«DIE SIEBEN LETZEN WORTE UNSERES ERLÖSERS AM KREUZ»

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Les sept dernières paroles de notre sauveur sur la croix,

Hob. XX:2  version choeur et orchestre

 

de Joseph HAYDN (1732-1809)

 

 

«Chacune des sonates, chacun des textes plutôt, est rendu par une musique uniquement instrumentale, de telle sorte que même dans l'âme de ceux qui savent très peu de choses, elles suscitent l'impression la plus profonde» 

 

J.Haydn, à propos des sept paroles

 

 

I - Eléments biographiques

 

        A) Vie de Joseph Haydn (1732-1809)

        B) Son oeuvre

                             a) Le style galant et classique

            b) La symphonie

            c) Le quatuor à cordes

            d) La musique religieuse de Haydn

 

II - Analyse de l'oeuvre

      

       A) La passion du Christ

       B) Généralités

       C) Analyse des pièces

I - Eléments biographiques

 

        A) Vie de Joseph Haydn (1732-1809)

 

* Haydn est un compositeur autrichien central du XVIIIe siècle. D’une famille de douze enfants, Haydn fut largement autodidacte avant de se faire une réputation et de se mettre au service de la famille Esterhazy qui sera son mécène quasiment toute sa vie. Il travailla une bonne partie du temps un peu à l’écart de Vienne près du lac de Neusiedler. Vers la fin de sa vie il voyagea souvent à Londres. Il mourut dans la reconnaissance et la gloire.

 

* Sa vie couvre une longue période contemporaine de Bach, Mozart et Beethoven et il eut un rôle majeur dans l’apparition du style galant et de son développement.

 

               

       B) Son oeuvre

 

            a) Le style galant et classique: Haydn est représentatif du style galant c'est-à-dire d’un style privilégiant la simplicité d’une mélodie accompagnée au contraire d’une écriture contrapuntique complexe. Légèreté, gaieté et équilibre caractérisent cette musique. Le terme de classique qui marque la période 1750-1800 est utilisé pour le grand équilibre formel de cette musique: on y trouve souvent des carrures symétriques, c'est-à-dire des mélodies composées sur un nombre de mesures équilibré. Le schéma type est une phrase allant de la tonique à la dominante en 4 mesures, marquant un arrêt suspensif et d’une autre phrase conclusive allant de la dominante à la tonique. Exemple:

 

           

 

Les deux genres nouveaux qui apparaissent à l’époque de Haydn sont la symphonie classique et le quatuor à cordes.

               

           b) La symphonie

 

* C’est une œuvre pour orchestre sans soliste (au contraire du concerto) de la même forme qu’une sonate, c'est-à-dire en plusieurs mouvements (souvent 4) dont le premier suit la forme sonate.

 

La forme sonate est la structure interne du premier mouvement d’une sonate, d’une symphonie ou d’un concerto. Celle-ci se compose de trois parties: l’exposition, le développement et la réexposition

 

L’Exposition:  Première partie d’un mouvement de forme sonate dans laquelle les deux thèmes principaux sont exposés. L’exposition se termine au ton de la dominante ou à la tonalité relative.

Le Développement: Partie centrale d’un mouvement de forme sonate dans lequel de nouveaux éléments se combinent au développement des deux principaux thèmes. Le développement évolue dans de nombreuses modulations.

La Réexposition: Troisième et dernière partie d’un mouvement de forme sonate qui reprend à peu près le schéma de l’exposition avec les deux thèmes principaux. La réexposition se termine par le ton principal du mouvement.

 

* La symphonie classique permet d’exploiter de nombreuses combinaisons orchestrales. Née sous l’impulsion de Haydn qui en composa 106 («Le philosophe», «La surprise», symphonies londoniennes…), elle connaîtra un franc succès. Mozart en compose 41 et au XIXe siècle elle cristallise toutes les ambitions des grands compositeurs Beethoven (9), Mendelssohn (5), la symphonie fantastique de Berlioz , Brahms (4), Mahler (9)… Elle fut le vecteur du développement de l’orchestre à l’époque romantique. 

 

               c) Le quatuor à cordes

 

* Genre typique de l’époque classique ayant connu comme la symphonie un grand succès dans le futur, le quatuor est la forme de musique de chambre la plus répandue à l’époque classique. Composé de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle, le quatuor couvre tous les registres et se présente comme un concentré harmonique d’orchestre. Haydn en composa 83, Mozart 26, Schubert 17 (dont le célèbre La jeune fille et la mort), Beethoven 17 et tout comme la symphonie, le quatuor sera nécessairement au catalogue de tous les grands compositeurs du XIXe et XXe siècle.

 

 

Joseph Haydn jouant avec un quatuor à cordes. Lithographie anonyme de la fin du XIXe siècle.

Musée historique de la ville de Vienne

 

On retiendra le quatuor opus 76 n°3 dit «l’Empereur» par exemple qui contient un mouvement à variations sur le thème de l’hymne national autrichien (puis allemand):

 

           En 1797, l'empereur François Ier demanda à Joseph Haydn de composer un hymne national pour l'Autriche. Le texte original, écrit par Lorenz Leopold Haschka, commence par Gott erhalte Franz den Kaiser («Dieu protège l'empereur Franz»). Les paroles furent ensuite modifiées par August Heinrich Hoffmann, et devinrent Deutschland über Alles (« l'Allemagne par-dessus tout »). Cette mélodie devint l’hymne national de la RFA puis de l’ Allemagne réunifiée.

 

 

               d) La musique religieuse de Haydn

 

* Si Haydn reste très connu pour ses nombreuses symphonies et quatuors à cordes, il est également incontournable pour sa production de musique religieuse: on compte une quinzaine de messes (dont la célèbre NelsonMesse) et de nombreux oratorios.

 

Oratorio: oeuvre dramatique à plusieurs rôles sans mise en scène, sur des textes religieux, pour voix et orchestre. Les plus célèbres oratorios de Haydn sont Les sept dernières paroles, Die Schöpfung (La Création, oeuvre qui relate la création du monde selon la bible)

                   


 
La Création

 

* D’autres oratorios: Le Messie de Haendel, les passions de Bach, L’Enfance du Christ de Berlioz, Lux aeterna de Ligeti

 

II - Analyse de l'oeuvre

      

A) La passion du Christ

                    

* On appelle la Passion du Christ l’épisode de sa vie qui le mena de son procès à sa crucifixion. Ces derniers instants emplis de lourdeur et de tristesse sont remémorés et célébrés par les chrétiens lors de la semaine sainte. Jésus est d’abord trahi par son disciple Judas (le fameux baiser de Judas qui indique aux romains qui doit être arrêté. Judas trahit pour de l’argent, et, pris de remords se pendra par la suite). Jésus est arrêté par les soldats, jugé devant le gouverneur romain Ponce Pilate et condamné à mort pour s’être proclamé roi des juifs. Il est crucifié le vendredi («vendredi saint») et ressuscite le dimanche («Dimanche de pâques»)

 

«Selon les Evangiles, Jésus fut contraint, après avoir été condamné au crucifiement (…), à porter sa propre croix jusqu’au mont du Golgotha, lieu du supplice. Dans toutes les églises, les quatorze stations du «Chemin de croix» en rappellent les différents épisodes, notamment l’aide forcée qu’apporta à Jésus un certain Simon de Cyrène, et les trois chutes de l’infortuné condamné. Ayant refusé de boire le vin mêlé de myrrhe par quoi étaient quelque peu adoucies les souffrances des crucifiés, Jésus est ensuite cloué sur son instrument de torture, au somment duquel a été placé un panneau portant l’inscription [INRI] Iesu Nazareth Rex ludorum «Jésus de Nazareth roi des juifs». Loin de maudire ses bourreaux, le condamné adjure son père de leur pardonner ce méfait dont ils ont une si faible conscience (première parole). Pendant que les soldats jouent ses vêtements aux dés, le Rédempteur est apostrophé par deux larrons condamnés à la même peine que lui et placés respectivement à sa droite et à sa gauche. Au premier voleur qui raille cruellement le « Fils de Dieu , le second répond par des reproches, puis, sollicitant Jésus, obtient l’assurance d’être le même jour avec lui  au royaume des cieux (deuxième parole). Nous sommes alors au soir du vendredi et le Christ, torturé par le doute, tente de réconforter sa mère en la confiant à la garde de Saint Jean, le disciple fidèle (troisième parole), avant d’adjurer le Père qui l’a abandonné (quatrième parole). Puis viendra l’ultime plainte du martyr accablé par la soif (cinquième parole), sa résignation après l’atroce moquerie des soldats qui lui ont tendu au bout d’une lance une éponge imbibée de vinaigre (sixième parole) et enfin l’ultime supplique du mourant à Dieu qui l’attend (septième parole)» Virginie Palu, L’Education Musicale supplément au n°543-544, mai juin 2007

 

  * L’épisode de la passion du Christ fut mis en musique de nombreuses fois: on retiendra les passions de Heinrich Schütz (1585-1672, Passions selon saint Matthieu, saint Luc et saint Jean) et surtout celles de JS Bach (1685-1750, passions selon saint Mathieu et selon Saint Jean)

 

Giotto (1267-1337), le baiser de Judas

 

Giotto (1267-1337), La mort du Christ

 

 

Passion selon Saint Matthieu de Bach BWV 244

 

Composée aux alentours de 1728-29, cette œuvre magistrale pour deux chœurs et orchestre met en musique les derniers instants de la vie du Christ à travers des airs, chœurs, chorals et récitatifs

 

La foule commente le Christ ensanglanté par la couronne d’épines qu’il porte et par les coups qui lui sont donnés au visage avec un roseau, juste avant sa crucifixion.

 

  Choral:

O Haupt voll Blut und Wunden

Voll Schmerz und voller Hohn !

O Haupt, zu Spott gebunden

Mit einer Dornenkron’ !

O Haupt, sonst schön gezieret

Mit höchster Her’ und Zier,

Jetzt aber hoch schimpfieret,

Gegrüsset seist du mir !

 

Du edles Angesichte

Dafür sonst schrickt und scheut

Das grosse Weltgewichte,

Wie bist du so bespeit !

Wie bist du so erbleichet,

Wer hat dein Augenlicht,

Dem sonst kein Licht nicht gleichet,

So schändlich zugerich’t ?

 

O visage ensanglanté et meurtri

Marqué par la douleur, exposé au sarcasme,

Ceint par dérision

D’une couronne d’épines,

O visage, qui autrement était paré

De la plus belle magnificence et du plus grand honneur,

Maintenant objet de tous les outrages

Je te salue

 

O noble face devant laquelle

Tous les appelés au Jugement Dernier

Sont effrayés et craintifs

Comment ont-ils pu te conspuer ?

Comment as-tu tant blêmi ?

Qui a porté atteinte d’une manière aussi infâme

A la lumière de tes yeux,

A nulle autre pareille ?

 

Une fois mis sur la croix et mourant, Jésus prononce ses fameuses dernières paroles:  

 

                Récitatif

 

EVANGELISTA

Und von der sechsten Stunde an ward eine Finsternis über das ganze Land, bis zu der neunten Stunde. Und um die neunte Stunde schriee Jesus laut, und sprach:

 

JESUS

Eli, Eli, lama asabthani !

 

EVANGELISTA

“Mein Gott, mein Gott ! warum hast du mich verlassen ?” Etliche aber, die da stunden, da sied as höreten, sprachen sie:

 

CHORUS I

Der rufet den Elias !

 

EVANGELISTA

Und bald life einer unter ihnen, nahm einen Schwamm, und füllete ihn mit Essig, und steckete ihn auf ein Rohr, und tränkete ihn. Die andern aber sprachen:

 

CHORUS II

Halt, lass sehen, ob Elias komme, und ihm helfe !

 

EVANGELISTA

Aber Jesus schriee abermal laut, und verschied

 

 

EVANGELISTE

A partir de la sixième heure, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Mais vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte:

 

JESUS

Eli, Eli, lama sabachthani ?

 

EVANGELISTE

C'est-à-dire «Mon, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?». Certains de ceux qui se tenaient là, dirent en l’entendant:

 

CHŒUR I

Le voilà qui appelle Elie ! [allusion au prophète hébreu du IXe siècle avant JC]

 

EVANGELISTE

Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge, l’emplit de vinaigre, et l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui tendit à boire. Mais les autres dirent:

 

CHŒUR II

Laisse, voyons si Elie va venir le sauver !

 

EVANGELISTE

Mais, de nouveau, Jésus poussa un grand cri et mourut.

 

               La foule commente:

 

                Choral:

 

Wenn ich einmal soll scheiden,

So scheide nicht von mir !

Wenn ich den Tod soll leiden,

So tritt du denn herfür !

Wenn mir am allerbängsten

Wird um das Herze sein,

So reiss mich aus den Ängsten

Kraft deiner Angst und Pein !

 

Quand l’heure du départ sonnera

Ne te sépare pas de moi !

Quand je devrai subir l’épreuve de la mort,

Reste donc à mes côtés

Quand mon cœur sera aux prises

Avec les pires tourments,

Arrache-moi à mes angoisses

Par ta détresse et ta souffrance


 

                Après la mort du christ, la terre se met à trembler:

 

Recitatif:

 

EVANGELISTA

Und siehe da, der Vorhang im Tempel zeriss in zwei Stück’, von oben an, bis unten us. Und die Erde erbebete, und die Felsen zerissen, und dir Gräber täten sich auf, und stunden auf viel Leiber der Heiligen, die da schliefen, und gingen aus den Gräbern nach seiner Auferstehung und kamen in die heilige Stadt und erschienen vielen. Aber der Hauptmann und die bei ihm waren und bewahreten Jesum, da sie sahen das Erdeben und was da geschah, erschraken sie sehr und sprachen:

 

CHORUS I, II

Wahrlich, dieser ist Gottes Sohn gewesen
 

EVANGELISTE

Alors le voile du temple se déchira en deux, du haut en bas;

La terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent, les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte et se manifestèrent à un grand nombre de gens. Le centurion et ceux qui avec lui gardaient Jésus, voyant le tremblement de terre et ce qui arrivait, furent saisis d’une grande peur et dirent:

 

 

 

CHŒUR I, II

Vraiment, cet homme était le fils de Dieu !

 

Recitatif (basso):

 

Am Abend, da es kühle war, Ward Adams Fallen offenbar,

Am Abend drücket ihn der Heiland nieder.

Am Abend kam die Taube wieder

Und trug ein Öblatt in dem Munde.

O schöne Zeit, o Abendstunde !

Der Friedensschluss ist nun mitt Gott gemacht,

Denn Jesus hat sein Kreuz vollbracht

Sein Leichnam kommt zur Ruh

Ach, liebe Seele, bitte du,

Gehlasse dir den toten Jesum schenken,

O heilsames, o köstlich’s Angedenken !
 

Quand la fraîcheur du soir tombait,

La chute d’Adam devenait manifeste,

Le soir le Sauveur lui fit expier sa faute

Le soir la colombe revint

En portant un rameau dans son bec.

Quel doux moment que cette heure vespérale !

A présent la paix est conclue avec dieu,

Scellée par Jésus sur la croix

Son corps repose désormais;

Ah ! dans mon âme aimante, ô Seigneur

Offre-moi le corps du Christ

Gage libérateur et précieux !


Choeur final:

 

Wir setzen uns mit Tränen nieder

Und rufen Dir im Grabe zu:

Ruhe sanfte ! sanfte Ruh’ !

Ruht, ihr ausgesognen Glieder,

Ruhet sanfte, ruhet wohl !

Euer Grab und Leichenstein

Soll dem ängstlichen Gewissen

Ein bequemes Ruhekissen

Une der Seelen Ruhstatt sein.

Höchst vergnügt schlummern da die Augen ein.

En larmes nous nous inclinons

Et nous nous adressons à toi dans le tombeau:

Repose dans la paix suave !

Reposez-vous, membres sans vie !

Reposez-vous dans la paix bénéfique !

La conscience angoissée trouvera

Dans votre tombeau et votre pierre tombale

Un havre de réconfort et de repos

Et mes yeux pleinement ravis se fermeront doucement


 

 

Andrea Mantegna (v.1531-1606), La crucifixion

 

Simone Martini (v.1280-1344), La crucifixion

 

Retour aux sept dernières paroles de Joseph Haydn:

 

        B) Généralités

 

* A l’origine, Haydn répondit en 1787 a la commande de l’église de Cadix (Andalousie, sud de l’Espagne) d’une musique de cérémonie lors de la semaine sainte. Les différentes pièces de musique devaient suivre chacune des lectures des sept dernières paroles que le Christ aurait prononcées sur la croix. La musique avait pour but dans cette première version d’offrir un temps musical de méditation après la lecture de chacune de ces paroles.

            

* L’œuvre eut un grand succès et fut arrangée par la suite pour quatuor à cordes et pour piano. Haydn acheva même en 1796 une version avec chœurs et solistes dont il sera question ici. Le texte des chœurs fut rédigé par un librettiste ami de Haydn: le baron Gottfried von Swieten.

 

                * L’œuvre contient trois pièces instrumentales et sept pièces pour chœur et orchestre réparties comme suit: une introduction orchestrale, quatre pièces avec chœur commentant les quatre premières paroles, une nouvelle introduction amenant la deuxième partie, trois chœurs et orchestre pour les trois paroles suivantes et «Il terremoto» le tremblement de terre final censé avoir eut lieu après la mort de Jésus.

 

                * Chaque pièce propose d’abord la parole du Christ chantée par le chœur a capella dans une écriture homorythmique, peu mesurée et conjointe. Suit alors la pièce proprement dite.

 

        C) Analyse des pièces

 

 

INTRODUCTION    

 

 

Adagio Maestoso

Ré m

PAROLE N°1

«Vater !  vergib ihnen, denn sie wissen nicht, was sie tun»

Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font

 

Largo

 

Sib M

PAROLE N°2

«Fürwahr, ich sag es dir: Heute wirst du bei mir im Paradiese sein»

En vérité je te le dis: aujourd’hui tu seras avec moi au paradis

Grave e cantabile

 

Do m

PAROLE N°3

«Frau, hier Siehe deinen, und du, siehe deine Mutter

Femme, voici ton fils, Et toi, fils, voici ta mère!

 

Grave

 

Mi M

PAROLE N°4

«Mein Gott, mein Gott, warum hast du mich verlassen ?»

Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

 

Largo

 

Fa m

INTRODUCTION    

 

 

Largo e cantabile

La m

PAROLE N°5

«Jesus rufet: Ach. mich dürstet !»

Jésus crie: ah, j'ai soif !

Adagio

La M

PAROLE N°6

«Es ist vollbracht»

Tout est accompli

Lento

Sol m

PAROLE N°7

«Vater, in deine Hände empfehle ich meinen Geist»

Père, je remets mon esprit entre tes mains

 

Largo

 

Mib M

IL TERREMOTO

(Das Erdbeben)

Le tremblement de terre

Presto e con tutta la forza

Do m

 

 

Une œuvre contenant sept mouvements lents enchaînés est peu courant. Il faut trouver différents moyens pour éviter la monotonie:

 

* Alternance des solistes avec un choeur massif

* Alternance des chœurs a capella avec le tutti

* Pas de récitatifs (différence avec la plupart des oratorios)

* Des tonalités différentes pour chaque parole s’enchaînant sans logique dans leur succession 

* Brusques modulations parfois osées à l’intérieur des pièces

* Emploi de la forme sonate qui utilise le principe tension/détente donnant un mouvement aux pièces

 

 

   INTRODUCTION    Adagio Maestoso

 

 

    

 

Cette introduction en deux parties (séparées par un point d’orgue sur la dominante à l’unisson mesure 34) installe un climat dramatique et terrifiant qui, telle une ouverture d’opéra, nous prépare à l’issue désespérée du drame: la mort du Christ. Ce caractère dramatique est renforcé par:

 

* La tonalité de ré mineur est symbolique pour son utilisation fréquente dans des pièces en rapport avec l’au-delà: requiems, retour de la statue dans l’opéra Don Giovanni de Mozart par exemple

* Le rythme doublement pointé qui, dans un tempo lent,  apporte une grande solennité

*  Des motifs en notes répétées qui donnent un caractère décidé à la pièce

                          * De grands contrastes de nuances qui donnent à la pièce un caractère pré romantique

 

 

   PAROLE N°1: «Vater !  vergib ihnen, denn sie wissen nicht, was sie tun» 

                               Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font

 


Vater im Himmel, o sieh hernieder

Vom ewigen Thron!

Vater der Liebe, dein Eingeborener,

Er fleht für Sünder, für deine Kinder,

Erhöre den Sohn!

Ach, wir sind tief gefallen,

Wir sündigten schwer;

Doch allen zum Heil, uns allen,

Floss deines Sohnes Blut.

Dos Blut des Lamms schreit nicht um Roch'

Es tilgt die Sünden.

Vater der Liebe, lass uns Gnade finden,

Erhöre den Sohn!

 

Mon Père qui êtes aux Cieux,

Oh, de ton trône éternel, abaisse ton regard !

Père de l'Amour, ton Fils unique

T'implore pour les pécheurs, pour tes enfants,

Exauce ton Fils !

Hélas, nous sommes tombés très bas,

Nous avons lourdement péché;

Mais pour le salut de tous, de nous tous,

Le sang de ton Fils a coulé.

Le sang de l'agneau ne réclame pas la vengeance; II efface les péchés.

Père de l'Amour, accorde-nous ta grâce,

Exauce ton Fils !


  

 

   * Contraste total de caractère avec l’introduction avec un climat doux, paisible,  représentant la bonté exceptionnelle de ce Christ qui va jusqu’à excuser ses bourreaux de leur ignorance.

* Prépondérance d’un rythme de croches régulières surtout aux violoncelles

* Le thème principal n’est donné qu’au chœur (pas aux solistes), on le trouve au tout début et mes 42, lors de sa réexposition.

* Parmi les nombreuses modulations surprenantes, noter l’arrêt au point d’orgue mes 40 l’accord de ré bémol majeur, pour reprendre juste après en si bémol majeur. Ces deux tonalités sont assez éloignées

  

PAROLE N°2: «Fürwahr, ich sag es dir: Heute wirst du bei mir im Paradiese sein» 

                               En vérité je te le dis: aujourd’hui tu seras avec moi au paradis

  

Ganz Erbarmen, Gnad' und Liebe,

Bist du Mittler, Gotteslamm.

Kaum ruft jener reuig auf zu dir:

Wenn du kommest in dein Reich,

ach, so denke mein !

So versprichst du ihm voll Milde:

Heut’ wirst du bei mir im Paradiese sein

Herr und Gott! Blick auf uns !

Sieh an deines Kreuzes Fusse

Unsre wahre Reu' und Busse!

Sieh. o Vater. unsre Reue !

Gib uns auch zur letzten Stunde

Jenen Trost aus deinem Munde:Heut’ wirst du bei mir im Paradiese sein.

 

Tu es tout entier miséricorde, grâce et amour

Toi, l'intercesseur, l'agneau de Dieu.

A peine le pécheur repenti a-t-il crié vers toi:

Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne !

 

Tu lui promets alors avec plein de clémence:

Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis.

Seigneur et Dieu! Abaisse vers nous ton regard !

Vois au pied de ta croix

Nos sincères repentances et expiation.

Vois, ô Père, notre repentance!

Donne-nous aussi, à notre dernière heure,

Ce réconfort qui nous vient de ta bouche:

Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis.

            

  

* Si le bon larron (crucifié en même temps que Jésus) reconnaît sa faute et accepte sa peine, il ne comprend pas pourquoi Jésus, se réclamant être le roi des juifs, ne peut pas lui-même se sauver. Jésus lui annonce alors qu’il a gagné son paradis

 

               * L’ostinato des cordes en général (sauf violons I) installe une régularité rythmique

 

                * A noter l’alternance majeur mineur, mesure 21 par exemple où le thème passe de do mineur à mi bémol majeur correspondant à un texte passant de l’imploration (4 premières lignes) à la promesse du paradis, jusqu’à  Paradiese sein dans une lumineuse cadence en mi bémol majeur

 

* On retrouvera le mode mineur mesure 51 (voir transition mes 46 à 51) car le caractère implorant du texte revient («Nos sincères repentances… »)

 

* Un nouvel éclairage du même texte qu’au début est présenté en do majeur mesure 81, tonalité gardée jusqu’à la fin

 

 

   PAROLE N°3: «Frau, hier Siehe deinen, und du, siehe deine Mutter !» 

                              Femme, voici ton fils, Et toi, fils, voici ta mère!

 

Mutter Jesu, die du trostios weinend,

Seufzend bei dem Kreuze standst

Und die Qualen seines Leidens

In der Stund' des bittern Scheidens

Siebenfach in dir empfandst.

Kaum mehr fâhig, dich zu fassen,

Und doch standhaft und gelassen,

Nimmst als Sohn den treuen Jünger

Und mit ihm auch uns aïs Kinder an.

Mutter Jesu, o du Zuflucht aller Sünder,

Hôr das Flehen deiner Kinder.

0 du Zuflucht aller Sünder,

Steh uns bei im letzten Streit

Mutter voll der Zartilchkeit,

0 steh uns allen bei!

Wenn wir mit dem Tode ringen

Und aus dem beklemmten Herzen

Unsere Seutzer zu dir dringen,

LaB uns, Mutter, lass uns da nicht unterliegen !

Hilt uns dann den Feind besiegen.

Und steh uns bei im letzten Streit!

Wenn wir mit dem Tode ringen,

0 da zeige dich als Mutter

Und empfehl' uns deinem Sohn, o Mutter !

 

Mère de Jésus, pleurant, soupirant,

Eplorée près de la croix,

Ressentait sept fois plus fort

Les tourments de sa passion

A l'heure de l'arrière séparation.

Tout juste capable de contenir ta tristesse,

Et inébranlable et calme cependant,

Tu prends pour fils le disciple fidèle

Et avec lui, nous aussi, pour tes enfants.

Mère de Jésus, ô toi refuge de tous les pécheurs,

Entends les supplications de tes enfants.

Ô toi refuge de tous les pécheurs,

Assiste-nous dans notre dernier combat,

Mère pleine de tendresse,

Ô, secoure-nous tous !

Lorsque nous luttons avec la mort

Et que, de nos cœurs oppressés,

Montent vers toi nos soupirs,

Ne nous laisse pas. Mère, ne nous laisse pas succomber !

Aide-nous alors à vaincre l'ennemi.

Et assiste-nous dans le dernier combat !

Lorsque nous luttons avec la mort,

Ô, montre-toi alors comme une mère

Et recommande-nous à ton Fils, Ô Mère !


            

  

* Jésus, mourrant, présente à sa mère son disciple bien aimé St Jean qu’il charge de continuer sa mission après sa mort. Et à St Jean il présente sa mère en remplacement de lui-même.

 

     * Tonalité éloignée surprenante de mi majeur, tierce au dessus du do majeur de la fin du morceau précédent.

 

 * De caractère plutôt doux et paisible, noter néanmoins les chromatismes haletants et mystérieux mesure 86 et le magnifique crescendo juste après mesure 92 à 99 sur des paroles suppliantes: «nos cœurs oppressés» «ne nous laisse pas, Mère». Noter également le passage de l’unisson du chœur  «Wenn wir» nuance piano jusqu’à l’éclat fortissimo de la fin de la phrase mesure 99

 

  

PAROLE N°4: «Mein Gott, mein Gott, warum hast du mich verlassen ?» 

                               Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

 

Warum hast du mich verlassen ?

Wer sieht hier der Gottheit Spur ?

Wer kann fassen dies Geheimnis ?

0 Gott der Kratt und Macht,

0 Gott der Macht und Stärke

Wir sind deiner Hande Werke,

Und deine Lieb, o Herr, hat uns erlost.

0 Herr, wir danken dir von Herzen.

Unserwegen littst du Schmerzen,

Spott, Verlassung, Angst und Pein.

Herr, wer sollte dich nicht lieben,

Dich mit Sünden noch betrüben ?

Wer kann deine Huld verkennen ?

Nein, nichts soll uns von dir trennen,

Allhier und dort in Ewigkeit.

 

Pourquoi m'as-tu abandonné?

Qui voit là le signe de la divinité ?

Qui peut concevoir ce mystère ?

Ô Dieu de la force et de la puissance,

Ô Dieu de la puissance et de l'énergie

Nous sommes l'œuvre de tes mains,

Et ton amour, ô Seigneur, nous a sauvés.

Ô Seigneur, nous te remercions de tout cœur.

A cause de nous, tu as connu la souffrance,

La dérision, l'abandon, la peur et le tourment.

Seigneur, qui pourrait ne pas t’aimer,

T'affliger encore par ses péchés ?

Qui peut méconnaître ta clémence ?

Non, rien ne doit nous séparer de toi,

Ici et là-bas pour l'éternité.


             

 

* Jésus est en proie au doute: sentant sa fin proche, il se demande pourquoi son père l’a abandonné, c’est un moment crucial de la passion du Christ.

 

               * Alternance du thème principal présenté en mineur (fa mineur, mes 1) au début puis en majeur juste après (lab majeur mesure 15).

 

* Ce sentiment de doute et de désarroi est clairement mis en musique par l’importance accordée aux silences, notamment sur la dernière phrase «Alhier und dort in Ewigkeit» (ici et là bas pour l’éternité), dans laquelle le mot «Ewigkeit» (éternité) est mis en avant (mes 100 à fin).

 

   

DEUXIEME INTRODUCTION    Largo e cantabile

 

         

 

* Une deuxième introduction est placée ici, entre la 4e et la 5e parole, donnant une architecture en deux parties à toute l’oeuvre.

 

              * Cette page est dotée d’une curieuse instrumentation: 12 instruments à vents : 1 flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes en ut, 2 bassons, 1 contrebasson, 2 cors en ut et 2 trombones. Cette instrumentation est très rare chez Haydn. L’emploi très rare du contrebasson montre à quel point Haydn donne une importance à la tessiture grave dans ce morceau.

 

* Un caractère solennel et grave se dégage de cette pièce, dans le but certain d’apporter un moment de méditation dans l’œuvre. Ne pas oublier qu’il s’agit d’une musique non pas de concert mais de cérémonie.

 

* On remarquera que cette sévérité est marquée par une écriture très contrapuntique, aux mouvements très conjoints. Le dialogue du basson et des deux trombones mes 5 est éloquent à ce sujet.

 

* Absence de thème, et un certain nombre de points d’orgue renforcent le caractère méditatif de cette pièce

 

 

   PAROLE N°5: «Jesus rufet: Ach. mich dürstet !»  Jésus crie: ah, j'ai soif !

 

Hemmt nun die Rache,

stillt eure Wut !

Menschen, lasset Mitleid euch erweichen,

Ruft Erbarmung in das Herz!

Jesus rufet: Ach, mich dürstet!

lhm reicht man Wein, den man

mit Galle mischet.

So labt man ihn.

Kann Grausamkeit noch weiter gehen ?

Nun kann er nicht mehr fassen

den Schmerz, der Wohitun war.

Ach, im Durst vor seinem Ende

Reichet man ihm Galle dar !
 

Refoulez maintenant la vengeance,

Calmez votre colère !

Hommes, laissez la pitié vous attendrir,

Appelez la miséricorde dans votre cœur!

Jésus crie: Ah, j'ai soif!

On lui tend du vin

auquel est mêlé du fiel,

C'est ainsi qu'on le désaltère.

Est-il plus grande cruauté ?

Il ne peut plus maintenant contenir la

douleur qui était soulagement.

Ah, alors qu'il a soif juste avant de mourir

On lui tend du fiel !


* La Parole est donnée cette fois non pas par un chœur a capella mais par un soliste (ténor) accompagné des violons II et alto en pizzicato, d’une grande douceur: cette nudité orchestrale met en scène la solitude du Christ face à sa souffrance.

 

* Après un point d’orgue (mes 17), c’est avec un grand contraste que le chœur intervient avec vengeance et colère, sur un motif abrupt, dans une nuance fortissimo. Un motif aux contours surprenants car sans cesse modulants.

 

* Les solistes lancent un motif implorant en imitation «Hommes laissez la pitié vous attendrir»

 

* A noter le motif chromatique mesures 46 et suivantes en imitation aux solistes sur «Galle mischet»

 

 

   PAROLE N°6: «Es ist vollbracht»  Tout est accompli

 

Es ist vollbracht !

An das Opferholz geheftet,

Hanget Jesus in der Nacht

Und dann ruft er laut:

Es ist vollbracht.

Was uns jenes Holz geschadet,

Wird durch dieses gut gemacht.

Weh euch Bösen, weh euch

Blinden, weh euch allen,

Die ihr Sünden immer häuft auf

Sünden !

Menschen, denket nach !

Werdet ihr Erbarmung finden,

Wenn er kommt in seiner

Herrlichkeit und seiner Macht ?

Rett' uns, Mittler, vom Verderben !

Höre, Gottmensch, unser Schrein!

Lass dein Leiden und dein Sterben

Nicht an uns verloren sein.

Lass uns einst den Himmel erben

Und mit dir uns ewig freun
 

Tout est accompli !

Cloué à la croix du sacrifice,

Jésus est abandonné dans la nuit

II crie alors d'une voix forte:

Tout est accompli.

Tout le mal que ce bois-ci a pu nous faire

Est réparé par celui-là.

Malheur à vous, méchants,

Malheur à vous, aveugles,

Malheur à vous, tous, qui commettez sans cesse péché sur péché !

Hommes, réfléchissez!

Trouverez-vous de la miséricorde,

Lorsqu'il viendra

 dans sa magnificence et sa puissance ?

Préserve-nous, intercesseur, de la déchéance !

Entends, Homme-Dieu, nos cris !

Ne permets pas que tes souffrances et ta mort

Aient été vaines à cause de nous.

Laisse-nous un jour accéder au ciel

Et nous réjouir avec toi dans l'éternité.

 

* On retrouve le chœur a capella au début pour une intervention très courte: tout est fini. La brièveté de cette intervention insiste sur le sort implacable réservé au Christ. Cette parole est d’ailleurs la plus chargée en émotion et en gravité.

 

* Le début de la pièce est marqué par la gravité des paroles que l’on retrouve dans la musique par le caractère pesant de l’homorythmie du chœur. Une demi cadence (ré à l’unisson) fait intervenir la partie suivante d’un tout autre caractère.

 

* Brusque changement de caractère sur Was uns jenes Holz geschadet, lorsque pointe une lueur d’espoir. Modulation de sol mineur à sib majeur.

 

* Un passage extrêmement chargé en émotion de mes 46 à 72 sur « Ne permets pas que tes souffrances et ta mort Aient été vaines à cause de nous (…) Laisse-nous un jour accéder au ciel»   On remarque mes 61 entre altos et sopranos une dissonance criante do-réb, renforçant le figuralisme très présent.

 

 

PAROLE N°7: «Vater, in deine Hände empfehle ich meinen Geist»

                            Père, je remets mon esprit entre tes mains

 

In deine Hand', o Herr, empfehle

ich meinen Geist.

Nun steigt sein Leiden höher nicht,

Nun triumphiert er laut und spricht:

Nimm, Vater, meine Seele,

Dir empfehl' ich meinen Geist.

Und dann neigt er sein Haupt und stirbt

Vom ewigen Verderben

Hat uns sein Blut errettet

Aus Liebe fur uns Menschen, aus Liebe

Storb er den Tod der Sünder.

Du gabst uns neues Leben;

Was können wir dir geben?

Zu deinen FüBen liegen wir,

0 Jesu, tief gerührt;

Nimm unser Herz als Opter an!

In deine Hand', o Herr, empfehl'

ich meinen Geist
 

Entre tes mains, ô Seigneur,

 je remets mon esprit.

A présent ses souffrances n'augmentent plus,

A présent, il triomphe d'une voix forte et dit:

Prends, ô père, mon âme,

A toi je remets mon esprit.

Puis il incline la tête et il expire.

De la dépravation éternelle

Son sang nous a sauvés;

Par amour pour nous autres hommes, par amour,

II mourut la mort des pécheurs.

Tu nous as donné une nouvelle vie;

Que pouvons-nous te donner?

Nous sommes à tes pieds,

Ô Jésus, emplis d'une émotion profonde;

Accepte notre cœur en offrande!

Dans tes mains, ô Seigneur,

 je remets mon esprit.


* Le choeur à l’unisson entreprend sa dernière parole en mib majeur, tonalité éloignée du sol majeur de la fin de la précédente. La liberté quant au cheminement harmonique est totale quand on voit encore la phrase a capella s’achever en do majeur, ton lui aussi éloigné de mib majeur.

 

* C’est avec un caractère apaisé, sans heurts ni dissonances que se présente cette septième parole. Une certaine légèreté se dégage, mettant en évidence le passage de la vie au trépas avec grand apaisement

 

* Ce caractère tranquille est à considérer comme préludant au tremblement de terre à venir, il le met en valeur par son contraste.

 

 

IL TERREMOTO    (Das Erdbeben) Le tremblement de terre

 

Er ist nicht mehr.

Der Erde Tiefen schallen wider:

Er ist nicht mehr.

Erzittre, Golgotha, erzittre!

Er starb auf deinen Höhen.

0 Sonne, fleuch

Und leuchte diesem Tage nicht!

Zerreisse, Land, worauf die Mörder stehen.

lhr Gräber, tut euch auf,

ihr Vater, steigt ans Licht !

Das Erdreich, das euch bedeckt,

Ist ganz mit Blut befleckt.

II n'est  plus.

Des profondeurs de la terre retentit:

II n'est plus.

Tremble, Golgotha, tremble !

C'est sur tes hauteurs qu'il mourut.

Ô soleil, envole-toi

Et laisse ce Jour dans les ténèbres !

Ouvre-toi, terre, sous les pieds des assassins.

Et vous, tombeaux, ouvrez-vous,

Vous, nos pères, apparaissez à la lumière !

Le sol qui vous recouvre

Est tout entier en taché de sang.

 

* Il est décrit dans la bible qu’après la mort du Christ la terre se mit à trembler, et un chaos envahit la terre (voir dans le récitatif correspondant dans la Passion selon St Mathieu)

 

* Caractère violent, déchaîné, impressionnant, violent exprimé en musique par les nuances ff, la présence massive des cuivres (2 cors, 2 trompettes, 2 trombones)

 

* Le seul mouvement rapide de cette œuvre est placé à la fin, après 9 mouvements lents (7 paroles et deux introductions).

 

* Le chaos et la violence sont exprimés par une écriture en quasi unisson à tout l’orchestre et au choeur, mais surtout par des chocs rythmiques, lors de Sforzandos sur des temps faibles mesure 46 par exemple.

 

* Ces 7 paroles sont un oratorio, pas un opéra, malgré tout, une progression dramatique se fait sentir entre la mise à mort du christ au début, jusqu’à sa mort et le tremblement de terre qui s’en suit.

 

 

Sources:

 

La musique religieuse de Haydn, Marc Vignal, L'Analyse musicale n°55, Septembre 2007

Analyse et méditation, La musique religieuse de Haydn, Marc Vignal, L'Analyse musicale n°55, Septembre 2007

La musique religieuse de Haydn, Marc Vignal, L'Analyse musicale n°55, Septembre 2007

La musique religieuse de Haydn, Marc Vignal, L'Analyse musicale n°55, Septembre 2007

Joseph Haydn, Marc Vignal, Fayard, 1988

Présentation de Marie-Paule Deram, professeur d’Education musicale à Lille, Novembre 2007

Textes des sept paroles traduits de l’allemand par Christian Hinzelin