W.A Mozart  (1756-1791)

 

Divertimento pour trio à cordes en mib majeur  K.563      (1788)

 

Allegro – Adagio – Menuetto/Allegro – Andante – Menuetto/Allegro - Allegro

 

 

         Mozart ne fut pas un compositeur révolutionnaire au sens beethovénien du terme mais porta le classicisme à un degré de génie extraordinaire. Ce superbe trio concentre à lui seul un parfait équilibre entre les instruments, entre les mouvements, une invention mélodique sublime et une économie de moyens remarquable. Parmi la nombreuse œuvre de chambre de Mozart, on peut sans hésitation classer celle-ci parmi les plus belles. L'année de composition, 1788, verra l'éclosion d'autres chefs d’œuvres, dans un contexte matériel de plus en plus précaire: outre le Don Giovanni de l'année précendente, on trouve les dernières symphonies, l'Adagio en si mineur pour piano, le concerto du Couronnement, les trois derniers trios pour piano et cordes...

 

        Il est extraordinaire de voir que si peu d'instruments -trois-, puissent donner une sonorité de quatuor voire de quintette à cordes. Du point de vue formel, il s'agit bien d'un Divertimento, genre classique s'il en est, hérité de l'ancienne suite de danses. Ces dernières ne constituent plus qu'un prétexte à écrire des pièces au caractère varié, il n'est évidemment plus question ici de chorégraphie. Un Allegro  installe la tonalité maçonnique de mi bémol majeur en un arpège sotto voce. De pure forme sonate, ce mouvement au développement très modulant (on passe de sib majeur à sol majeur, do# majeur, ré majeur, si bémol majeur, fa majeur...), à l'écriture parfois imitative, alterne les motifs d'un registre à l'autre de manière très équilibrée. Vient ensuite le sublime Adagio, écrit dans la chaude tonalité de la bémol majeur. Ecrit sur deux parties, c'est le violon qui garde la partie principale, ce qui est plutôt normal pour un mouvement lent habituellement très chantant; mais cela n'occulte aucunement la profondeur chaleureuse du violoncelle et de l'alto. On quitte la sérénité de ce mouvement pour un Menuetto guilleret se développant sur un arpège énergique. Un trio plus intime donne aux trois instruments un petit motif aux contours conjoints contrastant avec les vigoureux arpèges du menuet. Un Andante en si bémol fait office de thème et variations. Celles-ci sont intégrées au mouvement, et aucune indication explicite ne les mentionne. Il s'agit en fait de mini-variations puisque les différentes écritures choisies ne le sont que pour des sections du thème principal. Tour à tour, le violon et l'alto prennent la parole, laissant au violoncelle au rôle plus discret. une inévitable variation Minore assombrit la pièce, d'une écriture polyphonique dense et conférant pour cette fois une égalité entre les trois instruments. Une brillante variation Maggiore conclut la pièce en laissant le soin à l'alto de ne chanter plus que l'essentiel du thème, sans notes étrangères, pendant que le violon et le violoncelle l'entourent de leurs fioritures tournoyantes. Il ne reste qu'une petite coda très courte nous ramenant à l'Andante initial pour achever le mouvement pianissimo. Un second Menuetto-Allegretto  certainement le plus proche d'un réel mouvement de danse, les deux trios proposent deux pas différents. Le jeu de répétitions, des reprises et des alternances propre aux mouvements de danse est ici, d'une indéniable grâce. Il ne reste plus qu'un Allegro final de rythme ternaire (de rigueur dans les suites) aux accents pastoraux et champêtres qui n'est sans doute pas si loin du dernier mouvement de la symphonie pastorale de Beethoven. Ce dernier mouvement est en fait un rondo comportant deux thèmes, laissant au violon le soin de briller de ses arpèges fiévreux et fiers.