SCHUBERT Franz   (1797-1928)

      

Trio pour violon, alto et violoncelle en Si bémol majeur  D.581    (1817) 

 

1-      Allegro Moderato

2-      Andante

3-      Menuetto - Allegretto – Trio

4-      Rondo - Allegretto

 

 

 

L’écriture d’un trio à cordes comporte bien plus de problèmes techniques à résoudre que pour un quatuor à cordes: il est difficile d’en équilibrer les registres et l’harmonie. Après le superbe Divertimento en mi bémol majeur de Mozart pour trio à cordes (1788), les cinq trios à cordes de Beethoven des années 1790, Schubert, pourtant maître de la musique de chambre, ne semble guère à l’aise dans ce répertoire; en témoignent ses deux seuls trios à cordes dont le premier n’est qu’une esquisse. Il peut très bien s’agir d’une composition fortuite, due au hasard de musiciens présents à ce moment ou d’une influence que portaient les Trios pour baryton de Haydn sur le jeune compositeur. Schubert semble vouloir se référer à un modèle bien établi plutôt que de faire valoir son inspiration personnelle, tant la facture de cette œuvre est traditionnelle. Ce trio comporte une version antérieure dont les déséquilibres et les inhabiletés justifièrent une seconde version bien supérieure à la première.  Il comporte quatre mouvements.

 

            Le premier,  Allegro moderato, de forme sonate tripartite ne «démarre» vraiment après que le thème principal soit introduit, majestueusement, dans un style un peu récitatif. La partie centrale -le développement- est saisi d’une agitation angoissée toute schubertienne dans le ton de fa# mineur, très éloigné de sib majeur. Un retour au calme apaise le mouvement lors de la réexposition. Ces changements subis de modes et d’humeur sont une signature du compositeur on ne peut plus explicite (Quintette en do majeur à deux violoncelles D.956, second mouvement, Sonate pour piano en La majeur D.959 , 2nd mouvement, etc...). L’Andante suivant à l’allure toute classique suggère un pas danse dont l’élégante grâce serait presque trop naïve s’il n’y avait quelques passages inquiétants, haletants ou sombres donnant une véritable originalité à cette page. L’esprit de Haydn plane sur le Menuetto suivant. Lors du trio intermédiaire, c’est au tour de l’alto de prendre pour lui le rôle principal, après le violon soliste. Le Rondo final propose, comme sa forme le veut, une série de couplets entrecoupés par un refrain; plus riche que les autres mouvements, débordant d’idées, il termine l’œuvre par de ravissants jeux et contrastes entre les instruments.