Franz SCHUBERT (1797-1828)

 

Drei Klavierstücke D.946 (1828)

 

 1-  Allegro assai  – Andante –Tempo I

2-  Allegretto

3-  Allegro

 

         Précédant de peu les trois sublimes dernières sonates pour piano, ces trois pièces isolées publiées tardivement par Brahms en 1868 sont écrites près de six mois avant la mort du compositeur. Elles devaient former le troisième cycle d’impromptus après l’Op.90 et 142, ce qui est tout à fait compréhensible à la lumière de leur caractère et de leur forme.

 

         La première pièce, semble-t-il composée en dernier. Rappelant l’écriture du trio de la quatrième sonate pour piano de Beethoven (1796), sa première partie (sur trois), en mi bémol mineur est d’une sombre et haletante expression, puis se réexpose en mi bémol majeur, cette fois. S’en suit la partie centrale en si majeur (Andante), diamétralement opposée à la première par son calme, sa libre improvisation et sa tonalité. Enfin retour de la première partie, utilisant là une forme ABA très courante, surtout chez Schubert (dans les mouvements lents: sonate en la majeur D.959, quintette à deux violoncelles en do majeur D.956 ou dans les impromptus: n°2 et n°4 Op.90, n°2 Op.142...), représentant le miroir de l’âme romantique de Schubert: l’opposition de caractères opposés: tragique/heureux, agité/paisible, majeur/mineur, etc... La deuxième pièce, sans doute la plus belle des trois est quant à elle aussi construite en un refrain  et deux couplets. Le refrain est une aimable et paisible berceuse en mi bémol majeur très chantante. Pour peu que l’on connaisse un peu la musique de Schubert, on se doute que ce genre de caractère si doux soit-il annonce un épisode orageux et tragique, c’est en effet le cas ici: une transition en do mineur nous amène  trémolos, grondements agités et modulations dans des tons éloignés. On retrouve le paisible refrain avant d’aborder une magnifique partie en la bémol mineur évoquant la partie centrale de l’impromptu n°4 Op.90 avec sa mélodie haletante et plaintive se détachant d’un accompagnement en accords répétés. La pièce s’achève avec le retour du refrain. Enfin le dernier Allegro en do majeur, brillant et vigoureux possède une partie centrale calme en ré bémol majeur écrite sur un rythme obstiné (deux blanches deux noires) relevant presque de l’improvisation. Après retour de la première partie, une coda virtuose et éclatante termine le cycle.