Arnold Schönberg (1874-1951)

 

Kammersinfonie n°1 en mi majeur Op.9. Transcription pour piano à 4 mains   (1906)

 

             En 1906, alors dans sa période "pré-atonale", Schönberg termine sa première symphonie de chambre (Op.9) et en ébauche une deuxième dont l'aboutissement sera long à atteindre: elle ne sera achevée à Los Angeles qu'en 1939. Cette œuvre fut promise à un certain succès: de 15 instruments à l’origine, elle fut transcrite par Schönberg lui-même pour grand orchestre, puis par Alban Berg, son disciple, pour piano à 4 mains. Schönberg est sur le point de franchir le pas vers l’atonalité absolue, sans s’y résoudre toutefois, en restant fidèle à un style expressionniste et tonal, dans la lignée de la Nuit transfigurée. Le pôle de mi majeur reste une façade et un repère de circonstance: le cheminement harmonique est extrêmement instable et déroutant: les accords en quartes superposées, annoncées dès le début par les cors  (Scriabine s’y essaya aussi) commencent à saper un système tonal vieux de près de quatre siècles. Ces quartes «jaillissent d’un besoin expressif, viennent former un thème de cor solidement construit; ces quartes se répandent à travers l’œuvre entière de façon architecturale... Ainsi elles n’apparaissent pas seulement en tant que mélodie ou simple effet d’accord impressionniste, mais leur caractère particulier pénètre la structure harmonique tout entière: ce sont des accords comme les autres.» Schönberg, Traité d’harmonie. Par ailleurs, le déroulement formel se révèle d’un classicisme que vient ‘moderniser’ le regroupement des quatre mouvements traditionnels en un seul tenant: une première partie de style «premier mouvement de sonate» avec ses expositions et réexpositions, puis une partie «scherzo» avec trio central, un retour à des éléments de la première partie, un mouvement lent adagio et un final hybride et brillant reprenant des thèmes de l’adagio et de la première partie.