Gustav Mahler (1860-1911)

 

Quartettsatz pour piano, violon, alto et violoncelle (1876)

 

        Ce mouvement de quatuor, que le reste de l’œuvre ait été composé puis perdu ou jamais composé, est, à n’en pas douter, d’une richesse d’invention tout à fait remarquable. Elle est le fruit du travail d’un adolescent de 16 ans, dont il s’est sans doute servi pour obtenir son premier prix de composition obtenu le premier juillet 1876. Œuvre d’autant plus intéressante qu’elle est la seule œuvre de chambre du compositeur, connu pour ses imposantes symphonies et cycles de lieder avec orchestre. C’est bien un genre «d’école» auquel s’essaie avec succès le jeune Malher, dévoilant les ressources d’un extraordinaire artiste. Le 12 septembre 1876, il donne un concert au cours duquel il jouera entre autres la Wanderer-Fantaisie de Schubert, une ballade de Chopin et un quatuor pour piano, deux violons et alto. Les inexactitudes du programme laissent penser qu’il s’agissait en fait du quatuor en la mineur. Reste à savoir s’il s’agissait d’un mouvement de quatuor ou d’un quatuor entier, la question reste ouverte. Son écriture, sombre et dense, se rapproche d’un Brahms mouvementé, alternant mystère et passages plus chaleureux. Si la forme sonate est respectée, le déroulement tonal inhérent est tout à fait libre: le second thème est en fa majeur puis module en fa# mineur et la majeur. Le mouvement s’achève sur une cadence du violon très expressive.