Alban Berg (1885-1935)

 

4 pièces pour clarinette et piano Op.5  (1913)

 

      La présence d’une clarinette et d’un piano évoque irrésistiblement la musique de chambre romantique et Brahms en particulier, dont les viennois de la seconde génération se plaisent à rappeler qu’il les a beaucoup influencés. Parmi ceux-ci, Alban Berg, le moins radical dans ses choix révolutionnaires et encore inconnu, compose en 1913 ces miniatures pour clarinette, dans la même lignée et contemporaines des 6 pièces Op.19 de Schönberg (dédicataire de cet Op.5) ou des pièces pour violon et piano Op.7 de Webern. Leur point commun est avant tout la brièveté, mais aussi leurs nuances extrêmes (jusqu’à pppp), leurs lenteurs extrêmes aussi, leurs brusques et furtifs éclats, obsédées par le «non-événement» et l’absence évidente de développement: «d’un geste amorcé dont on sent qu’il pourrait se continuer, se diffuser, se multiplier. (...) ces pièces nous laissent soupçonner des prolongements non exprimés, au delà de l’écriture réelle, fermée.» (Boulez).