Ludwig von BEETHOVEN (1770-1827)

 

Sonate pour piano n° 21 Op.53 en do majeur  «Waldstein»  (1804)

 

1 - Allegro con brio

2 - Introduzione - Rondo

 

 

            Terminée en 1804, Beethoven devait renoncer à la faire publier à Leipzig la même année et attendre 1805 pour la faire accepter à Vienne, cette fois. Faisant partie des "grandes sonates", elle doit sa notoriété à sa grande richesse d'idées, à la mise en scène de climats tantôt mystérieux et généreux, et surtout à ses développements profondément inventifs. Publiée et placée juste après les deux sonates dites "faciles" n°19 et 20, elle s'en distingue justement par sa virtuosité et par l'exploration aventureuse du piano, constamment perfectionné à l'époque. Cette œuvre témoigne d'un art en constante évolution et progression: celle qui affirme un Beethoven tournant radicalement le dos au classicisme de la fin du XVIIIe en faisant faire un pas de géant à la création musicale. Sa dédicace "Waldstein" se rapporte au Comte Ferdinand von Waldstein ex-protecteur de Beethoven dans ses jeunes années à Bonn. On donne aussi le surnom "l'Aurore" à cette sonate, due à une fantaisie d'éditeur. Le premier mouvement, véritable chef d’œuvre d’architecture, présente les deux thèmes de manière originale, non pas l’un après l’autre, mais le deuxième après une double exposition du premier. Il débute par des tierces répétées pianissimo très dynamiques auxquelles répondent un petit motif descendant dans l’aigu. Cette idée est le premier thème, de facture assez originale puisqu’il n’est pas à proprement parler une mélodie. Le second thème, lui est tout à fait opposé au premier: des accords posés, stables et lumineux, suivis d’une petite variation. Le développement est extrêmement riche, subit des modulations très variées. Une courte Introduzione (Adagio molto) sépare le premier mouvement du deuxième, faisant office de mouvement lent. Quant au refrain du Rondo final, il est un aimable thème pastoral qui nous rapporte la sérénité de la tonalité claire et simple de do majeur. Cette calme sérénité est abondamment malmenée par les couplets extrêmement inventifs et remplis de rebondissements. La structure rondo permet une forme de développement différente du premier mouvement, mais non moins riche: chacun des couplets est un développement à lui tout seul. Il illustre un trait essentiel de Beethoven: son acharnement à exploiter une idée au maximum.