Louis Vierne (1870-1937)

 

Sonate pour violon et piano en sol mineur Opus 23   (1905/06)

 

Allegro – Andante –Intermezzo: Quasi vivace – Largamente; Allegro agitato

 

 

       Aveugle de naissance, Vierne suivit l’enseignement de César Franck et de Charles-Marie Widor (1844-1937) et fut surtout connu comme organiste; en 1900, il devint d’ailleurs titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris. Si Debussy (1862-1918) compose à la même époque des œuvres beaucoup plus personnelles et modernes, Louis Vierne reste attaché à une esthétique française post-romantique telle que pouvaient la concevoir à leur manière Henri Duparc (1848-1933), Gabriel Fauré (1845-1924) et évidemment César Franck (1822-1890). On ne peut éviter de faire le rapprochement de cette sonate avec la Sonate pour violon et piano de Franck, de vingt ans son aînée et dont elle conserve une esthétique et une verve indéniable, à l’exception notamment de l’écriture cyclique dans laquelle des thèmes communs réapparaissent à des mouvements différents. Le concert qui fit entendre cette œuvre pour la première fois comportait d’ailleurs également à l’affiche la Sonate de Franck.

 

       Cette sonate opus 23 fut créée par Raoul Pugno, éblouissant pianiste et professeur d’harmonie au Conservatoire, et Eugène Ysaÿe, illustre violoniste belge. Vierne connaissait Pugno depuis 1892 lorsque celui-ci fit un récital remarqué au Conservatoire. Il possédait une belle maison à Gargenville près de Mantes où Vierne fit alors la connaissance d’Ysaÿe. L’idée d’une sonate pour violon et piano germa alors en lui, et ce n’est pas moins de deux ans qu’il fallu à Vierne pour achever l’œuvre, dont la composition fut ponctuée de malheurs : une chute pour laquelle on faillit l’amputer et une typhoïde qui le tint alité près de deux mois. Une malheureuse première audition eut lieu le 17 mai 1907 par un violoniste amateur incompétent; la véritable création eut lieu le 16 mai 1908, par Pugno et Ysaÿe.

 

      Un vigoureux premier mouvement, Allegro risoluto, oppose d’une manière tout à fait classique deux thèmes dont le premier, énergique, haletant est soutenu par un piano très rythmique dont l’essoufflement ne se fait jamais sentir. Le merveilleux second thème, « féminin » selon les codes architecturaux de la sonate, est très mélodique et lyrique. Après un long Andante aux résonances fauréennes, un Intermezzo - Quasi vivace très vif et espiègle, le dernier mouvement Allegro agitato introduit par un Largamente emphatique, presque improvisé est un final aux larges dimensions, richement étoffé de modulations et de développements.