Olivier Messiaen (1908-1992)

 

Le Merle noir   (1951)

 

        Parmi les diverses sources d'inspiration de Messiaen figurent au tout premier plan les chants d'oiseaux; l'image, presque d'Epinal, d'un Messiaen parcourant la nature en transcrivant ceux-ci sur son carnet de notes est désormais familière. Dix ans après le Quatuor pour la fin du Temps et trois ans après sa grandiose Turangalila-Symphonie, Messiaen n'a, à cette date (1951) par encore composé ses œuvres majeures inspirées par les oiseaux: les Oiseaux exotiques,  le Catalogue d'Oiseaux, ou les Couleurs de la Cité céleste datent respectivement de 1956, 1960 et de 1963. C'est ainsi que dans la musique contemporaine d'après guerre, la nature a pu inspirer une certaine esthétique éloignée de toutes les tendances formelles, académiques ou expérimentales des "chercheurs".

 

         Ecrite à l'occasion d'un concours pour flûte du Conservatoire de Paris, cette petite page est un véritable poème musical: un oiseau solitaire s'adresse à une forêt imaginaire. D'un point de vue instrumental, le piano s'en tient au rôle secondaire d'accompagnateur, laissant naturellement à "l'oiseau" la part belle. Ne perdant pas de vue les exigences académiques, Messiaen observe un grand contraste de phrasés, de rythmes, d'attaques qui font toute la saveur de l’œuvre. Des passages de flûte solo aux rythmes très libres alternent avec des moments calmes, des lignes mélodiques disjointes et très chantantes. D'une grande virtuosité, la pièce se termine par un crépitement ininterrompu de petites notes aiguës.