

Le Roi des Aulnes avec couronne et traîne?

-Mon fils, c'est un filet de brume.

 

- " Viens, doux enfant, pars avec moi,

A de beaux jeux je jouerai avec toi;

Tant de fleurs colorées poussent sur la côte,

Ma mère a maints vêtements d'or."

 

- Mon père, mon père, tu n'entends donc pas

Ce que le Roi des Aulnes me promet tout bas?

- Sois calme, reste calme mon enfant,

Dans les feuilles sèches frémit le vent.

 

- "Veux-tu, bel enfant, partir avec moi?

Mes filles prendront bien soin de toi,

Mes filles conduisent la ronde nocturne,

Et te berceront, danseront, chanteront pour toi."

 

- Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là bas,

Les filles du Roi des Aulnes en ce sombre endroit?

-Mon fils, mon fils, je le vois très bien,

Les vieux saules te semblent si gris.

 

-"Je t'aime, ta belle silhouette m'attire;

Et si tu n'y consens pas, j'aurai recours à la force!"

-Mon père, mon père, voilà qu'il me touche!

Le Roi des Aulnes m'a fait mal!

 

Empli d'effroi, le père galope prestement,

Il serre dans ses bras l'enfant gémissant

Atteint la demeure avec peine et effort;

Dans ses bras l'enfant était mort.